[...] l’invraisemblable arrive plus souvent qu’on ne le pense.
Elle partageait un appartement avec deux autres jeunes filles. Les appartements à Londres , sont affreusement chers pour les jeunes.
Certains boulangers se vantent de produire des croissants français qui n'en sont pas. Certains les surgèlent, de nos jours, comme tout le reste. C'est la raison pour laquelle plus rien aujourd'hui n'a de goût.
- Qu'est-ce qu'elle est ? Putain ?
- Pas professionnelle.
- Ce qu'il est convenu d'appeler avec tact une femme à la cuisse légére ?
- Je dirais que c'est une bonne pâte, prête à faire plaisir à ses amis et connaissances.
Je me glissai de biais par la porte. S’y glisser de biais était impératif car les livres, entassés de façon précaire, empiétaient chaque jour un peu davantage sur l’allée centrale. Une fois à l’intérieur, on comprenait tout de suite que c’était l’imprimé qui régnait sur la boutique et non l’inverse. Se multipliant un peu partout et sans aucun contrôle apparent, les ouvrages avaient pris possession de leur habitat et profité de l’absence d’une main ferme qui, seule, aurait pu mettre le holà à cette reproduction sauvage. La distance d’un rayonnage à l’autre était si étroite que la librairie en devenait difficilement praticable. Les livres s’empilaient en équilibre précaire sur les tables et les étagères. Acculé dans un recoin, un vieillard au visage de poisson-lune et au chapeau de rapin était recroquevillé sur un tabouret. S’il avait autrefois tenté de faire barrage à cet océan de papier, la marée avait manifestement gagné la partie.
Parce qu'il manquait un clou, un fer fut perdu,
Parce qu'il manquait un fer, un cheval fut perdu,
Parce qu'il manquait un cheval, une bataille fut perdue,
Parce qu'il manquait une bataille, un Royaume fut perdu,
Et tout cela parce parce qu'il manquait un clou au fer d'un cheval
D'habitude, un assassinat chez une voisine ne passe pas inaperçu, concéda miss Waterhouse.
"Les voisins. Il faut que vous alliez parler avec eux. Que vous les ameniez à se confier, à s'épancher. Il faut vous intéresser à leurs antécédents. Mais par-dessus tout, il importe de les inciter au bavardage. Parce qu'en bavardant vous obtiendrez d'eux bien davantage que les réponses à vos questions : les gens qui bavardent sans trop songer à ce qu'ils disent laissent souvent échapper ce qu'ils prendraient bien garde de vous taire autrement".
CONNAISSEZ-VOUS CET HOMME ? Incroyable le nombre de gens qui pensaient l'avoir reconnu. Des filles qui arrivaient dans l'espoir de retrouver un père dont elles étaient séparées depuis des années. Une vieille femme de quatre-vingt- dix ans certaine de reconnaître sur cette photo son fils qui avait quitté la maison quelques trente ans plus tôt. Un nombre incalculable de femmes persuadées qu'il s'agissait de leur époux parti sans laisser d'adresse. Seules les soeurs semblaient jusqu'à présent moins préssées de retrouver leur frère.
« - Oh ! ça va, Nounou !
- Et ne m’appelez pas Nounou. Quel culot ! Je vous l’ai déjà dit.
- C’est votre faute. Vous n’avez qu’à ne pas me traiter comme un enfant.
- Cessez de l’être alors. Vous feriez mieux d’entrer et d’en finir. » (p.97)