Une petite musique de fond, un film un peu flou mais familier.
Pendant cette semaine, j'ai vécu avec les personnages, dans le château de
Madame, avec les derniers, et leur fils, Guillaume.
Guillaume, que
Madame appelle Will, que
Madame confisque chaque jour pour lui donner des leçons de maths, de littérature, d'histoire, pour faire de lui un petit gentilhomme pour gentilhommière. Guillaume, sous la férule de
Madame, devient chaque jour un peu plus le remplaçant de l'autre, de celui qui est mort, de ce fils qui n'est plus.
Madame ne semble pas avoir de chagrin, de sentiments, ou de vie, tout est figé dans le château comme dans ses veines.
Les parents de Guillaume voient d'un mauvais oeil cette relation, et ne comprennent pas pourquoi
Madame fait des cadeaux à Guillaume, et lui apprend toutes ces choses qu'eux-mêmes ne savent pas. Comme si elle voulait le leur voler, l'élever hors du sol où ces fermiers se tiennent pour l'emmener dans ses sphères à elle.
Madame est-elle simplement bonne et généreuse, veut-elle seulement donner à Guillaume, ce qu'elle ne peut plus offrir à l'autre enfant, le disparu ?
Ce roman m'a entraînée, et perdue comme au milieu d'une forêt, mais c'était agréable d'être perdue ainsi. A cet égard, on est dans un flou total quant à l'époque où se situe l'action, et c'est encore une qualité car cette intemporalité vient souligner le plus important : les caractères, les sentiments. J'étais presque choquée de croiser le mot « ordinateur », tant j'avais intégré l'anéantissement du temps et de la durée !
Madame est un roman à la psychologie simple et subtile : sa force réside dans les petits détails, dans la vanité des uns, la colère, la curiosité, la jalousie, l'envie, autant de petites piques qui viennent tracer un chemin qui mènera irrémédiablement à la chute.
La chute. Exactement.