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Sylvie Germain répondait, dans son entretien publié par Babelio, à la question « Et en ce moment que lisez-vous ? », «Je viens d'achever la lecture d'un excellent roman récemment paru Le dernier des Baptiste de Jean-Marie Chevrier. »
Comme j'aime particulièrement Sylvie Germain, j'ai eu envie de lire ce livre et je ne le regrette pas.

Louise et son fils Baptiste exploitent une ferme isolée à la lisière de la Haute Vienne et de la Creuse. Ils vivent comme un vieux couple depuis la mort du père Edmond, le seul de la lignée à ne pas se prénommer Baptiste.
La maison des Lamy était « la dernière en sortant du hameau des Estives. Elle était isolée. C'était un avantage de ne pas être prisonnier de mitoyennetés ancestrales, d'encastrements incompréhensibles… », « intrication qui avait entraîné des familles dans des querelles obscures… ». le hameau se situait non loin des Grands Chezeaux.

L'accident où Baptiste va perdre un bras vient bouleverser douloureusement l'ordre établi. L'inattendu fait irruption dans leur vie et avec lui le risque de tout perdre. Même lorsque Louise souhaite que son fils trouve une femme, elle veut garder le contrôle et lui ne sait pas non plus comment se comporter, il ne peut rompre, s'en aller, attaché qu'il est à sa terre et avec elle à la lignée dont il descend. La terre, la propriété entretenue et développée par plusieurs générations, doit être préservée. Mais que va devenir la propriété s'il n'a pas de descendance… Les femmes qu'il rencontre sentent bien qu'elles ne représentent qu'un ventre d'où sortira le prochain Baptiste. Et pourtant il voudrait changer…

« Si la plupart du temps, dans les familles ou chez les individus, on redoute l'imprévu, Baptiste au contraire attendait qu'un évènement vienne bouleverser sa vie. Mais son pays était en paix, les lois le protégeaient, sa santé était florissante, il n'avait rien à craindre. Il se levait chaque matin avec, devant lui, une journée prévisible.
(…) Il se réfugiait derrière ses bêtes. « Si je pars, qui va nourrir les vaches et la jument ? »
Il vivait dans une répétition monastique. » p 115-116

Quand Baptiste va revenir après deux mois d'hôpital, avec un bras en moins leur vie va basculer. La mère et le fils vont répondre à ce coup du destin, qui va les contraindre à se délester de ce qui faisait leur vie, de manière opposée.
La vie de Baptiste va progressivement prendre un nouveau tournant. Quelques indices semés au cours du récit laissaient entrevoir son désir de mettre en oeuvre un projet qui soit bien à lui. Il ne se résout pas à disparaître sans avoir enfin réaliser un rêve. Et la fin de ce roman lui donne une coloration fantastique.
Merci à Sylvie Germain pour la découverte de cet auteur.
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Roman qui apparait comme terroir par son bandeau : Un chemin de terre qui nous amène à une ferme à l'ancienne avec une photo légèrement estompée, mais qui n'est pas que ça.
Après on rencontre Baptiste avec la même veste depuis 20 ans dont sa mère prend grand soin. Une veste effilochée au poignet qui provoquera l'accident et la perte d'un bras... Et voilà que Baptiste nous déroule sa vie, celle d'un agriculteur solitaire qui vit encore à l'ancienne alors qu'autour de lui le monde commence à changer. Mais pour lui c'est le travail, la passion des abeilles et un besoin de trouver une femme, pour ne pas continuer à vivre ainsi - avec maman - et des besoins charnels qui le poussent à oublier sa timidité.
Voilà un roman qui nous raconte ce monde paysan avec une justesse étonnante. Pas de grande effusion, juste un homme qui dit ses douleurs, ses petits besoins, et sa surprise devant ce monde qui le met à l'écart. L'accident le projettera dans une autre dimension. On ne peut être paysan et manchot... Tout s'écroule autour de lui.
Joli roman " Que leur restait-il pour dire leur vie? "
E si c'est le travail qui les avait tenus envie tout se délite peu à peu. Baptiste raconte son combat.
Un roman d'atmosphère qui nous met au coeur d'un monde qui a disparu. Si la fin m'a un peu moins convaincue j'ai aimé cette histoire et découvrir la plume de Jean-Marie Chevrier. Il y a une certaine douceur dans ces lignes et une âpreté digne de cette histoire de terre et hommes avec la présence de quelques figures de femmes. Un autre combat pour Baptiste.
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Je ne qualifierai pas ce livre de roman du terroir, qui pour moi idéalise un mode de vie traditionnelle d'autrefois .
Ce roman, est plutôt une peinture de la réalité des campagnes actuelles, qui nous aide à comprendre les difficultés, la solitude, le décalage avec la société moderne, l'isolement, la méfiance de ce monde agricole vis à vis de l'administration lointaine.
Je viens de ces campagnes, petits domaines, terres morcelées, agriculture extensive, absence de confort. Mon père me disait dans les années 1960 : faites des études, abandonnez la campagne, ce métier est trop dur, et ça sera de pire en pire.
Comme il avait raison.
Ce roman est sobre, peu de paroles, journées bien remplies, gestes précis, quelques amitiés. L'ambiance est là, les poules, les vaches, la météo, les machines, puis survient l'accident. Baptiste est un personnage attachant, on le comprend, mais on ne peut pas l'aider. Un jeune couple arrive, avec des idées modernes de de grandes ambitions.
On sent bien le désarroi de Baptiste, il est impuissant, ne lui restera que le rêve.
Beau sujet, belle histoire, qui se termine un peu comme une fable, et un auteur à lire.
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Le dernier des Baptiste c'est aussi la fin d'une époque... Celle des paysans qui vivaient isoler, loin de tout, souvent solitaire et vieux garçon.
Baptiste c'est le dernier d'une lignée qui porte tous le même prénom, c'est aussi un paysan qui voit les stabulations se multiplier autour de lui, ainsi que les créations de GAEC. Lui pour l'instant vit dans une petite ferme de la Creuse avec sa mère vieillissante qui espère bien un jour le marier ce garçon.
le roman commence par l'accident de Baptiste, le bras happé par la courroie du tracteur. Ensuite c'est une longue réminiscence de cette vie un peu à part. L'amour des terres, un troupeau de vaches, la passion des abeilles et puis aussi les rencontres d'un jour, pour espérer fonder une famille...Avec la présence forte des mères qui décident, trament pour des idylles impossibles car les filles rêvent d'une autre vie que celle au cul des vaches.
Après ce sera le combat de Baptiste, devenu manchot. Une amputation qui en génère une autre, celle d'une vie à jamais terminée avec la vente de ce qui était son gagne-pain.
C'est dans la Creuse nous dit l'auteur, mais cela pourrait être n'importe où dans les petits territoires... Bien que ce monde ne doive plus beaucoup exister.
Jean-Marie Chevrier nous décrit d'une écriture précise et lente l'histoire de ce monde paysan qui se délite. C'est le visage d'une France paysanne qui a disparu mais faut-il le regretter quand on voit la détresse de ce personnage, timide et empêtré dans un quotidien sans surprise, qui se contente de peu : Toujours le même modèle de veste, acheté au camion, un verre au bar du coin, le bal par obligation et une sortie à Vichy avec le club des anciens.
Un roman hommage, qui nous parle avec beaucoup d'humilité de cette nature que l'on ne prend plus le temps de regarder.
C'est un livre qui se lit sans passion, mais avec une certaine curiosité on y découvre une époque, pas si lointaine, comme une suite de tableaux. Belle hommage que ce roman, l'histoire est lourde comme les pas de ces hommes écrasés par une vie de labeur.

Roman choisi pour le thème, il devrait plaire aux lecteurs de la bibliothèque. Merci à babelio pour ce masse critique et à Albin Michel de l'envoi.
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Merci pour cette belle découverte ! Au premier abord, on peut croire à un roman de terroir, j'attendais presque un doc sur le monde agricole et les difficultés qu'il doit faire face...Et pourtant, ce roman c'est avant tout des personnages dont on découvre la personnalité et la sensibilité au fil du récit. L'écriture est poétique, tout en étant efficace. Elle nous fait nous sentir proche de la nature. L'intrigue est douce, fluide et nous emmène naturellement à la fin qui constitue un brin de folie.. Ce qu'on se dit en refermant le livre : je m'en souviendrai, c'était un beau livre.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour m'avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur Jean-Marie Chevrier en m'envoyant ce livre.
Albin Michel qui me déçoit rarement pour ne pas dire jamais et qui a l'art de dénicher des perles.

Ce livre nous invite au voyage dans la campagne profonde française, dans un petit village de la creuse au travers de l'histoire de Baptiste, paysan célibataire, un peu bourru et taiseux, qui vit avec sa veuve de mère prénommée Louise.
Baptiste, la quarantaine bien tassée, passe son temps sur ses 32 hectares de terre où il s'occupe de sa ferme et des animaux, les vaches, la jument, le chien, mais aussi et surtout de ses ruches.
Le travail s'accomplit au rythme de la météo et des traditions.
D'un point de vue alimentaire, Louise et Baptiste s'auto-suffisent à eux même et la charge de travail est telle qu'elle laisse peu de temps à Baptiste pour les rencontres amoureuses au grand dam de sa mère qui souhaiterait absolument le voir marié.
Et pourtant, de désir il ne manque point le Baptiste.
Alors il se satisfait d'aventures faciles avec qui le veut bien.
Mais le travail de la terre de nos jours nécessite un tracteur et c'est ce tracteur même, outil de la modernité qui va, dés le premier chapitre, planter le décor de l'histoire en amputant Baptiste d'un bras.
Depuis son lit d'hôpital, Baptiste fait alors le point sur ce que sera sa vie d'après l'accident, analysant son passé pour mieux prévoir l'avenir.

L'écriture est magnifique ! J'ai beaucoup aimé l'art narratif employé , empruntant le vocabulaire animalier pour décrire des scènes qui sous couvert de métaphores deviennent limpides comme de l'eau de roche.
La rudesse du monde paysan est évoquée avec une grande justesse et beaucoup de sincérité.
Si vous avez aimé " Grossir le ciel " de Franck Bouysse, vous aimerez ce superbe roman qu'est " le dernier des Baptiste "
Une bien belle plume que celle de Jean-Marie Chevrier qui me donne vraiment l'envie d'aller découvrir ses oeuvres précédentes.
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Un roman du terroir? Non, plutôt une peinture du monde paysan pas si lointaine et toute en nuances, en poésie, en couleurs et odeurs . il est touchant ce dernier des Baptiste , on ne peut que l'aimer sans condescendance. Un joli livre qui nous redonne le goût d'un terroir et de ses rigueurs, de ses saisons et de ses essentiels.
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Je viens de le terminer. Très bien. Il me parle ce livre. On y retrouve aussi de l'atmosphère de René Bazin, de la simplicité et du vrai. Quelques anecdotes assez salaces. La vente de l'épouse du voisin est très drôle. Baptise est une belle personne. Très réussi
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J'ai peu l'occasion de lire un roman ayant pour cadre la vie rurale. Ce roman m'a bien plu par son thème, l'écriture est simple, le dénouement n'est pas attendu, la narration est efficace, les personnages sont bien campés. Une belle atmosphère pour un charmant roman.
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Droit dans ses bottes

Ah la vie à la campagne...le monde paysan proche de la nature et des animaux...les gentils agriculteurs qui ont tellement de chance de vivre au calme en se nourrissant des produits de leurs fermes...

Ce roman va vous réveiller en sursaut de votre joli rêve bucolique. Parce que Baptiste, c'est un brave gars. Un vieux gars. Seul. Très seul. Enfin il a quand même sa maman avec qui il vit. Et il se sent libre Baptiste. Heureux de rien, content de peu. Mais il est tellement engoncé dans les conventions et les habitudes immuables de sa campagne qu'un mur s'est construit entre son existence et le reste du monde. Alors quand les circonstances l'obligent à faire face à ses congénères, il a du mal Baptiste. A faire semblant ; à faire comme tout le monde. Alors il fait comme il peut, avec son bon sens paysan qui est loin d'être la meilleure arme pour survivre dans notre société actuelle.
C'est triste et c'est drôle. Touchant et déprimant. Mais pas d'apitoiement à l'horizon, on reste droit dans ses bottes, avec Baptiste, même si elles pèsent aussi lourd qu'après une balade sous la pluie dans un champ fraîchement labouré.

Alors faut-il le lire ? Oui. Bonne petite bouffée de campagne, particulièrement recommandée pour les citadins.
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