Maxime Chattam, de son vrai nom Maxime Drouot, est un grand nom français des récits policiers et du genre de l'Imaginaire. Il a déjà écrit de nombreuses sagas connues au moins nationalement, et aujourd'hui je m'attaque à Autre-Monde, mon premier roman de cet auteur. Cette saga se découpe en deux cycles : le premier avec les trois premiers tomes, le second avec les quatre suivants et un tome hors-cycle servant de préquel. Toute la saga est publiée aux éditions Albin Michel, une des plus grandes maisons d'éditions de France. Cela faisait longtemps que j'avais en ma possession les premiers tomes de la saga, mais j'avais toujours hésité à la commencer, de peur d'être finalement déçue. Les critiques sont en général très élogieuses à propos de cette saga, même si certaines affirment que ce ne sont pas les meilleurs romans de
Maxime Chattam. Dans tous les cas, je craignais de commencer à lire un livre qui a autant été lu et apprécié. Je me suis tout de même lancée, avec un a priori très positif.
L'intrigue est découpée en trois parties, et pour une fois ce découpage me semble vraiment judicieux. La première partie retrace les changements du monde et de ses habitants suite à la Grande Tempête. Ce que j'ai aimé et ce qui se distingue du reste des récits fantastiques et post-apocalyptiques, c'est le fait que l'intrigue commence avant la scène catastrophe. Ainsi, le lecteur peut réellement comprendre les changements qui ont lieu entre l'avant et l'après, et c'est de cette façon qu'il va davantage s'identifier aux personnages, à leurs états d'âme et à leurs évolutions. La deuxième partie quant à elle est la plus importante du roman, et présente tous les personnages qui seront utiles à la suite du récit et de la saga. Les personnages sont introduits en douceur, à l'instar des différents lieux, et permettent ainsi de s'immiscer à un rythme que je trouve parfait. La troisième partie est celle qui contient le plus d'actions pures et dures, bien que le reste du roman n'en soit pas pour autant dénué ! Aussi, comme bon nombre de romans de SFFF, la dernière partie met en scène la bataille finale qui sert de dénouement à la tension créée depuis le début.
Je ne dirai pas que le début du roman met du temps à se mettre en place, mais plutôt que l'auteur force certaines scènes pour que le lecteur prenne connaissance de toutes les créatures qui peuplent à présent les États-Unis. Quelques unes de ces épreuves me semblent d'ailleurs pas très utiles, comme celle où Matt et Tobias traversent un tunnel devenu une rivière et se retrouvent attaqués par une créature aquatique. Cependant, chaque scène contient son lot d'épouvante et m'a rendue totalement addicte à cette lecture. La plupart des antagonistes sont présentés dès le début du roman et la tension ne fait qu'augmenter au fur et à mesure.
L'univers du roman prend tout d'abord place dans la réalité, à la côte est des États-Unis pendant les années 2000. En effet, dès le début, plusieurs indices permettent de cerner relativement précisément l'époque, avec entre autres la sortie de la Xbox et l'engouement autour des films le Seigneur des Anneaux. Puis, comme tout récit fantastique, le récit tombe petit à petit dans l'étrange. Les parents, et plus généralement toute personne au-delà de 18 ans, disparaissent ou se retrouvent transformés en monstre, livrant les adolescents à eux-mêmes. Certains lecteurs peuvent penser que c'est une facilité scénaristique d'écarter tout personnage qui pourrait nuire à la cohérence du roman, mais la disparition des adultes est très bien expliquée. Ainsi, le message principal du récit est la sensibilité écologique et pour
Maxime Chattam, les enfants sont suffisamment innocents pour être sauvés de la catastrophe naturelle. C'est la raison pour laquelle la nature se venge uniquement des adultes et que les personnages du roman sont presque uniquement des enfants.
Si je classe ce roman parmi les récits fantastiques, c'est entre autres parce que les personnages sont victimes d'une altération, qu'ils tentent malgré tout d'expliquer scientifiquement. Cependant, même si ces justifications ne tiennent pas particulièrement la route, elles ont seulement pour objectif de donner aux personnages un aspect mature et de les développer. Les pouvoirs uniques délivrés à chaque personnage sont un peu une solution de facilité qui a été plusieurs fois utilisé dans les romans et dans les films, mais si le récit ne se concentre pas inutilement dessus, ce manque d'originalité peut se faire pardonner. le deuxième élément qui fait que ce roman est fantastique est la présence de créatures maléfiques. Celles-ci abondent, entre Gloutons, Cyniks, monstres à échasses, Raupéroden… Comme je l'avais déjà dit dans ma critique sur Les Royaumes de Feu, lorsque les personnages portent un nom qui montre explicitement leur statut ou un trait de leur caractère, le récit prend directement une direction jeunesse. Or ici, ce n'est pas le cas car ce sont des adolescents qui ont donné ces noms aux créatures qui les entouraient, et non des parents qui ont donné un nom à leur enfant. Pour se faire comprendre de tous et rapidement, les surnoms explicites sont donc une bonne solution.
Concernant les personnages, j'ai apprécié leur multitude et la façon dont l'auteur les a développés. Ils ont tous une caractéristique particulière, due ou non à leur altération. le trio de personnages principaux est composé de Matt, Tobias et Ambre. le tiercé est souvent utilisé dans les romans car c'est le nombre parfait de personnages qui peuvent marquer en profondeur le lecteur. Un personnage secondaire vient ajouter une nouvelle dimension au trio, il s'agit de Doug avec son souhait de diriger l'Île des Pans. Chacun de ces quatre personnages ont des rôles différents à jouer et cela fait du bien de voir des personnages qui ne sont pas des pions servant le récit mais qui peuvent avoir un véritable rôle. Je suis cependant plus sceptique concernant Tobias qui est mis à l'écart pendant une grande partie du roman, mais nous pressentons facilement que son rôle se révèlera à la fin de l'intrigue.
En ce qui concerne les antagonistes, ceux-ci sont nombreux et se déclinent en plusieurs catégories : les Gloutons, les Cyniks, les monstres à échasse et le mystérieux Raupéroden. Encore une fois, je suis ravie de cette multiplicité d'antagonistes, par rapport aux autres romans où seul un antagoniste est présenté, voire aucun. Chaque catégorie d'antagonistes a ses caractéristiques propres et provoque des réactions particulières aux adolescents. Malgré leur transformation, les Gloutons et les Cyniks gardent également une part d'humanité symbolisant une sorte de transition entre les créatures de l'autre monde et leur condition initiale d'adulte.
Différents passages du roman exposent une moralité, tantôt sur le racisme, tantôt sur l'écologie. L'engagement contre le racisme n'est pas le propos principal du roman, mais étant donné qu'un des personnages principaux, Tobias, est décrit comme ayant une peau noire, il peut être intéressant de rappeler aux plus jeunes lecteurs certaines bases de la tolérance. Mais ce qui était le plus agréable dans ce passage est la façon dont il a été traité, tout en métaphore. En ce qui concerne la dimension écologique du roman, celle-ci est au centre du roman car c'est la raison pour laquelle la Terre s'est vengée en faisant disparaître les adultes. Je ne trouve pas ces raisons aberrantes, bien au contraire, et permettent de faire passer un message particulier et appréciable.
Points positifs :
– intrigue très bien construite
– éléments de l'univers présentés au bon moment
– personnages développés en douceur
– moralité évidente
Points négatifs :
Aucun
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