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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Pour chercher le duende, il n'existe ni carte ni ascèse. On sait seulement qu'il brûle le sang comme une pommade d'éclats de verre, qu'il épuise, qu'il rejette toute la douce géométrie apprise, qu'il brise les styles, qu'il s'appuie sur la douleur humaine qui n'a pas de consolation. »
[ Jeu et théorie du duende de Federico Garcia Lorca ]

Le flamenco s'appuie et s'enrichit sur ce duende qu'évoque ici Federico Garcia Lorca. J'ai adoré cette citation qui introduit ce roman en préambule, presque comme un incipit. Car venir à la rencontre de l'univers du flamenco, c'est aussi cerner le mystérieux pouvoir du duende, impossible à le définir avec des mots, sauf à le vivre...
Les danseurs de l'aube est un étrange roman turbulent, étourdissant, où l'auteure, Marie Charrel, a posé sa trame narrative à partir de l'histoire vraie de Sylvin Rubinstein, danseur juif de flamenco, résistant farouche contre les nazis durant la seconde guerre mondiale, puis égérie des cabarets du nord de l'Allemagne d'après-guerre.
Mais on ne peut parler de Sylvin Rubinstein et de sa fascinante destinée, sans parler de sa soeur jumelle Maria, son alter ego, son double ; ils venaient tous deux d'un shtetl d'Europe centrale et rêvait de danser le flamenco jusqu'au bord du monde...
L'originalité du roman est cette histoire qu'a inventée Marie Charrel pour la mettre en résonnance avec celle de Sylvin et Maria Rubinstein, venus de cette Europe qui sera bientôt à feu et à sang, comme un écho d'un passé pas forcément si lointain ni différent que cela du présent...
Entrent alors dans la danse, - si j'ose dire, Lukas jeune homme à l'identité trouble et la sulfureuse Iva sur la même scène où justement Sylvin et Maria dansaient presque un siècle plut tôt... Ils partagent eux aussi de manière fusionnelle l'art du flamenco, un flamenco incandescent et métissé dont le tourbillon est comme une mèche prête à embraser le ciel et la terre.
Ils sont à Hambourg, dans les coulisses alternatives du G20 de 2017 parmi ceux qui protestent contre ceux qu'on désigne comme étant les « grands » de la planète. Leur flamenco comme cela presque improvisé parmi les manifestants sur une grande place de Hambourg devient brusquement comme un cri, un cri de rébellion, un cri de ralliement, ils dansent, ils ne font plus qu'un, quelqu'un immortalise cette flamme, ces deux atomes en fusion, et cette photo fera aussitôt le tour du monde...
Ils vont devenir Imperio et Dolores.
D'un chapitre à l'autre, Marie Charrel nous invite à tanguer entre deux rives de l'Histoire qui ne sont pas si éloignées que cela. Je ne parle pas de ce presque siècle qui les sépare. L'auteure nous donne à voir ici un subtil effet miroir dont la trame se construit autour du flamenco, du moins cela est le prétexte initial...
Ces deux couples qui se ploient et se déploient à près d'un siècle de distance sont en effet animés par la même ferveur.
Mais le flamenco, qui transcende leurs rêves et leurs douleurs, leurs espoirs aussi, est un prétexte pour dire autre chose.
Marie Charrel a inventé deux personnages contemporains qui sont eux aussi à leur manière des proscrits par leur différence. Puisque Iva est Rom venant de Hongrie, fuyant la violence des brutes patibulaires qui veulent interdire l'accès aux logements sociaux des personnes de la communauté à laquelle appartient Iva et sa famille. Puisque Lukas est un garçon non binaire et que cela déplaît parfois aux mêmes personnes qui détestent qu'on ne leur ressemble pas...
Le bruit des bottes noires a-t-il changé en un siècle ? La barbarie a-t-elle changé de visage ?
En dansant, Iva et Lukas ont l'impression d'appartenir encore au monde, ont l'impression de se sentir libres, tout comme le pensaient et le vivaient Maria et Sylvin Rubinstein...
Ici danser, et qui plus est danser le flamenco, est vécu comme un acte transcendant, un geste politique... Nous traversons ce siècle de bruits et de fureurs où des pans de l'Europe s'écroulent, la révolution russe, la montée du nazisme, le ghetto de Varsovie, l'après-guerre, le régime soviétique, le tumulte des Balkans, l'effondrement du régime soviétique, le capitalisme financier...
Iva et Lukas eux aussi traversent l'Europe : Riga, Varsovie, Berlin, Budapest, Paris, Londres, Lisbonne, autant de destinations où ils enflamment les passions, poussant leurs corps jusqu'à l'extrême.
Ils dansent pour terrasser la peur, la leur, mais celle des autres aussi...
Ils sont rebelles et invitent tous les coeurs épris de liberté, à se lever contre les hommes en noir.
N'y a-t-il pas de meilleure manière de se révolter, de dire non à la barbarie humaine, qu'en venant danser sur le brasier du monde ?
Parfois ils se demandent si la fin du monde ne ressemblerait pas justement à cela.
J'ai aimé ce texte écrit d'une plume frénétique. C'est comme si nous dansions avec eux sur une poudrière prête à exploser. Quand je dis « eux », c'est autant Sylvin et Maria qu'Iva et Lukas...
Marie Charrel explore de jolis thèmes comme l'altérité, la différence, l'alchimie des corps mais aussi des âmes, les belles dualités qui nous déchirent parfois entre ces instants féériques et l'horreur brutale de la vie.
Je ressors de ce texte à la fois ébloui par la très belle écriture de Marie Charrel, cette puissance narrative, mais aussi un peu frustré par une émotion que je n'ai pas ressentie suffisamment pour être en totale empathie avec chacun des personnages.
Il y a de la grâce, de la vie, une intelligence vive dans ce roman.
Je guettais le récit qui a captivé mon attention sur des thèmes historiques et géopolitiques très forts qui ont touché ma vie personnelle. D'un côté il y a la seconde guerre mondiale durant laquelle ma mère perdit son fiancé fusillé par la Gestapo et dont l'événement fut un long et douloureux retentissement durant les générations qui suivirent.
De l'autre, il y a cette Europe centrale que j'ai découverte par l'histoire de ma belle-famille ukrainienne, aujourd'hui effroyablement inquiète de ce qui peut se passer d'un jour à l'autre, face au risque d'invasion russe... L'Histoire n'est qu'un éternel recommencement... Nos histoires aussi, celles que nous lisons, racontons...
Cependant, en vous écrivant, je sens que cela réveille des choses en moi, alors peut-être que l'effet se fait comme une très longue onde de choc... Il fallait donc que j'écrive ce billet.
Sur ce thème de la différence qui est traité avec beaucoup de sensibilité, là aussi je ne suis pas totalement parvenu à traverser le miroir. Je ne sais pas pourquoi. Ce sont pourtant des sujets sociétaux qui ne me laissent pas indifférents.
L'approche romanesque est-elle la meilleure manière de les aborder ?
Je vous encourage cependant à lire ce roman virevoltant par son écriture et sa narration, afin que nous puissions confronter notre duende, telle que la définissait Federico Garcia Lorca, autre figure martyre de la barbarie humaine...
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****

Quelques années les séparent. Ou quelques nuits… Pour l'un comme pour l'autre, c'est une fois que le jour se couche, une fois que la lune brille, que leur âme se révèle. Lukas est un jeune garçon, passionné de danse, qui cherche sa place. Quand il découvre la vie de Sylvin et Maria Rubistein, des jumeaux qui ont vécus une aventure folle dans les années 30, il décide de partir sur leur trace. Lukas veut vivre, sentir, partager leur amour pour le flamenco. Il veut puiser dans leur force pour enfin trouver qui il est…

Le roman de Marie Charrel m'a littéralement transporté. L'histoire de Sylvin et Lukas m'a emmenée dans un périple à la fois doux, joyeux, rythmé par les pas de danse, mais également dans un voyage plus sombre, plus froid, plus injuste, attristée par la haine de l'autre et cette volonté d'anéantissement.

Tout au long de l'histoire, la vie de Sylvin et Maria vient éclairer celle de Lukas et Iva. Au cours d'époques différentes, leur rêve de liberté se parle et se répond. Chacun à sa manière, trouvé dans le flamenco, la force, le courage, l'envie d'être soi. Cette musique dans le coeur, qui ne les quitte jamais, les maintient debout.

Marie Charrel a trouvé les mots justes pour nous faire partager cet élan de vie, cette volonté de se battre, cette énergie et cette foi en leur rêve.
Dans un pays en guerre, poussé par la peur et la vengeance, ou dans notre monde si flou et brumeux, où la différence n'est que haine et violence, la danse les unit… C'est beau, tendre et émouvant… C'est l'espoir fou qu'un jour, chacun entendra cette petite musique dans le coeur, et que notre histoire s'apaisera en l'écoutant…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Deux couples, deux époques et une même passion : la danse et plus précisément le flamenco qui résonne pour chacun des couples avec des accents de luttes, celles de la haine des juifs ou des roms. Fuir et danser, malgré tout, sans pour autant oublier et accepter, alors se battre, combattre au risque de se perdre.

Début du XXème siècle : les jumeaux, Silvin et Maria Rubinstein, nés de l'amour d'une danseuse d'opéra juive et d'un aristocrate russe .vont être contraints à l'exil par la révolution bolchévique. Ils ont en eux les gênes de leurs parents : la passion de la danse et  la fidélité. Ils deviendront célèbres par le duo de flamenco qu'ils forment sous l'identité de Imperio et Dolores, s'unissant pour se fondre l'un dans l'autre jusqu'à ne devenir plus qu'un.

2017 - Lukas s'interroge sur son identité et la rencontre lors de manifestations anti-mondialistes avec Iva, une rom contrainte à la fuite de Hongrie pour ses origines, va bouleverser leurs existences. Ils ont la danse dans la peau, dans leurs corps et leurs âmes et Iva, la plus expérimentée, va initier puis former avec Luka un duo immortalisé par un photographe sur la pellicule et devenir, sans qu'ils le sachent , le symbole de la grâce et de la résistance de toute une génération.

Deux parcours, deux itinéraires qui se répondent l'un l'autre pour finir par se rejoindre, l'un pris dans les méandres de la deuxième guerre mondiale inspiré de l'histoire de Silvin Rubinstein, qui a réellement existé, danseur et résistant très actif dans l'Allemagne nazie, jouant de son physique androgyne parfois, et Lukas et Iva, personnages imaginaires, dont l'image et le parcours se fondent dans celui d'Imperio et Dolores, le couple iconique, par l'exigence de leur danse mais également par la grâce qu'ils dégagent, l'ambiguïté de leurs physiques mais aussi les combats menés. Elle le feu, lui le trouble. Ils vont se lancer dans un road-trip à travers l'Europe, poussés par la volonté de se produire sur scènes mais également d'apprendre toutes les subtilités du flamenco et du duende :

"Cette fille a le duende, constate Lukas, fasciné. Ce pouvoir à l'essence même du flamenco andalou, sur lequel personne n'est capable de mettre de mots ; cette mystique du corps plongeant dans les concrétions de l'existence, brûlant et douce, puisant dans la douleur pour créer le sublime car le duende ne s'épanouit que lorsque la vie rencontre la mort, à l'endroit précis où les deux entrent en lutte. (...) le duende blesse et fait surgir la beauté des chairs, celles des saltimbanques, des poètes et des danseurs de flamenco. Il est un trésor unique, plus rare que le silence vrai.(p35)"

Mais au-delà du flamenco il est question également de fuites, de luttes, celles contre la répression ou l'exclusion qu'elles soient anciennes ou actuelles. Les époques changent mais les rejets demeurent et Marie Charrel, en mettant en parallèle les parcours des deux couples, démontre que, quelle que soit l'époque, la haine des autres et l'ignorance demeurent ainsi que la recherche de l'excellence dans un art exigeant de maîtrise : le flamenco. Et puis il y a l'ambivalence, l'appartenance à un sexe ou à un autre, la difficulté de se situer, de savoir qui l'on est vraiment et en jouer pour atteindre le but ultime ou pour continuer à faire vivre l'autre.

J'aime quand la littérature permet de découvrir des personnages singuliers ou des thèmes, peu connus mais également utilise en toile de fond un art pour les mettre sur le devant de la scène. En utilisant le parallèle entre passé et présent pour mettre en évidence les similitudes mais aussi aborder des sujets plus profonds comme la haine ou l'absence de l'autre, l'auteure nous entraîne dans une aventure aux multiples facettes et rebondissements. Dans ces deux voyages dans le temps et à travers le monde, Marie Charrel démontre, à travers ses personnages, que l'envie d'absolu, que ce soit dans leur passion artistique mais également dans la résistance à l'obscurantisme et la fidélité aux racines, reste le même, quel que soit l'adversaire, déclaré ou non.

Je connaissais peu de chose du flamenco, une danse très expressive, possédant ses codes et une intériorité forte, et Marie Charrel parvient à en restituer toute l'essence avec une écriture à la fois visuelle mais aussi chargée de sens, faisant de l'histoire de ces deux couples l'image de l'exigence, de la fierté, de la mémoire et des combats. Je me suis beaucoup attachée au personnage ambigu et aux multiples facettes de Silvin Rubinstein, à ses luttes, à son attachement à sa jumelle, allant jusqu'à se fondre en elle pour lui redonner vie, à se jouer et à défier les nazis, avec le soutien d'un officier allemand, Kurt Werner, même si un homme gris laissera dans sa chair une empreinte indélébile.

Il y a de la grâce, de l'aventure, de la révolte et l'on est pris dans un tourbillon, dans une danse où se mêlent sueur, exigence, voyage, liens du sang et d'amitié mettant dans la lumière un art qui peut guérir ou apaiser les blessures ou les faire jaillir. Une mention particulière pour la très belle photo de couverture très représentative de la recherche de perfection.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je pense qu'il faudrait une petite note introductive à ce roman, qui dirait de regarder d'abord un couple de danseurs danser le flamenco. le flamenco (et ses codes) est le fil conducteur de ce livre qui se veut un parallèle entre un jeune couple de 2017 et un couple de jumeaux de l'avant-deuxième guerre mondiale.

J'ai beaucoup aimé ce récit, l'auteur nous raconte très bien la recherche vitale, le souffle que les danseurs recherchent pour sublimer leur art et donner de la puissance à leur interprétation sur scène.

Et pourtant, je n'ai pas réussi à entrer dans les émotions des danseurs, comme si le style me laissait spectatrice.

Un roman qui nous embarque dans un autre monde sur fond de combat pour survivre.
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Le couple mythique formé par Sylvin et Maria Rubinstein, dans les années 30,en Europe Centrale, fascine Lukas, qui danse merveilleusement le flamenco lui aussi. Lukas, dont l'identité est trouble, rencontre de nos jours Iva sur la scène où Sylvin se produisait , habillé en femme.
Poussés par leur passion pour la danse, Lukas et Iva voyagent au gré de leurs rencontres en Europe. Leur flamenco magnifique enflamme le public mais suscite aussi violence et intolérance.
Un roman splendide qui fait voyager son lecteur dans le temps , et dans l'espace, et qui nous mène jusqu'à l'Andalousie.
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“Débrouille-toi toute seule, ruse.”

Lors d'une manifestation contre le G20, à Hambourg. Ville essuyant les scènes d'une quasi guerre-civile, pendant que Merkel, Lagarde et les autres leaders, une photographie va faire le tour du web : la photo des danseurs de l'aube :

Imperio et Dolores, deux jeunes dansants à l'aube dans la brume des fumigènes, quartier de Schanzenviertel, manifestation contre le G20.

Qui sont-ils ? Deux êtres exaltés, se touchant, se dévoilant, deux être si solitaires encore surpris par leur rencontre inédite.

Nous suivons d'abord le jeune Lukas, vivant un trouble identitaire depuis sa tendre enfance, il est passionné par le flamenco et le danse divinement. Quand il débarque à Hambourg, il marche sur les pas de Sylvin Rubinstein à qui il voue une admiration sans limite, il s'imprègne de son existence, de ses exils, c'était un prodige du flamenco, un juif, un résistant, un personnage réel, qui a une histoire incroyable!

À Hambourg, Lukas rencontre Iva alors qu'elle était entrain de danser, cette jeune-fille Rom qui vient d'être abandonnée par sa mère.

La fusion de ces deux êtres épris par leur art, ils vont sillonner l'Europe, y danser, partout. 

Deux époques en parallèle, les années 1930 et la seconde guerre mondiale et le 21ème siècle et son capitalisme, le racisme.

L'ambivalence et tout ce qui émane d'elle à l'intérieur de soi et ce qu'elle suscite à l'extérieur de communicatif, et ce lot d'âpreté.

Des danseurs épris de liberté, prêts à se battre contre toutes les sortes d'oppression, et aussi pour trouver le centre de leurs propres corps, peut-être pour se hisser fièrement devant leurs choix identitaires, leurs libertés ?
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Il est une zone d'ombre ambiguë. Celle où la vie et la mort s'entrelacent dans une danse macabre d'une violence inouïe.

Les pieds frappent le sol pour s'y ancrer, les mains, aériennes, esquissent un mouvement d'envol, et le corps n'est plus que cet entre-deux déchiré entre 2 extrêmes qui cherchent à s'emparer de lui.

Et c'est là, exactement là, que le magnifique roman de Marie Cherrel place ses 2 danseurs. La danse comme ultime élan vital, unique geste de survie, le seul susceptible de rapprocher l'antinomique, d'absorber le multiple, de réconcilier l'irréconciliable.

Les Danseurs de l'Aube réfutent toutes les frontières. Celles liées au temps, à l'espace, au genre, et à toute problématique identitaire. Leur corps hurle leur soif bouillonnante de liberté. Une liberté absolue, universelle, celle à laquelle tout être humain devrait pouvoir prétendre.
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Lukas raconte la vie de Sylvain et de sa soeur Rosa à Iva pour la retenir plus longtemps lors de leur première rencontre.
Iva sentira que Lukas a besoin de les raconter pour s'éloigner de ce mal-être profond qu'il ne nomme pas.
L'un et l'autre quittent l'obscurité de l'âme et se ramènent mutuellement vers la lumière au bon moment.

S'accrocher à ses rêves pour tenir bon c'est ce qu'ils font.

Lukas, qui es-tu ? QUI es-Tu ? Tu es Lukas. Trouve ce que ça veut dire, le reste importe peu.
Vous êtes tous deux, Iva et toi, décadents et déglingués.
Hors catégorie, tous ceux qui vous regardent sont captivés. Capturés dans votre gestuelle. le temps n'a plus d'importance, seul compte votre présence sur scène.
Duende ou pas.

Hambourg, Varsovie,
Le rejet, l'exclusion, la haine identique aussi bien en 1940 qu'en 2017.

Filer, parcourir le monde, danser toujours plus partout, sur toutes les scènes pour éviter de penser.
Danser pour terrasser la peur, anéantir le chagrin, guérir les meurtrissures.

Les danseurs de l'aube, promesse d'une clarté nouvelle.

Tu voudras toi aussi connaître le professeur Werner et Rachel, visiter le quartier de Sankt Pauli à Hambourg. Tu vas voyageras en Hongrie et à Grenade notamment.

Ce livre parle de flamenco, de tolérance, de la nécessité de s'aimer soi avant de pouvoir aimer son corps, de bienveillance, de l'amour de soi nécessaire pour éviter la haine de l'autre ; de cette dualité entre féminin et masculin splendidement interprété par Lukas et Iva, mais aussi les jumeaux Rubinstein.

Si Lukas ne veut pas qu'Iva s'échappe, il doit trouver comment la retenir. Quoi de mieux que de lui narrer, petit à petit, celui grâce à qui ils se sont rencontrés : Sylvin Rubinstein. Elle, elle le ramène dans le présent, loin de ses profondeurs où il s'enfonce, en lui posant des questions ou peut-être parce qu'elle ne veut rien révéler de son passé.
Qui est vraiment Iva ?

De Sylvin et Maria ; tu suivras les débuts à l'Adria, l'ivresse des nuits de Varsovie, Berlin, Budapest, le flamenco appris auprès des gitans de Brody ; leur père l'aristocrate russe qui n'a pu les protéger jusqu'a la révolution de 1917.
De lui, Sylvin n'a gardé qu'un instant fugitif, un reflet doré dans la nuit noire

Lukas rêve que leur voyage, réel et initiatique, se poursuive jusqu'à l'extrémité méridionale de l'Antarctique, à la pointe de l'Alaska, là où le ciel épouse la terre.
Moi, je les imagine glisser, danser sur les aurores boréales parmi les étoiles, je vois leur reflet miroiter sur la neige immaculée.

Iva, son intempérance à elle aide son flamenco à vibrer dans la terre. Ensemble, ils écrivent un nouveau langage. Lui, Lukas apporte sa silhouette androgyne qui suffit à jeter le trouble, ses pas souples encore empreints de sa formation classique, le phrasé délicat de sa gestuelle exhale une féminité qu'il se plaît à explorer, sans ostentation.

Des passages émouvants, des réflexions quasiment philosophiques sur le sens de la vie et du corps et tant de choses encore.
La mystique des corps brûlants, doux, puisant dans la douleur pour créer le sublime. le duende.

L'aube met toujours un terme au plus doux de nos rêves, Marie Charrel prolonge ce rêve avec ses danseurs.
Ceux de la fiction et les réels.

De Riga à Berlin, de Londres à Paris, l'auteure t'emmène dans un magnifique récit de voyage. Pour mieux accepter, mieux comprendre que le secret d'une vie heureuse réside dans l'amour de soi, pas dans la haine de l'autre.

Dans les danseurs de l'aube, tu as des valeurs très fortes, si importantes et encore malheureusement nécessaires à rappeler : la tolérance, le courage, la fraternité, la bienveillance, le respect de toute vie. de tout homme. de toute femme.

Splendide roman de Marie Charrel à partir d'un personnage qui a vécu, aimé, agi.
Un vibrant hommage aussi à tous les dissidents, militants, êtres interlopes, aux apatrides, aux enfants cabossés, artistes, à tous les coeurs épris de liberté.
Un récit pour se dresser contre les hommes en noir et les aveugler de lumière.
Des mots et des phrases lumineuses pour lutter contre l'obscurité et l'obscurantisme

Un livre passionnant, érudit mêlant l'histoire et l'Histoire. Ancré dans les temps actuels. Des dates inoubliables, des moments impardonnables.

Lien : http://unesourisetdeslivres...
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Lukas et Iva, deux jeunes fervents de flamenco, aimeraient faire de leur passion leur avenir. Ils se rencontrent par hasard sur une piste de danse et ne se quittent plus : elle l'aide à oublier son problème existentiel et il lui permet d'effacer ses souvenirs douloureux. Les deux danseurs partent dans un road-trip en Europe, sur les traces de l'idole de Lukas : Sylvin Rubinstein.
Maria et Sylvin Rubinstein, aussi connu sous leur nom de scène Imperio et Dolores ont réellement existé et ont eu une place non-négligeable durant la Seconde Guerre mondiale. Jumeaux juifs et passionnés par le flamenco, ils sont acclamés par le public et vont se représenter dans les plus grands cabarets du monde. Mais la montée du nazisme en Allemagne les force à se réfugier en Pologne, les obligeant à arrêter la danse et se cacher des SS.
Pourtant, après la disparition de sa soeur bien-aimée, Sylvin va jouer un rôle capital dans la résistance contre les Allemands, en se déguisant en femme et ainsi passer inaperçus aux yeux de la Gestapo, lui permettant de transmettre des messages et d'écouter des conversations secrètes.

Des années plus tard, en 2017, Lukas et Iva partent sur les traces de ce grand nom de la danse et tentent par le même moyen de découvrir qui ils sont.
Un récit d'une grande beauté, qui permet de découvrir la grande histoire de Sylvin Rubinstin, résistant méconnu, et d'avoir un aperçu de la beauté et de l'ardeur du flamenco, qui est pour tous les personnages de ce magnifique roman, une échappatoire et une raison d'exister.
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Marie Charrel interroge le rôle de l'artiste, de la résistance à travers son art.
Ici, il s'agit du flamenco, personnage principal du livre, dans les années 30 et aujourd'hui.
Elle met ainsi en parallèle le personnage Sylvin Rubinstein (inspiré d'une histoire vraie), (artiste juif des années 30 qui dansait avec Maria, sa soeur, déportée et qui est entré dans la résistance pour laquelle il utilisait le travestissement) et Lukas qui deviendra avec sa partenaire Imperio et Dolores, danseurs de l'ombre, emblème de la lutte alternative et icône du monde de demain.
Plus qu'un livre sur l'intolérance, le rejet de l'autre, la peur, c'est avant tout la mise en mots de la fusion brutale, furieuse de corps qui s'invitent, qui échangent, qui s'abandonnent à l'instant présent. C'est une histoire de chaleur, de mythe décadent, de diva, de double, de lumière, de rencontres, de vibration.
Et c'est à lire !!
Éditions de l'Observatoire
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