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Ce livre est pour moi la suite logique de “Cremation”. Dans Cremation Chirbes avait decrit le boom immobilier qui avait sevi sur les cotes mediterraneennes de l'Espagne et ses effets sur la population. L'emprisonnement de villages cotiers par des lotissements de maisonettes degradables apres un premier usage, vendues a de pales Nordiques qui identifient soleil, chaleur, et paradis; lotissements qui entraineront inondations recurrentes et decharges sauvages, asphyxiant les villages et polluant tout l'habitat. Et il avait excelle a instiller toutes les magouilles et les enrichissements veloces, pas toujours nets, qui accompagnaient ce boom.

Dans “Sur le rivage” la bulle immobiliere a eclate, et c'est la crise. Crise economique mais aussi crise sociale et morale. Chirbes fait le constat, amer, de la degradation des relations entre les classes, entre voisins, au sein meme des familles. Il porte un jugement acrimonieux sur le cynisme de ceux qui, enrichis par le systeme, se desolidarisent de leurs concitoyens. Et Chirbes díroniser sur les nouveaux riches, ceux qui s'étaient faits marchands de reves, qui se gorgent de mots et d'adjectifs pour qualifier des oeuvres (d'art?) qu'ils ne comprennent pas, ou des vins chers (donc reputes) dont ils ne font pas la difference avec la piquette du coin. Ceux a qui Chirbes rappelle la douteuse, pour ne pas dire honteuse, origine de leur fortune.

Tout cela a travers la lente degradation d'un des laisses pour compte, d'un de ceux qui n'ont pas su ou pas voulu profiter de la manne, cet aliment qui disparait aussi vite qu'il est descendu du ciel. J'ai ete touche par les longs monologues interieurs de ce menuisier qui ressasse la ruine de sa petite affaire familiale, la ruine de ses reves et sa ruine morale. Il ne cesse d'en chercher les raisons, autant dans son manque de competences et d'ambition, dans ses incapacites affectives, que dans les decombres de valeurs qui ont regi une societe, un temps. Victime et bourreau, il se plonge dans cet abime, dans ce marecage puant ou sont enfouis tant de delits, qui a lave en fait tant de consciences privees et publiques. Et le marais n'est pas que dans sa tete. Il existe, et notre menuisier se complait a s'y promener. le marais fait partie de ses meilleurs souvenirs d'enfance et de se spires cauchemars. Il est le commencement de sa vie et sa fin. Il est l'odeur de sa vie. Son parfum et sa puanteur.

Mais je n'ai pas trop aime les digressions ou Chirbes fait parler – longuement, trop longuement - les partenaires de ce menuisier pendant les parties de cartes ou de dominos au café. Sans ces "digressions" (le sont-elles vraiment?), qui alourdissent un peu le livre, j'aurais aime le qualifier de chef-d'oeuvre.

Cela reste quand meme une des grandes oeuvres de l'auteur. Et Chirbes reste a mes yeux un des plus grands espagnols, a cheval entre les XXe et XXIe siecles. Mort trop tot, a 66 ans, il n'aura pu recevoir le prix Cervantes, l'ultime consecration hispanique. Je le lui accorde, moi, a titre posthume.



Rafael Chirbes est mort peu après avoir publie Sur le rivage. de maladie dit-on. D'un cancer. Rumeurs destinees a cacher la verite. La verite c'est qu'on l'a tue. On l'a descendu. On lui a regle ses comptes. Mais qui est, ou qui sont, derriere ce meurtre?
Suspect no. 1: le gouvernement de droite; avec Rajoy a sa tete, qui sevissait alors. Il ne pouvait supporter une description tellement desenchantee, tellement desesperante de l'etat du peuple qu'il dirigeait. La relation de Chirbes ajoutait de l'eau au moulin de l'insatisfaction. Il fallait l'eliminer.
Suspect no.2: Les marchands vendeurs de reves aux pales habitants du Nord de l'Europe. Ceux qui identifient soleil, chaleur, et paradis. Chirbes ne se lasse pas d'ironiser sur leurs parquements, dans des endroits sujets a des inondations recurrentes, ou on batit pour eux, pres de decharges sauvages, des maisonnettes degradables au premier usage. Ils devaient l'eliminer.
Suspect no.3: Son principal personnage. Il n'a pu supporter de voir sa decheance etalee au grand jour. Dans un acces de rage il l'a elimine.

Trop de suspects. Pour un homme qui n'est pas vraiment mort. Car il me faut le dire clair et fort: Chirbes est immortel. Son dernier livre aussi

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Sur le rivage commence comme un polar lorsqu' un corps est découvert dans une petite ville d'Espagne et que cette découverte va servir de révélateur à la population de la ville. mais devient assez vite une chronique sociale sur la crise financière et sur cette société profondement meurtrie par le chômage et la désillusion.

Portrait sans concession d'une société et d'hommes qui n'arrivent plus à avancer et dont la misère économique rend plus forte la haine et la ségrégation, sur le Rivage est un peu des souris et des hommes des années 2010 avec pour personnage principal un menuisier qui a tout perdu.

Magnifique récit sur la crise espagnole . L'aveuglement de l'argent facile et le désespoir qui suit .Une écriture pleine qui montre bien la responsabilité de chacun dans cette catastrophe . La naïveté confondante de l'homme qui ne veut pas comprendre que les arbres ne montent pas au ciel . Ce roman d'athmosphère dans les marais de la catalogne de la crise où l'on se meurt doucement est un beau roman, à la plume élégante et racée, et plus qu'un simple polar est un vrai et grand livre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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En cette année 2010, deux ans après le début de la crise économique, l'Espagne a pris des allures de chantier fantôme. le long de la côte proche de la ville d'Olba, entrepôts abandonnés et chantiers inachevés se succèdent.

«Cinq ou six ans en arrière, tout le monde travaillait. La région entière, un chantier. On aurait dit qu'il n'allait plus rester un centimètre carré sans béton ; actuellement, le paysage a des allures de champ de bataille déserté, ou de territoire soumis à un armistice : des terres envahies d'herbe, des orangeraies converties en terrain à bâtir ; des vergers à l'abandon, le plus souvent desséchés ; des murs renfermant des morceaux de rien.»

D'origine modeste et ayant espéré profiter de la spéculation, Estéban est ruiné par l'éclatement de la bulle immobilière, et la menuiserie artisanale qu'il dirigeait, héritage de son père, est mise en faillite. Il n'a pas réussi à s'échapper de l'influence tyrannique de ce père, vieillard invalide proche de l'agonie, anéanti par sa défaite dans la guerre d'Espagne, par ses années d'emprisonnement, incapable d'aimer même ses propres fils et tyrannisant le dernier d'entre eux resté à ses côtés.

«Bien que tes obsessions politiques ne m'aient jamais intéressé, je reconnais avoir hérité de toi quelques centilitres de ce venin : n'attendre de l'être humain que le pire, l'homme : une fabrique de fumier à différents niveaux de maturation, un sac mal cousu de saloperie, disais-tu quand tu étais de mauvais poil (en réalité, tu disais un sac à merde).»

Le lieu du roman, rivage et marais, reflète cet entre-deux où se trouvent Estéban et l'Espagne. À l'arrière de la ligne du rivage envahi de béton il y a ces marécages entourés de roseaux, parsemés d'étangs qui luisent en fin de journée d'une lumière de miel, milieu naturel fragile pollué par les décharges d'ordures sauvages des industriels et de pouvoirs publics complaisants ou complices.

Démarrant comme un thriller au premier chapitre, le roman se déploie en monologues intérieurs, d'Estéban et des victimes de la faillite de la menuiserie, monologues aux flux lancinants et enchevêtrés à l'instar du réseau des cours d'eau des marais, dans lequel on peut lire l'idéal fracassé du père et sa haine pour le genre humain, l'amitié rivale depuis l'enfance d'Estéban avec Francisco, un des rejetons des vainqueurs de la guerre qui représente cette deuxième génération de prédateurs riche et enrichi encore, l'amour déçu d'Estéban et la consolation éphémère du sexe sordide avec les prostituées, immigrantes de la misère, et enfin et surtout les ravages de la crise économique et du passage du temps.

«Je découvre la persistance de ce que, Francisco et moi, nous aurions appelé en d'autres moments la lutte des classes. Mais c'est impossible : la lutte des classes s'est évaporée, s'est dissoute, la démocratie a été un solvant social : tout le monde vit, achète et va à l'hypermarché, au comptoir du bar et aux concerts sur la place qu'offre la mairie, et tous parlent en même temps, les voix mêlées, comme dans les réunions tumultueuses dont se souvenait mon père, au Tivoli, un cinéma, on ne perçoit pas le bas et le haut, tout est embrouillé, confus, et cependant un ordre mystérieux règne, c'est ça, la démocratie. Mais, tout à coup, depuis deux ans, on sent, on palpe la reconstruction d'un ordre plus explicite, moins insidieux. le nouvel ordre est visible, le haut et le bas bien nets : les uns trimballent fièrement leurs achats dans des sacs pleins à craquer, disent bonjour en souriant et s'arrêtent pour bavarder avec la voisine aux portes du centre commercial, d'autres fouillent les bennes à ordures dans lesquelles les employés du supermarché ont jeté les barquettes de viande qui ont dépassé la date, les fruits blets, les légumes fanés, les viennoiseries industrielles périmées. Ils se battent entre eux. Et moi, je ne sais pas qui je suis, où je suis, si je dois m'arrêter pour dire bonjour ou pour fouiller dans la benne à ordures, car s'il y a eu quelqu'un d'exploité dans cet atelier, c'est bien moi.»

Neuvième roman de l'auteur paru en 2013, à paraître aux éditions Rivages en janvier 2015 (traduction de Denise Laroutis), «Sur le rivage» est un très grand livre aux accents faulknériens, où Rafael Chirbes dévoile, sans aucun manichéisme, les désastres de la prédation du capitalisme, la désolation économique qui exacerbe les haines et le racisme, et la désorientation des naufragés du travail.

«Sûrement qu'il existe une justice distributive, vu que les familles les plus pauvres des pays les plus misérables sont les plus abondantes en cadavres. Elles n'ont pas d'argent ni de villa au Cap-Ferrat, elles ne profitent même pas d'un modeste plan de retraite, mais elles sont propriétaires d'une abondante variété de biomasse macabre : des morts que leur ont procurés des causes diverses, accidents du travail, overdose ou sous-alimentation, sida, cirrhose, hépatite C., violence de genre ou de rue ; des morts qui, dégoûtés de tout, se tirent une balle ou se pendent à un olivier. Les pauvres sont propriétaires d'un patrimoine varié de cadavres qu'ils défendent becs et ongles. Laissez les pauvres venir à moi, disait Jésus.»
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C'est pas mal, pas mal du tout même.

Mais qu'est-ce que c'est verbeux, long et statique. Alors oui, les auteurs espagnols contemporains aiment nous offrir des briques, de véritables pavés, mais le plus souvent, le style de la langue semble vous emmener dans une immense valse dont on ressort essoufflé, vu le rythme que prend l'histoire. Ici, on en sort un peu lassé, heureux d'avoir terminé.

Le propos est très actuel : l'Espagne en crise, le chômage, les faillites, les grues immobiles sur des chantiers qui n'avanceront plus. L'histoire de ce menuisier qui a tout perdu, mais n'a rien vécu, et qui nous raconte cette vie de riens, est attachante. La langue est belle aussi. Mais l'intérêt reste un cran en-dessous de ce que j'attendais.

Il faut dire que d'avoir compris au cinquième du livre comment l'histoire se terminerait, d'avoir relu, cinq fois, au moins, le bonheur d'avoir reçu de l'oncle un camion gagné à la baraque de tir de la foire qui ne repasse plus par ce village qui est mort, n'arrange pas l'enthousiasme du lecteur.

Donc oui, pas mal, pas mal du tout même, mais de là à dire comme le mentionne le quatrième de couverture que c'est un des plus grands écrivains de notre époque, ne nous emballons pas.
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En dressant, avec une précision et une acuité remarquables, le portrait d'un homme qui entame le crépuscule de sa vie, Rafael Chirbes parvient, ce faisant, à capter l'air d'une contemporanéité faite de désillusions, nourrie des traumatismes du passé.

Septuagénaire, Esteban est de ceux qui donnent le sentiment de passer à côté de l'existence, de subir les événements avec une passivité amère mais silencieuse.
L'investissement de ses maigres richesses dans l'un des projets immobilier de son ami Pedros a provoqué sa ruine, et la faillite de sa menuiserie, dont il a dû licencier l'ensemble du personnel. C'est de plus un homme seul, qui assiste l'interminable agonie d'un père tyrannique, hanté par son passé de républicain vaincu, avec lequel il a toujours entretenu des rapports dénués de toute affection.
Sa voix nous guide à travers un itinéraire qui peut sembler chaotique, au fil d'une narration qui, par son flux continu, confine à la lancinance, serpentant entre souvenirs et présent. le roman est majoritairement la transcription de ses pensées, où se mêlent l'amer constat de son dégoût des hommes et de lui-même, et la nostalgie douloureuse d'une histoire personnelle qui semble n'avoir été qu'une morne répétition d'échecs et d'inaboutissements.
Esteban ne voit plus de ses semblables que leurs lâchetés et leur hypocrisie, leurs trahisons et leur opportunisme, avec cependant davantage de tristesse et d'hébétude, que de réel cynisme.

A l'instar de ses pairs, ces presque vieillards qui continuent de se réunir au bistrot du village, il n'a de toute façon plus l'âge de refaire le monde, seulement celui de constater sa déréliction, ou plutôt l'éternelle déception que suscite l'agitation humaine. La page du franquisme et de sa haine fratricide à peine tournée, l'Espagne, après des années fastes symbolisées par un boom immobilier mal maîtrisé, subit de plein fouet les affres de la crise.

"Sur le rivage" évoque les symptômes d'une société malade de ses excès, à la fois tournée vers l'image et le culte du sensationnalisme, et plongée dans un marasme économique qui creuse le fossé entre les pauvres et les riches, réveillant de vieux réflexes de lutte des classes.

Le décor dans lequel évolue ses protagonistes, petite ville dont le marais a longtemps servi de dépotoir aux sites balnéaires alentour, traduit l'abandon, la misère, dégageant des relents d'espoirs déçus : vastes chantiers laissés à l'abandon, environnement pollué... à l'arrière d'une côte colonisée par les tours de béton, Olba végète, son marécage imposant d'écoeurants remugles qui ne dissuadent pas les pires victimes de la crise d'y pêcher quelques poissons.

Parmi eux, Ahmed, immigré marocain, au chômage depuis la fermeture de la menuiserie d'Esteban... le récit s'ouvre d'ailleurs sur le désoeuvrement moral qui ponctue ses journées de débrouille... Bon, là, je dois être en train de vous perdre : j'en étais à vous parler d'un roman basé sur la vie intérieure d'un ex chef d'entreprise de soixante-dix ans en grande souffrance psychologique, et je vous annonce soudain qu'il y est dans un premier temps question des vicissitudes d'un jeune maghrébin sans emploi...

En réalité, ma confusion est un peu à l'image du texte de Rafael Chirbes, qui peut parfois donner l'impression de lancer des pistes qu'il ne suit pas jusqu'au bout. Mais en fait peu importe, si "Sur le rivage" n'est pas un récit linéaire. C'est au contraire sa densité, alliée à sa narration en roue libre, rythmée sur les réflexions de ses personnages, qui lui confère originalité et richesse. C'est un roman qui s'apprivoise doucement, qui enveloppe peu à peu, et qui mérite largement qu'on lui accorde un peu de temps et beaucoup d'intérêt... Et puis l'ensemble dégage finalement une cohérence, un sentiment général d'accablement, d'injustice qui lie les destins de tous les héros.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Rafael Chirbes nous offre une vision réaliste: ses yeux acceptent ce qu'il voit de l'Espagne d'aujourd'hui. Et donc, finalement de l'Europe. A ne pas mettre entre toutes les mains. Prix de la critique et Prix National du récit.
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La lecture des 500 pages de " Sur le rivage" fut laborieuse. Et c'est un euphémisme...Certes Rafael Chirbes est certainement un grand écrivain (c'est du moins ainsi qu'il est considéré par les médias et beaucoup de lecteurs) mais dans ce livre ci j'aurais préféré qu'il le fut moins et que la lecture de son livre soit pour moi un plaisir et non pas un chemin de croix.
Ce n'est pas le sujet qui cloche : un instantané de l'Espagne post-crise des subprimes racontée par un artisan qui a tout perdu dans des spéculations foncières, mais la façon dont Chirbes le raconte. En effet le livre n'est qu'un long monologue de gémissements et de récriminations. le personnage principal, Esteban, est un artisan menuisier qui a eu la malheureuse idée d'investir une partie des fonds de son entreprise dans un projet immobilier piloté par un ami. La crise survenant, l'ami évaporé avec l'argent , la menuiserie familiale est contrainte de licencier et se retrouve en liquidation judiciaire.
L'auteur laisse alors la parole à Esteban mais aussi à d'autres protagonistes, les amis d'Esteban, ses anciens employés, des membres de sa famille. La plupart du temps c'est Esteban qui s'exprime. On découvre sa vie au fil des monologues . On fait aussi connaissance avec ses amis . C'est l'Espagne d'aujourd'hui qui transparait à travers tous ces monologues désenchantés : la spéculation effrénée , la corruption endémique, la destruction des anciennes communautés par l'égoïsme du chacun pour soi. Et toujours cette histoire de guerre civile qui passe mal. le père d'Esteban , communiste durant la guerre, a échappé de peu au peloton d' exécution . Ces évènements anciens ont durablement marqué l'histoire d'Esteban et de sa famille.
Ô toi lecteur qui entre dans ce livre abandonne tout espoir ! le premier chapitre du roman annonce déjà clairement la fin que l'on comprendra très vite au fil du monologue d'Esteban. Ce roman infuse une atmosphère mortifère . Longue énumération de griefs, de reproches, de gémissements, une plainte sans fin ponctuée de violentes diatribes à l'encontre du monde entier. "Sur le rivage" est un roman crépusculaire. Tous les personnages ne semblent agir qu'en fonction de leur intérêt propre. Ahmed le marocain immigré, comme Liliana la petite bonne colombienne ne sont pas meilleurs que d'autres sous prétexte qu'ils ont souffert dans leur pays. Dans cette Espagne en crise c'est maintenant la lutte de tous contre tous , préfiguration de ce qui nous attend dans ce monde ouvert où seuls les plus rapaces d'entre nous s'en sortirons. Ce que montre, en forme de pirouette cynique, le dernier chapitre du livre .
Ce n'est pas comme je le disais plus haut la noirceur du propos qui m'a posé problème dans ce livre, mais la forme qu'utilise Chirbes. Ses monologues enferment le lecteur dans un carcan étouffant. Souvent on doit revenir en arrière pour savoir "qui parle ? ". Dans le cours d'un monologue il est courant qu'un autre protagoniste prenne la parole ; il faut constamment rester sur ses gardes...ou revenir quelques pages en arrière pour vérification. Et c'est bien dommage car l'écriture en elle-même est souvent superbe. D'une puissance incandescente comme on pourra le constater dans les extraits que je ne manquerai pas de poster...plus tard.
A côté de ce roman nihiliste "Voyage au bout de la nuit " est presque un livre d'espoir. C'est dire.
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J'ai bien compris que j'avais affaire à un grand auteur au vue de sa maîtrise de l'écriture et à la qualité de sa narration, mais hélas je n'ai pas accroché du tout.
Les personnages sont très bien décrits et même bien approfondis psychologiquement, pourtant ça m'a demandé beaucoup trop d'effort pour rentrer dans chacun d'eux.
Un grand auteur certes mais pas de ceux vers qui je reviendrais.
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roman d'ambiance dans les marais de la catalogne de la crise où l'on se meurt doucement
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Olba : sud de l'Espagne. La crise a ravagé la région. de nombreuses famille sont au chômage, de toutes nationalités : Surtout des Sud-Américains ou des natifs du Maghreb. Les produits sont importés, les villages deviennent dortoirs. Esteban rumine ses idées noires, il s'occupe de son père grabataire. A 70 ans, il fait encore tourner la menuiserie familiale fondée par le grand-père, tué à la fin de la guerre civile, le père et l'oncle emprisonnés, leurs rêves brisés. le père a jalousement gardé son argent lentement amassé, gagné à la sueur de son front. de ses quatre enfants, Esteban est le seul à être resté. Il a investi l'argent du père dans une opération immobilière frauduleuse. Il a tout perdu, les biens sont sous scellés. Il entraîne les familles de ses employés dans le naufrage. Il se livre sans états d'âme, avec froideur. Très noir.
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