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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le couple mythique formé par Sylvin et Maria Rubinstein, dans les années 30,en Europe Centrale, fascine Lukas, qui danse merveilleusement le flamenco lui aussi. Lukas, dont l'identité est trouble, rencontre de nos jours Iva sur la scène où Sylvin se produisait , habillé en femme.
Poussés par leur passion pour la danse, Lukas et Iva voyagent au gré de leurs rencontres en Europe. Leur flamenco magnifique enflamme le public mais suscite aussi violence et intolérance.
Un roman splendide qui fait voyager son lecteur dans le temps , et dans l'espace, et qui nous mène jusqu'à l'Andalousie.
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Hambourg, 2017. Des manifestations éclatent en marge du G20. Au petit matin, un photographe de presse capture l'image de deux jeunes gens qui dansent, hors du monde, dans la brume. Les danseurs de l'aube vont devenir des icônes dans le monde entier. Sans le savoir, ils vont incarner la lutte pour la liberté.
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Lukas et Iva viennent de se rencontrer, et ils se savent déjà liés à jamais par leur danse. Leur flamenco les entraîne dans toutes l'Europe. Ils deviennent Imperio et Dolores, nom de scène d'un couple de jumeaux, grands danseurs des années 30.
En parallèle, on découvre l'histoire de Silvin et Maria Rubinstein, qui ont fuit la révolution russe en 1917, conquis les scènes européennes et new-yorkaises, puis se sont heurtés au nazisme.
Ces jumeaux, prodiges du flamenco ont vraiment existé. Lui continuera à danser, travesti pour faire vivre sa soeur éternellement, et restera une figure emblématique des nuits de Hambourg.
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J'ai beaucoup aimé ce roman, à l'écriture poétique et majestueuse. J'ai un peu moins accroché la partie contemporaine, mais l'histoire d'Imperio et Dolores m'a fascinée.
Les mots rendent chaque flamenco vivant et vibrant, même sans le connaître. Et l'histoire de Silvin est finalement pareille à la définition du duende : "cette mystique du corps plongeant dans les concrétions de l'existence, brûlante et douce, puisant dans la douleur pour créer le sublime car le duende ne s'épanouit que lorsque la vie rencontre la mort, à l'endroit précis où les deux entrent en lutte."
C'est le premier roman de Marie Charrel que je lis, ce n'est sûrement pas le dernier !
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Merci à babelio.com et aux éditions du Livre de Poche pour l'envoi de “Les danseurs de l'aube” de Marie Charrel. La Masse Critique Littératures de janvier 2023 m'a donné l'occasion de découvrir l'insaisissable Sylvin Rubinstein.

Dans les années 1930, le danseur de flamenco a virevolté avec sa soeur jumelle sur les plus grandes scènes d'Europe. Son apparence ne permettait pas de savoir clairement à quel sexe il appartenait. Toutefois c'est en réaction à la mort de Maria déportée à Treblinka, qu'il se déguisait en femme. Inconsolable, il se vengeait en participant à diverses actions de sabotage. Il préparait des attentats dans le seul but de tuer des nazis. C'est bien que l'auteure et journaliste française place ce résistant hors du commun, au centre de l'intrigue.

Un siècle plus tard, l'histoire se répète… À Hambourg en 2017, Lukas suit les traces de Sylvin. le jeune homme se cherche... le duo de danse qu'il forme avec son amie Iva, suscite autant l'admiration que la jalousie des autres. Comme l'artiste qu'il vénère, il faudra fuir et résister à toutes les formes d'oppression.

Marie Charrel sait comment écrire l'art le plus célèbre d'Espagne. Elle exprime les sentiments profonds de l'être humain. Ses mots sont émouvants et toujours brûlants, pareils au chant qui accompagne la danse flamenca.
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“Débrouille-toi toute seule, ruse.”

Lors d'une manifestation contre le G20, à Hambourg. Ville essuyant les scènes d'une quasi guerre-civile, pendant que Merkel, Lagarde et les autres leaders, une photographie va faire le tour du web : la photo des danseurs de l'aube :

Imperio et Dolores, deux jeunes dansants à l'aube dans la brume des fumigènes, quartier de Schanzenviertel, manifestation contre le G20.

Qui sont-ils ? Deux êtres exaltés, se touchant, se dévoilant, deux être si solitaires encore surpris par leur rencontre inédite.

Nous suivons d'abord le jeune Lukas, vivant un trouble identitaire depuis sa tendre enfance, il est passionné par le flamenco et le danse divinement. Quand il débarque à Hambourg, il marche sur les pas de Sylvin Rubinstein à qui il voue une admiration sans limite, il s'imprègne de son existence, de ses exils, c'était un prodige du flamenco, un juif, un résistant, un personnage réel, qui a une histoire incroyable!

À Hambourg, Lukas rencontre Iva alors qu'elle était entrain de danser, cette jeune-fille Rom qui vient d'être abandonnée par sa mère.

La fusion de ces deux êtres épris par leur art, ils vont sillonner l'Europe, y danser, partout. 

Deux époques en parallèle, les années 1930 et la seconde guerre mondiale et le 21ème siècle et son capitalisme, le racisme.

L'ambivalence et tout ce qui émane d'elle à l'intérieur de soi et ce qu'elle suscite à l'extérieur de communicatif, et ce lot d'âpreté.

Des danseurs épris de liberté, prêts à se battre contre toutes les sortes d'oppression, et aussi pour trouver le centre de leurs propres corps, peut-être pour se hisser fièrement devant leurs choix identitaires, leurs libertés ?
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« Pour chercher le duende, il n'existe ni carte ni ascèse. On sait seulement qu'il brûle le sang comme une pommade d'éclats de verre, qu'il épuise, qu'il rejette toute la douce géométrie apprise, qu'il brise les styles, qu'il s'appuie sur la douleur humaine qui n'a pas de consolation. »
[ Jeu et théorie du duende de Federico Garcia Lorca ]

Le flamenco s'appuie et s'enrichit sur ce duende qu'évoque ici Federico Garcia Lorca. J'ai adoré cette citation qui introduit ce roman en préambule, presque comme un incipit. Car venir à la rencontre de l'univers du flamenco, c'est aussi cerner le mystérieux pouvoir du duende, impossible à le définir avec des mots, sauf à le vivre...
Les danseurs de l'aube est un étrange roman turbulent, étourdissant, où l'auteure, Marie Charrel, a posé sa trame narrative à partir de l'histoire vraie de Sylvin Rubinstein, danseur juif de flamenco, résistant farouche contre les nazis durant la seconde guerre mondiale, puis égérie des cabarets du nord de l'Allemagne d'après-guerre.
Mais on ne peut parler de Sylvin Rubinstein et de sa fascinante destinée, sans parler de sa soeur jumelle Maria, son alter ego, son double ; ils venaient tous deux d'un shtetl d'Europe centrale et rêvait de danser le flamenco jusqu'au bord du monde...
L'originalité du roman est cette histoire qu'a inventée Marie Charrel pour la mettre en résonnance avec celle de Sylvin et Maria Rubinstein, venus de cette Europe qui sera bientôt à feu et à sang, comme un écho d'un passé pas forcément si lointain ni différent que cela du présent...
Entrent alors dans la danse, - si j'ose dire, Lukas jeune homme à l'identité trouble et la sulfureuse Iva sur la même scène où justement Sylvin et Maria dansaient presque un siècle plut tôt... Ils partagent eux aussi de manière fusionnelle l'art du flamenco, un flamenco incandescent et métissé dont le tourbillon est comme une mèche prête à embraser le ciel et la terre.
Ils sont à Hambourg, dans les coulisses alternatives du G20 de 2017 parmi ceux qui protestent contre ceux qu'on désigne comme étant les « grands » de la planète. Leur flamenco comme cela presque improvisé parmi les manifestants sur une grande place de Hambourg devient brusquement comme un cri, un cri de rébellion, un cri de ralliement, ils dansent, ils ne font plus qu'un, quelqu'un immortalise cette flamme, ces deux atomes en fusion, et cette photo fera aussitôt le tour du monde...
Ils vont devenir Imperio et Dolores.
D'un chapitre à l'autre, Marie Charrel nous invite à tanguer entre deux rives de l'Histoire qui ne sont pas si éloignées que cela. Je ne parle pas de ce presque siècle qui les sépare. L'auteure nous donne à voir ici un subtil effet miroir dont la trame se construit autour du flamenco, du moins cela est le prétexte initial...
Ces deux couples qui se ploient et se déploient à près d'un siècle de distance sont en effet animés par la même ferveur.
Mais le flamenco, qui transcende leurs rêves et leurs douleurs, leurs espoirs aussi, est un prétexte pour dire autre chose.
Marie Charrel a inventé deux personnages contemporains qui sont eux aussi à leur manière des proscrits par leur différence. Puisque Iva est Rom venant de Hongrie, fuyant la violence des brutes patibulaires qui veulent interdire l'accès aux logements sociaux des personnes de la communauté à laquelle appartient Iva et sa famille. Puisque Lukas est un garçon non binaire et que cela déplaît parfois aux mêmes personnes qui détestent qu'on ne leur ressemble pas...
Le bruit des bottes noires a-t-il changé en un siècle ? La barbarie a-t-elle changé de visage ?
En dansant, Iva et Lukas ont l'impression d'appartenir encore au monde, ont l'impression de se sentir libres, tout comme le pensaient et le vivaient Maria et Sylvin Rubinstein...
Ici danser, et qui plus est danser le flamenco, est vécu comme un acte transcendant, un geste politique... Nous traversons ce siècle de bruits et de fureurs où des pans de l'Europe s'écroulent, la révolution russe, la montée du nazisme, le ghetto de Varsovie, l'après-guerre, le régime soviétique, le tumulte des Balkans, l'effondrement du régime soviétique, le capitalisme financier...
Iva et Lukas eux aussi traversent l'Europe : Riga, Varsovie, Berlin, Budapest, Paris, Londres, Lisbonne, autant de destinations où ils enflamment les passions, poussant leurs corps jusqu'à l'extrême.
Ils dansent pour terrasser la peur, la leur, mais celle des autres aussi...
Ils sont rebelles et invitent tous les coeurs épris de liberté, à se lever contre les hommes en noir.
N'y a-t-il pas de meilleure manière de se révolter, de dire non à la barbarie humaine, qu'en venant danser sur le brasier du monde ?
Parfois ils se demandent si la fin du monde ne ressemblerait pas justement à cela.
J'ai aimé ce texte écrit d'une plume frénétique. C'est comme si nous dansions avec eux sur une poudrière prête à exploser. Quand je dis « eux », c'est autant Sylvin et Maria qu'Iva et Lukas...
Marie Charrel explore de jolis thèmes comme l'altérité, la différence, l'alchimie des corps mais aussi des âmes, les belles dualités qui nous déchirent parfois entre ces instants féériques et l'horreur brutale de la vie.
Je ressors de ce texte à la fois ébloui par la très belle écriture de Marie Charrel, cette puissance narrative, mais aussi un peu frustré par une émotion que je n'ai pas ressentie suffisamment pour être en totale empathie avec chacun des personnages.
Il y a de la grâce, de la vie, une intelligence vive dans ce roman.
Je guettais le récit qui a captivé mon attention sur des thèmes historiques et géopolitiques très forts qui ont touché ma vie personnelle. D'un côté il y a la seconde guerre mondiale durant laquelle ma mère perdit son fiancé fusillé par la Gestapo et dont l'événement fut un long et douloureux retentissement durant les générations qui suivirent.
De l'autre, il y a cette Europe centrale que j'ai découverte par l'histoire de ma belle-famille ukrainienne, aujourd'hui effroyablement inquiète de ce qui peut se passer d'un jour à l'autre, face au risque d'invasion russe... L'Histoire n'est qu'un éternel recommencement... Nos histoires aussi, celles que nous lisons, racontons...
Cependant, en vous écrivant, je sens que cela réveille des choses en moi, alors peut-être que l'effet se fait comme une très longue onde de choc... Il fallait donc que j'écrive ce billet.
Sur ce thème de la différence qui est traité avec beaucoup de sensibilité, là aussi je ne suis pas totalement parvenu à traverser le miroir. Je ne sais pas pourquoi. Ce sont pourtant des sujets sociétaux qui ne me laissent pas indifférents.
L'approche romanesque est-elle la meilleure manière de les aborder ?
Je vous encourage cependant à lire ce roman virevoltant par son écriture et sa narration, afin que nous puissions confronter notre duende, telle que la définissait Federico Garcia Lorca, autre figure martyre de la barbarie humaine...
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****

Quelques années les séparent. Ou quelques nuits… Pour l'un comme pour l'autre, c'est une fois que le jour se couche, une fois que la lune brille, que leur âme se révèle. Lukas est un jeune garçon, passionné de danse, qui cherche sa place. Quand il découvre la vie de Sylvin et Maria Rubistein, des jumeaux qui ont vécus une aventure folle dans les années 30, il décide de partir sur leur trace. Lukas veut vivre, sentir, partager leur amour pour le flamenco. Il veut puiser dans leur force pour enfin trouver qui il est…

Le roman de Marie Charrel m'a littéralement transporté. L'histoire de Sylvin et Lukas m'a emmenée dans un périple à la fois doux, joyeux, rythmé par les pas de danse, mais également dans un voyage plus sombre, plus froid, plus injuste, attristée par la haine de l'autre et cette volonté d'anéantissement.

Tout au long de l'histoire, la vie de Sylvin et Maria vient éclairer celle de Lukas et Iva. Au cours d'époques différentes, leur rêve de liberté se parle et se répond. Chacun à sa manière, trouvé dans le flamenco, la force, le courage, l'envie d'être soi. Cette musique dans le coeur, qui ne les quitte jamais, les maintient debout.

Marie Charrel a trouvé les mots justes pour nous faire partager cet élan de vie, cette volonté de se battre, cette énergie et cette foi en leur rêve.
Dans un pays en guerre, poussé par la peur et la vengeance, ou dans notre monde si flou et brumeux, où la différence n'est que haine et violence, la danse les unit… C'est beau, tendre et émouvant… C'est l'espoir fou qu'un jour, chacun entendra cette petite musique dans le coeur, et que notre histoire s'apaisera en l'écoutant…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Quelle expérience !

Lire "Les Danseurs de l'Aube" ressemblait à un ballet de sensations, de vertiges entre les dates, les affres de la guerre et les échos d'une révolution en marche.
Découvrir "Les Danseurs de l'Aube" consistait à parcourir l'Europe avec nos chers héros, en suivant les pas de danses rythmés de leur flamenco et en se laissant emporter par le rythme inépuisable de ce roman.

Marie Charrel réussit ici, non seulement à nous emporter dans des torrents méphistophéliques, toujours plus brûlants les uns que les autres, grâce à Lukas et Iva, mais aussi à nous surprendre et à attiser le besoin, l'envie de révolte qui sommeille chez le lecteur grâce à sa recherche sur le grand Silvin Rubinstein. Voilà un personnage historique dont j"ignorais tout, et dont désormais, je veux tout savoir.

"Les Danseurs de l'Aube" demeure un appel à la résistance, à la révolte face à la tyrannie des puissants, à l'étouffement de la liberté d'expression. Un appel à manifester en dansant, dès l'aube, dans les cendres de nos vies.
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Je pense qu'il faudrait une petite note introductive à ce roman, qui dirait de regarder d'abord un couple de danseurs danser le flamenco. le flamenco (et ses codes) est le fil conducteur de ce livre qui se veut un parallèle entre un jeune couple de 2017 et un couple de jumeaux de l'avant-deuxième guerre mondiale.

J'ai beaucoup aimé ce récit, l'auteur nous raconte très bien la recherche vitale, le souffle que les danseurs recherchent pour sublimer leur art et donner de la puissance à leur interprétation sur scène.

Et pourtant, je n'ai pas réussi à entrer dans les émotions des danseurs, comme si le style me laissait spectatrice.

Un roman qui nous embarque dans un autre monde sur fond de combat pour survivre.
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Roman lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Var 2021

Ayant déjà lu les deux romans précédents de Marie Charrel, « Je suis ici pour vaincre » et « Une nuit avec Jean Seberg », je sais que cette autrice aime mêler des évènements ou des personnages ayant existé à de la fiction.

Le présent roman est également construit de cette façon. le lecteur découvre d'une part la vie hors du commun des jumeaux Sylvin et Maria Rubinstein, de talentueux danseurs de flamenco, rattrapés par les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale.

Dans le même temps, on suit la quête d'identité du jeune Lukas dans le Hambourg de 2017. le jeune homme, d'aspect gracile, est incapable de se définir de manière genrée. Il ne trouve de réconfort que lorsqu'il danse le flamenco.

Sa rencontre avec une réfugiée roumaine Iva, leur passion commune pour cette danse, va changer sa vie. Ensemble, ils affronteront la violence du monde, comme presque 100 ans auparavant Sylvin et Maria.

La lecture de ce roman fut intéressante par les aspects traitant de l'Histoire et les affres de notre monde actuel.

Mais je n'ai pas vraiment ressenti d'empathie pour les deux personnages de fiction.

« Les danseurs de l'aube » reste toutefois un livre à découvrir.

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