Pour rêver encore de Florence...(Le tableau sur la couverture est de Filippino Lippi, non de Botticelli, bizarrement.)
Un livre de 489 pages que l'on dévore. Pourtant, ça commence mal : une scène érotique (pornographique ?) entre Botticelli et son amant, Filippino Lippi, un peintre un peu moins connu, lui-même fils de peintre (son père étant le héros de
la passion Lippi de
Sophie Chauveau).
Malheureusement, l'intrigue sentimentalo-sexuelle déborde sur l'évocation des oeuvres.
Sandro Botticelli amant de Filippino, surnommé Pippo, va être délaissé, aller au bordel, puis tomber amoureux de Lorenzo de Médicis. Surtout, dès la fin du premier chapitre, l'auteur nous présente Sandra, soeur de Pippo, amoureuse dès son adolescence de
Sandro Botticelli. On se doute que quelque chose va se passer entre eux. En effet, bien qu'inverti (et l'auteur insiste lourdement sur ce point...), Botticelli tombe amoureux de son modèle (car pour bien peindre, un artiste doit être amoureux de son modèle, thèse assénée dans tout le roman, jamais démontrée...) et cela donne cinq pages dont la crudité dépare un peu (Le fourreau, la jouissance). On oscille donc entre le roman de gare et le roman pornographique : l'auteur n'est vraiment pas à l'aise dans la narration des scènes d'amour, intrigue cousue de fil blanc, complaisance dans l'emploi du verbe jouir ou du registre familier ("Botticelli en avait marre...").
C'est dommage. En revanche, l'histoire de Florence et des Médicis, en arrière-plan, est bien décrite. Les dialogues entre Botticelli et
Léonard de Vinci sont bien menés, drôles parfois. On apprend beaucoup sur Savonarole, Laurent et Julien de Médicis, les peintures de Botticelli (malgré quelques inexactitudes : par exemple, l'auteur énonce que dans le Printemps de Botticelli, l'amour ne vise personne, mais il tire sa flèche en direction d'une des trois Grâces, la Chasteté...Il aurait été étrange que Botticelli qui soigne toujours la représentation des regards de ses personnages ait négligé celui-ci), Florence à la fin du quinzième siècle.
Une bonne lecture de vacances, plus ludique que sérieuse, avec des défauts...mais dont la lecture reste plaisante.
(Dernier reproche : les oeuvres mentionnées dans le roman n'y sont pas reproduites... c'est plus la vie sexuelle de Botticcelli qui intéresse la romancière que ses oeuvres, après tout.)