Ce plein
De l’autre côté
De nous
Ce plein
Regorgeant d’infini
Au travers
De nous
Cet éclair
Inommé
À l’autre versant
De nous
Ce lieu
Bouleversant les limites.
Démarche
Nul n’a vécu le fond d’une rose
L’espace d’un océan
Ou le lieu de son corps
Nul n’entrevoit l’écart entre la pulpe et l’écorce
Ne démêle l’écheveau de l’ombre et de la fleur
Les nuits martèlent nos clairières
Le jour abreuve nos ravins
Nul chemin n’est plus inverse que le nôtre
Mais nul plus souverain.
Conflit majeur
Quand l’univers en moi s’étire
Ô mon corps que me veux-tu ?
Je n’en finis pas de venir au monde
En quel âge me retiens-tu ?
Libre quand l’esprit se plombe
Paré quand l’âme est dévêtue
Toi qu’agrafe la mort besogneuse
Quelle part de nous emporteras-tu ?
Le lieu fidèle
Je cherche le lieu fidèle, la trame,
Le secret des secrets à senteur d’océan,
Le matin insensé où les ruisseaux foisonnent,
La lueur rebelle et la fleur du temps.
Mais viens, affrontons les fugitives détresses
Et sans arme dispersons la vie en ses couleurs.
De périls en questions
Et d’images en défaites,
Nous sommes les témoins
De je ne sais quelle splendeur ?
Sans aire
Je me marie au vent, je goûte à l’étoile,
J’épouse pour un temps mon visage éperdu.
Fontaines sans mélange, mots sans lignée, aurores !
Je fuis le jour par mille fentes à la fois.
Alors que sont nos maisons ?
Vers quoi poussent les branches ?
Pour qui meurent les hommes ?
Et qui ai-je vraiment su ?
Je me marie au vent, je goûte à l’étoile,
Je regarde de si loin
Que je suis et ne suis plus.
Face à l’enjeu
J’ai défait la solitude.
Il n’y a pas de chevet où je ne puisse m’asseoir,
Reconnaître en chacun le gisant superbe
Qui outrepasse les tombes et confond nos mémoires
Les ténèbres de l’autre sont nos propres ténèbres,
C’est notre œil qui rompt la durée.
Nous créons des sentences,
Nous nous livrons aux pièges,
Quand l’épreuve est d’entendre :
Car tout nous est dicté.
L’heure aride
Tu traverses parfois des fiefs de solitude,
L’herbe s’épuise, l’étang est limé,
À l’horizon livide l’oiseau-tyran te fixe,
L’ombre grène ton ombre;
Des sables dénaturent tes forêts.
Pour répondre aux sentinelles,
Qui te prêtera sa voix ?
D’un pays lointain
Je parle d’un pays lointain et sans usages,
À l’envers du jour mais qui n’est pas la nuit.
J’avance à découvert et me défais sans cesse.
Je suis entre mes mains,
À mes mains je survis.
Visage à la fenêtre
Derrière la haute fenêtre
un visage se maintient
Le métronome des heures
fouette les saisons.
Derrière la haute fenêtre
un visage se souvient
Entre la gangue du ciel
et l’étalement d’une ville
Derrière la haute fenêtre
un visage s’éteint
Ses soleils ont rejoint
le chenal des siècles
Imprégnant ses traits
le bref rivage des jours
Derrière la haute fenêtre
un autre visage se tient
Regarder les mains
Passerelles pour nos mots
Compagnes de nos visages
Ossuaire ou mouvement
Offrande ou rempart
Nos mains se calquent
sur nos ombres
Ou bien se hissent
vers nos clartés.