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Citations sur Sur le rivage (11)

«Je découvre la persistance de ce que, Francisco et moi, nous aurions appelé en d'autres moments la lutte des classes. Mais c'est impossible : la lutte des classes s'est évaporée, s'est dissoute, la démocratie a été un solvant social : tout le monde vit, achète et va à l'hypermarché, au comptoir du bar et aux concerts sur la place qu'offre la mairie, et tous parlent en même temps, les voix mêlées, comme dans les réunions tumultueuses dont se souvenait mon père, au Tivoli, un cinéma, on ne perçoit pas le bas et le haut, tout est embrouillé, confus, et cependant un ordre mystérieux règne, c'est ça, la démocratie".
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Arriver à te faire aimer par quelqu'un qui te méprise ou te laisse indifférent est bien plus difficile que de le descendre à coups de trique. Les hommes frappent par impuissance. Ils croient pouvoir obtenir par la force ce qu'ils n'arrivent pas à obtenir par la tendresse, par l'intelligence.
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Le plus grand gaspillage de la nature, économiquement parlant, c'est la vie humaine : quand on a le sentiment qu'on pourrait commencer à tirer un bénéfice de ce qu'on sait, on meurt, et ceux qui viennent après recommencent tout de zéro. De nouveau apprendre à marcher à l'enfant, le conduire à l'école et l'amener à faire la différence entre une circonférence et un carré, le jaune et le rouge, le solide et le liquide, le dur et le mou.
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Ne nous faisons pas d'illusions, un homme n'est pas grand chose. De fait, il y en a tellement que les gouvernements ne savent plus quoi en faire. Six milliards d'êtres humains sur la planète et seulement six ou sept mille tigres du Bengale, tu peux me dire qui a le plus besoin de protection ? Choisis qui a la préférence dans la tête des gens. Oui, toi, choisis. Un Noir, un Chinois, un Ecossais qui meurt, ou un beau tigre assassiné par un chasseur.
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Je pense que les gens sucent la bite des autres parce qu'ils ne peuvent pas leur sucer la moelle. Survivances du cannibalisme. Tu n'as pas remarqué qu'on arrête pas de se mordre quand on baise? Et pendant qu'on tire son coup, on dit mange-moi tout entier, et moi, je vais te manger, toi.
p.89
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Hier, je lisais le journal : inondations au Pakistan, je ne sais combien de milliers de morts ; après, nouvelles d'Afghanistan : un autobus fait un tonneau et tombe dans un ravin, trente morts de plus, et en Irak : explosion d'une bombe devant un commissariat , encore cinquante à terre. Tout le même jour. Au milieu de ce flot de nouvelles, j'ai entraperçu dans l'attentat irakien comme une sorte d'effort volontariste et candide ; je me suis dit que je ne voyais pas pourquoi ces mômes s'obstinaient à organiser des attentats, puisque Allah s'arrangeait pour tuer ce qu'il lui fallait tout seul.
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(...) Les Marocains, ses copains maçons qui il y a quelques années, buvaient, fumaient et faisaient tourner le pétard avec les Espagnols de l'équipe dans laquelle ils travaillaient se déclarent pratiquants, refusent d'un air offensé le litron de bière(...)Ils n'assistent pas au repas de fin de chantier ou alors exigent un menu hallal. Certains réclament des modifications d'horaires pendant le ramadan. Hamak et khamak. Ânes et fous. Ahmed les appelle. Arabes et chrétiens ne se fréquentent que pour voir qui va enculer l'autre.
p.16
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La douleur de la perte - je ne serai jamais propriétaire de rien - et cette paix qui semble m'envahir n'ont rien à voir avec le repos de la mère qui a enfin accouché : l'expérience qu'elle vit, c'est que ce qui a été une partie d'elle, qui a respiré et vécu en elle, se met soudain à respirer tout seul, à bouger de manière autonome, vit par lui-même. Le vide qui reste en elle est le début de quelque chose, un renoncement actif, tandis que moi, je vis une fin : les planches empilées, les machines arrêtées, l'atelier silencieux, j'ai continué à les voir, alors que je ne pouvais plus entrer dans l'atelier pour cause de scellés posés sur les portes destinés à m'empêcher d'emporter le matériel, comme si on pouvait emporter un chargement de planches là où je vais. Je ne pouvais pas descendre à l'atelier, je m'en fichais, je fermais les yeux et je voyais tout, pas seulement les machines, l'équipement, la pièce vitrée à laquelle on accède par un escalier mobile, les classeurs et le bureau sculpté de mon grand-père ébéniste, ou de mon père menuisier qui voulait être sculpteur, je n'ai jamais pu savoir avec certitude qui l'a sculpté, ni pourquoi c'était un secret. Je voyais chaque objet entreposé, chaque planche : j'ai une sacrée mémoire photographique qui m'a aidé à me repérer pendant toutes ces années, à tout trouver sans difficulté dans le fouillis de l'atelier, et qui maintenant m'aide à me sentir malheureux : et tout ce que je vois, ce n'est pas ce que j'ai tiré de moi pour l'offrir à la vie, mais ce que j'ai enterré.
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Et tu te débarrasses de toi, justement parce que tu te ressembles trop. (...) On se suicide parce qu'on est celui qu'on est et pas celui qu'on voudrait être, on se titre une balle parce qu'on ne se supporte pas. Par simple haine. Pour résister, pour rester vivant, il faut une bonne dose d'idéalisme. Savoir se mentir à soi-même. Les seuls à survivre sont ceux qui réussissent à croire qu'ils sont ce qu'ils ne sont pas.
p.86
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...depuis toujours, le grand pêché a été de détruire ce qui est éternel (on ne pardonne pas les pêchés commis envers le Saint-Esprit), et ce qui est éternel dans notre société matérialiste, ce n'est plus Dieu, (...) maintenant le grand sanctuaire de la divinité c'est la nature: plonger dans l'eau et la boue des toiles asphaltiques, de la matière bitumineuse, des fibres de verre, des asbestes cancérigènes nous semble plus impardonnable que les meurtres (...)
p.48
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