En gros, j’ai vite compris comment Diane, derrière un sourire jovial, était parvenue à un tel niveau de hiérarchie. C’était un requin. Un requin aux airs de mère Noël qui confectionne des gâteaux à la cannelle. Désolée, Diane, mais c’est la stricte vérité.
Ce froid qui vous glace les os, qui s’infiltre dans votre joli manteau acheté en solde auprès d’une marque plus ou moins luxueuse et qui, comble de l’arnaque, ne tient absolument pas chaud.
- Déjà ce sera le samedi entier, ensuite on sera cent quarante-trois… environ.
Il n'y a qu'un type comme lui pour dire " environ " après un chiffre aussi exact.
Et même si Tom reconnaît lui aussi qu'on n'a pas l'air super compatibles, on s'est laissé une deuxième chance. Enfin, lui m'a laissé une deuxième chance - c'est ce qu'il m'a dit.
" Il est temps de ne plus le gâcher".
La suite ?
- Ben oui, a renchéri Maëlys, on va faire les aisselles et les sourcils.
Là, j’ai cru mourir pour de bon. Mes dessous de bras, je les fais au rasoir, moi, ça me va très bien même si c’est pas parfait. Et si après le déodorant pique un peu, on s’y fait à la longue. Mais Maëlys m’a proposé la crème dépilatoire bio. Bon, eh bien, c’est pas encore au point… Bien entendu, une première couche n’a pas suffi.
- Tu as des poils résistants pour une peau si claire, m’a dit l’esthéticienne soi-disant professionnelle.
Maëlys a laissé agir la deuxième couche plus longtemps…
Résultat : si j’arrivais à baisser les bras au restau, ce serait un miracle.
Ca me brûlait encore plus que les jambes. L’étape déodorant allait sauter, pour le coup…
Vu comme je me tenais, on aurait dit que j’avais mis un pull en laissant le cintre dans le dos. Très sexy comme attitude. Avec ça, j’allais emballer Siegfried.
Le dicton « jamais deux sans trois » étant bien souvent approprié, il restait les sourcils. Maëlys a voulu rester dans les classiques, et puis, de toute façon, l’heure tournait, on avait perdu trop de temps entre mes jambes et mes aisselles. C’est donc à la cire chaude et à la pince à épiler qu’elle s’est attaquée à mon visage.
Je vous passe le récit, je détaillerai mieux dans la rubrique : j’ai une jolie ligne noire de sourcils désormais, mais encadrée de deux magnifiques boursouflures.
A priori, je suis allergique à ça aussi. Maë m’a dit que c’était normal, que tout le monde réagit ainsi, qu’il fallait juste que ça dégonfle.
- Mais ça prendra plusieurs heures, a-t-elle chuchoté.
- Quoi ?
Voilà comment j’ai rencontré Siegfried. Cramée de partout et le visage bouffi.
La vie en rose. Il faut parfois prendre du temps pour soi si on veut la voir de cette couleur.
- Mais il faudrait que votre magazine aime prendre des risques. C’est le cas ?
- Quel genre de risque ?
- L’ironie. Se tourner en dérision. Via une chronique qui testerait vos conseils, pas avec une blogueuse rémunérée en mode placement de produits. Non, grâce à une femme qui, chaque mois, testerait une nouveauté et dirait la vérité. Pas une convaincue, mais une novice qui s’exprime avec des mots à la portée de tous .
Mais mieux vaut une femme « nature », honnête et qui découvre la vie, comme moi, qu’une ayant tout vu, tout entendu.
Je n’y connais rien en fleurs donc ne me demandez pas de vous les décrire. Elles sont roses, rouges, même bleues, c’est tout ce que je peux dire. L’ensemble est plus qu’harmonieux et doit coûter bonbon.