LE DEUIL DES NEVONS
Un pas de jeune fille
A caressé l'allée,
A traversé la grille.
Dans le parc des Névons
Les sauterelles dorment.
Gelée blanche et grêlons
Introduisent l'automne.
C'est le vent qui décide
Si les feuilles seront
A terre avant les nids.
Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie,
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
(début du poème "Commune présence")
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
REDONNEZ-LEUR ...
Redonnez-leur ce qui n'est plus présent en eux,
Ils reverront le grain de la moisson s'enfermer dans l'épi et s'agiter sur l'herbe.
Apprenez-leur, de la chute à l'essor, les douze mois de leur visage,
Ils chériront le vide de leur coeur jusqu'au désir suivant ;
Car rien ne fait naufrage ou ne se plait aux cendres ;
Et qui sait voir la terre aboutir à des fruits,
Point ne l'émeut l'échec quoiqu'il ait tout perdu.
Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.
Il n'y a pas d'ombre maligne sur la barque chavirée.
Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.
(extrait du poème "Qu'il vive !")
Le loriot
3 septembre 1939
Le loriot entra dans la capitale de l'aube.
L'épée de son chant ferma le lit triste.
Tout à jamais prit fin.
(p.17)
« L’Adolescent souffleté »
Les mêmes coups qui l’envoyaient au sol le lançaient en même temps loin devant sa vie, vers les futures années où, quand il saignerait, ce ne serait plus à cause de l’iniquité d’un seul. Tel l’arbuste que réconfortent ses racines et qui presse ses rameaux meurtris vers son fût résistant, il descendait ensuite à reculons dans le mutisme de ce savoir et dans son innocence. Enfin il s’échappait, s’enfuyait et devenait souverainement heureux. Il atteignait la prairie et la barrière des roseaux dont il cajolait la vase et percevait le sec frémissement. Il semblait que ce que la terre avait produit de plus noble et de plus persévérant, l’avait, en compensation, adopté.
Il recommencerait ainsi jusqu’au moment où, la nécessité de rompre disparue, il se tiendrait droit et attentif parmi les hommes, à la fois plus vulnérable et plus fort.
Joie
Comme tendrement rit la terre quand la neige s'éveille en elle ! Jour sur jour, gisante embrassée, elle pleure et rit. Le feu qui la fuyait l'épouse, à peine a disparu la neige.
JOUVENCE DES NEVONS
Dans le parc des Névons
Ceinturé de prairies,
Un ruisseau sans talus,
Un enfant sans ami
Nuancent leur tristesse
Et vivent mieux ainsi.
Dans le parc des Névons
Un rebelle s'est joint
Au ruisseau, à l'enfant,
A leur mirage enfin.
Dans le parc des Névons
Mortel serait l'été
Sans la voix d'un grillon
Qui, par instant, se tait.
Pour qu'une forêt soit superbe
Il lui faut l'âge et l'infini
Ne mourez pas trop vite, amis
Du casse-croûte sous la grêle
Sapins qui couchez dans nos lits
Eternisez nos pas sur l'herbe