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EAN : 9782226325747
248 pages
Albin Michel (30/03/2016)
3.62/5   17 notes
Résumé :

Une ferme d'un autre temps dans la Creuse. Quelques hectares, un troupeau, de modestes ruches : Baptiste, comme se prénommaient son grand-père et son arrière-grand-père, est le dernier des Lamy.

Survivant d'une civilisation millénaire où l'homme ne faisait qu'un avec la nature malgré les vicissitudes des bourrasques, les brûlures de l'été et les morsures du gel, il se découvre l'ultime témoin d'un univers qu'il croyait immuable. Sans autre fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Sylvie Germain répondait, dans son entretien publié par Babelio, à la question « Et en ce moment que lisez-vous ? », «Je viens d'achever la lecture d'un excellent roman récemment paru Le dernier des Baptiste de Jean-Marie Chevrier. »
Comme j'aime particulièrement Sylvie Germain, j'ai eu envie de lire ce livre et je ne le regrette pas.

Louise et son fils Baptiste exploitent une ferme isolée à la lisière de la Haute Vienne et de la Creuse. Ils vivent comme un vieux couple depuis la mort du père Edmond, le seul de la lignée à ne pas se prénommer Baptiste.
La maison des Lamy était « la dernière en sortant du hameau des Estives. Elle était isolée. C'était un avantage de ne pas être prisonnier de mitoyennetés ancestrales, d'encastrements incompréhensibles… », « intrication qui avait entraîné des familles dans des querelles obscures… ». le hameau se situait non loin des Grands Chezeaux.

L'accident où Baptiste va perdre un bras vient bouleverser douloureusement l'ordre établi. L'inattendu fait irruption dans leur vie et avec lui le risque de tout perdre. Même lorsque Louise souhaite que son fils trouve une femme, elle veut garder le contrôle et lui ne sait pas non plus comment se comporter, il ne peut rompre, s'en aller, attaché qu'il est à sa terre et avec elle à la lignée dont il descend. La terre, la propriété entretenue et développée par plusieurs générations, doit être préservée. Mais que va devenir la propriété s'il n'a pas de descendance… Les femmes qu'il rencontre sentent bien qu'elles ne représentent qu'un ventre d'où sortira le prochain Baptiste. Et pourtant il voudrait changer…

« Si la plupart du temps, dans les familles ou chez les individus, on redoute l'imprévu, Baptiste au contraire attendait qu'un évènement vienne bouleverser sa vie. Mais son pays était en paix, les lois le protégeaient, sa santé était florissante, il n'avait rien à craindre. Il se levait chaque matin avec, devant lui, une journée prévisible.
(…) Il se réfugiait derrière ses bêtes. « Si je pars, qui va nourrir les vaches et la jument ? »
Il vivait dans une répétition monastique. » p 115-116

Quand Baptiste va revenir après deux mois d'hôpital, avec un bras en moins leur vie va basculer. La mère et le fils vont répondre à ce coup du destin, qui va les contraindre à se délester de ce qui faisait leur vie, de manière opposée.
La vie de Baptiste va progressivement prendre un nouveau tournant. Quelques indices semés au cours du récit laissaient entrevoir son désir de mettre en oeuvre un projet qui soit bien à lui. Il ne se résout pas à disparaître sans avoir enfin réaliser un rêve. Et la fin de ce roman lui donne une coloration fantastique.
Merci à Sylvie Germain pour la découverte de cet auteur.
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Roman qui apparait comme terroir par son bandeau : Un chemin de terre qui nous amène à une ferme à l'ancienne avec une photo légèrement estompée, mais qui n'est pas que ça.
Après on rencontre Baptiste avec la même veste depuis 20 ans dont sa mère prend grand soin. Une veste effilochée au poignet qui provoquera l'accident et la perte d'un bras... Et voilà que Baptiste nous déroule sa vie, celle d'un agriculteur solitaire qui vit encore à l'ancienne alors qu'autour de lui le monde commence à changer. Mais pour lui c'est le travail, la passion des abeilles et un besoin de trouver une femme, pour ne pas continuer à vivre ainsi - avec maman - et des besoins charnels qui le poussent à oublier sa timidité.
Voilà un roman qui nous raconte ce monde paysan avec une justesse étonnante. Pas de grande effusion, juste un homme qui dit ses douleurs, ses petits besoins, et sa surprise devant ce monde qui le met à l'écart. L'accident le projettera dans une autre dimension. On ne peut être paysan et manchot... Tout s'écroule autour de lui.
Joli roman " Que leur restait-il pour dire leur vie? "
E si c'est le travail qui les avait tenus envie tout se délite peu à peu. Baptiste raconte son combat.
Un roman d'atmosphère qui nous met au coeur d'un monde qui a disparu. Si la fin m'a un peu moins convaincue j'ai aimé cette histoire et découvrir la plume de Jean-Marie Chevrier. Il y a une certaine douceur dans ces lignes et une âpreté digne de cette histoire de terre et hommes avec la présence de quelques figures de femmes. Un autre combat pour Baptiste.
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Le dernier des Baptiste c'est aussi la fin d'une époque... Celle des paysans qui vivaient isoler, loin de tout, souvent solitaire et vieux garçon.
Baptiste c'est le dernier d'une lignée qui porte tous le même prénom, c'est aussi un paysan qui voit les stabulations se multiplier autour de lui, ainsi que les créations de GAEC. Lui pour l'instant vit dans une petite ferme de la Creuse avec sa mère vieillissante qui espère bien un jour le marier ce garçon.
le roman commence par l'accident de Baptiste, le bras happé par la courroie du tracteur. Ensuite c'est une longue réminiscence de cette vie un peu à part. L'amour des terres, un troupeau de vaches, la passion des abeilles et puis aussi les rencontres d'un jour, pour espérer fonder une famille...Avec la présence forte des mères qui décident, trament pour des idylles impossibles car les filles rêvent d'une autre vie que celle au cul des vaches.
Après ce sera le combat de Baptiste, devenu manchot. Une amputation qui en génère une autre, celle d'une vie à jamais terminée avec la vente de ce qui était son gagne-pain.
C'est dans la Creuse nous dit l'auteur, mais cela pourrait être n'importe où dans les petits territoires... Bien que ce monde ne doive plus beaucoup exister.
Jean-Marie Chevrier nous décrit d'une écriture précise et lente l'histoire de ce monde paysan qui se délite. C'est le visage d'une France paysanne qui a disparu mais faut-il le regretter quand on voit la détresse de ce personnage, timide et empêtré dans un quotidien sans surprise, qui se contente de peu : Toujours le même modèle de veste, acheté au camion, un verre au bar du coin, le bal par obligation et une sortie à Vichy avec le club des anciens.
Un roman hommage, qui nous parle avec beaucoup d'humilité de cette nature que l'on ne prend plus le temps de regarder.
C'est un livre qui se lit sans passion, mais avec une certaine curiosité on y découvre une époque, pas si lointaine, comme une suite de tableaux. Belle hommage que ce roman, l'histoire est lourde comme les pas de ces hommes écrasés par une vie de labeur.

Roman choisi pour le thème, il devrait plaire aux lecteurs de la bibliothèque. Merci à babelio pour ce masse critique et à Albin Michel de l'envoi.
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Je ne qualifierai pas ce livre de roman du terroir, qui pour moi idéalise un mode de vie traditionnelle d'autrefois .
Ce roman, est plutôt une peinture de la réalité des campagnes actuelles, qui nous aide à comprendre les difficultés, la solitude, le décalage avec la société moderne, l'isolement, la méfiance de ce monde agricole vis à vis de l'administration lointaine.
Je viens de ces campagnes, petits domaines, terres morcelées, agriculture extensive, absence de confort. Mon père me disait dans les années 1960 : faites des études, abandonnez la campagne, ce métier est trop dur, et ça sera de pire en pire.
Comme il avait raison.
Ce roman est sobre, peu de paroles, journées bien remplies, gestes précis, quelques amitiés. L'ambiance est là, les poules, les vaches, la météo, les machines, puis survient l'accident. Baptiste est un personnage attachant, on le comprend, mais on ne peut pas l'aider. Un jeune couple arrive, avec des idées modernes de de grandes ambitions.
On sent bien le désarroi de Baptiste, il est impuissant, ne lui restera que le rêve.
Beau sujet, belle histoire, qui se termine un peu comme une fable, et un auteur à lire.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour m'avoir permis de découvrir ce roman et cet auteur Jean-Marie Chevrier en m'envoyant ce livre.
Albin Michel qui me déçoit rarement pour ne pas dire jamais et qui a l'art de dénicher des perles.

Ce livre nous invite au voyage dans la campagne profonde française, dans un petit village de la creuse au travers de l'histoire de Baptiste, paysan célibataire, un peu bourru et taiseux, qui vit avec sa veuve de mère prénommée Louise.
Baptiste, la quarantaine bien tassée, passe son temps sur ses 32 hectares de terre où il s'occupe de sa ferme et des animaux, les vaches, la jument, le chien, mais aussi et surtout de ses ruches.
Le travail s'accomplit au rythme de la météo et des traditions.
D'un point de vue alimentaire, Louise et Baptiste s'auto-suffisent à eux même et la charge de travail est telle qu'elle laisse peu de temps à Baptiste pour les rencontres amoureuses au grand dam de sa mère qui souhaiterait absolument le voir marié.
Et pourtant, de désir il ne manque point le Baptiste.
Alors il se satisfait d'aventures faciles avec qui le veut bien.
Mais le travail de la terre de nos jours nécessite un tracteur et c'est ce tracteur même, outil de la modernité qui va, dés le premier chapitre, planter le décor de l'histoire en amputant Baptiste d'un bras.
Depuis son lit d'hôpital, Baptiste fait alors le point sur ce que sera sa vie d'après l'accident, analysant son passé pour mieux prévoir l'avenir.

L'écriture est magnifique ! J'ai beaucoup aimé l'art narratif employé , empruntant le vocabulaire animalier pour décrire des scènes qui sous couvert de métaphores deviennent limpides comme de l'eau de roche.
La rudesse du monde paysan est évoquée avec une grande justesse et beaucoup de sincérité.
Si vous avez aimé " Grossir le ciel " de Franck Bouysse, vous aimerez ce superbe roman qu'est " le dernier des Baptiste "
Une bien belle plume que celle de Jean-Marie Chevrier qui me donne vraiment l'envie d'aller découvrir ses oeuvres précédentes.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Louise vécut l’absence de Baptiste comme un second veuvage … un sentiment de vide éternel tomba sur la maison.
(…) Elle passa les premiers jours de solitude à regarder les champs qui s’étendaient derrière le potager. Pour la première fois elle découvrait un paysage où ses yeux n’avaient vu jusqu’alors qu’une suite de prairies ou de terres qui appartenaient à un tel ou tel. Où il fallait se rendre pour effectuer un travail. Elle voyait des figures géométriques, des triangles, des carrés, des losanges, que cerclaient des murets de pierre sèches et, dans l’herbe qu’elle coupait pour ses lapins, des plantes incroyablement différentes auxquelles elle n’avait jamais prêté attention. Elle s’attarda sur les détails qui les composaient : la forme des feuilles et des corolles, leurs couleurs, leurs odeurs, leur infinie variété, leur grande délicatesse. Elle eut presque pour ce paysage un regard de peintre ou de botaniste. Elle éprouva pour lui un intérêt sentimental. Elle se l’interdit. Cette vision était une faiblesse, une fragilité causée par le choc de l’accident et par la solitude qui régnait maintenant sur la propriété.
« Propriété » était le maître mot. Tout autre n’était que verbiage dont il fallait se défier…
(…) Aussi, chassant d’un revers de main l’éblouissement qu’elle venait d’éprouver devant la profusion de cette nature qui échappait à son pouvoir, Louise rentra-t-elle dans sa cuisine et ferma la porte à clé. Elle devait réfléchir. Qu’allaient-ils devenir ? p 22-23
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Il fallait pourtant que le désespoir s’exprime alors qu'on venait de les priver des efforts qui les avaient tenus en vie en s'échinant sur ses terres maigres qu'ils avaient cru leur appartenir mais qui n'avaient jamais été à personne.
(...)
Ils avaient cru se les approprier alors qu'elles étaient passées de main en main avec une belle indifférence. Qu'elles avaient vu avec la même indifférence disparaître les bêtes qui leur broutaient le dos depuis le rhinocéros laineux jusqu'à la charolaise.
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Epigraphe
Oui, on a beau dire, il est difficile de tout quitter. Les yeux usés d'offenses s'attardent vils sur tout ce qu'ils ont si longuement prié, dans la dernière, la vraie prière enfin, celle qui ne sollicite rien.
Samuel Beckett, Malone meurt
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Quand aux bottes, bien que basses, elles avaient sur ses longues jambes un potentiel de cuissardes.
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Videos de Jean-Marie Chevrier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Chevrier
Jean-Marie Chevrier Auteur et lecteur. Madame, Albin Michel, 2014 ; le Dernier des Baptiste, Albin Michel, 2016 ; La Compagnie d'Ulysse, Albin Michel 2017. Membre du comité littéraire des Recontres 2021.
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