Vous voulez que je vous raconte ? »
Je lui répondis que les timbres ne m'intéressaient pas.
« je vous propose un marché. Qu'est-ce que vous en dites ? »
Je répondis qu'étant en vacances et sans rien d'autre à faire, j'étais prêt à écouter.
« Vous serez pas déçu, mon vieux. Vous avez faim ? »
Je répondis que non.
Il secoua la tête, l'air désapprobateur.
« Quand on a l'occasion de manger, mon vieux il faut manger. On sait jamais quand on aura la possibilité de remettre les pieds sous la table. »
Je répondis qu'il y avait là, en effet, matière à réflexion.
« Chaque chose en son temps, mon vieux, je reviendrai à lui plus tard. Je veux que cette histoire vous apparaisse dans son déroulement exact. (Barney jeta un regard anxieux à Sam qui était en train de servir une autre bière.) Pas à pas… une chose à la fois. Pour que vous compreniez le topo, il faut que je vous raconte tout ça à ma manière. »
Je lui déclarai que je n'y voyais aucun inconvénient et lui demandai s'il voulait bien commencer son récit.
« Je débuterai donc par Joey Luck et sa fille, Cindy, diminutif de Lucinda, parce qu'ils jouent un rôle important dans le vol des timbres Larrimore. (Il me gratifia d'un regard rusé.) Vous ne saviez même pas que ces timbres, qui valent un million, avaient été volés, je parie ? »
Je lui répondis que si je l'avais su, ça m'aurait laissé de glace
L’ennui de nos jours, c’est qu’il est trop facile, pour tous ces petits voyous, de gagner de l’argent. Dès qu’ils en ont, ils font des conneries.
"Raconter une histoire, c'est comme de peindre un tableau... Quand on a enfin fini, on se recule pour l'examiner et on s'aperçoit qu'il manque encore quelques petites touches par ci et par là... pour le rendre parfait"
Au retour de Cindy, Joey comprit rapidement qu'il s'était passé quelque chose. Elle avait ce regard lointain qu'ont les filles quand elles en pincent pour un gars. (Barney se tut un instant et poussa un profond soupir.) Si je vous disais le nombre de fois, quand j'étais jeune, où j'ai vu cette expression dans les yeux d'une fille, vous en seriez épaté. Tout comme moi, Joey reconnaissait les symptômes, et il s'est brusquement senti glacé, mais il a été assez malin pour ne pas poser de questions.
A la nervosité que manifestait Cindy en rentrant, Joey comprit qu'elle allait enfin parler. le père avait eu six jours pour s'habituer à l'idée que, finalement, Cindy était tombée amoureuse. Il n'avait cessé de se répéter que c'était inévitable et il savait à présent que s'il ne voulait pas perdre Cindy il lui faudrait jouer serré. Il pouvait s'agir d'une simple amourette, une passade, mais en fait, il en doutait. Il décida qu'il n'y avait qu'une chose à faire : se montrer compréhensif, feindre d'être très heureux à l'annonce de cette nouvelle et espérer que le gars serait à la hauteur et ne laisserait pas tomber Cindy. L'idée de passer le reste de ses jours seul le déprimait, mais il savait qu'il devait accepter cette perspective. Il essaierait de persuader Cindy de ne pas faire un mariage précipité, mais en usant de douceur.
La vie n’a aucun sens pour moi sans les jolies choses, sans la puissance, sans le luxe qu’apporte l’argent.
Quand il s’agit d’argent, rien n’est une perte de temps.
Les gens surveillent trop leur poids. On ne vit qu’une fois, mon vieux. Je préfère ne pas penser à toute la bouffe qui me serait passée sous le nez si j’avais surveillé mon poids.
La gentillesse était aussi importante que la séduction.
Il faut nettoyer le jade de temps en temps. On a si facilement tendance à négliger ses propres trésors.
Il n’y a pas de place pour la pitié dans ce monde horrible.