Ils ne sont qu'eux dix,
tous ont quelque chose à se reprocher.
Sur l'île du Nègre,
la justice immanente
les punit l'un après l'autre.
Pour notre plus grand plaisir, nous cherchons le justicier
et quand la musique prend fin,
notre admiration de l'auteure est immense
et définitive.
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Je suis partagée entre l'envie de dire : "C'est le premier Agatha qu'il faut lire, c'est le meilleur !" et le charitable conseil : "Gardez le meilleur pour la fin car si vous commencez par celui-ci, les autres vous paraîtront (peut-être) fades".
En même temps, comme je suis loin d'avoir lu toute l'oeuvre d'Agatha Christie, je préfère me limiter à : "J'ai adoré, c'est ce livre qui m'a fait connaître son auteur et m'a poussée à lire d'autres opus. C'est un huis-clos saisissant et si vous ne deviez lire qu'un Agatha Christie dans toute votre vie, j'espère pour vous que ce sera celui-ci."
Challenge AGATHA CHRISTIE
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Nous avons tous des vécus littéraires, des attentes, des ressentis particuliers vis-à-vis de nos lectures. Chaque lecture est une expérience ; chaque critique une tentative, plus ou moins réussie, plus ou moins maladroite, pour relater auprès des autres ce que fut pour nous cette expérience. En cela, la critique s'approche de notre vérité particulière, jamais, jamais, jamais de la vérité générale.
Bien que chaque jour de plus en plus ridée, je n'avais encore jamais pris le temps de lire un quelconque roman d'Agatha Christie, dont on connaît par ailleurs la réputation. Toutefois, j'avais lu avec grand intérêt il y a quelques mois l'analyse de Pierre Bayard intitulée « Qui a tué Roger Ackroyd ? » à propos de la mécanique d'écriture de cette auteure.
Je n'étais donc pas tout à fait une lectrice naïve, mais je ne possédais aucune information concrète concernant cette oeuvre en particulier, Dix petits nègres, considérée par la communauté comme l'une de ses plus abouties. Si j'ai pris tant de précautions pour relater mon expérience de lecture, c'est justement parce que, à l'âge que j'ai, avec l'expérience de lecture que j'ai, avec l'éclairage décisif que constitue le livre de Pierre Bayard, j'ai deviné tout de suite qui était le coupable.
Or, dans ce genre de livre, connaître le fin mot dès le départ a quelque chose de rédhibitoire. Pourtant, j'affirme n'être ni une surdouée, ni une extralucide, ni une experte en intrigue policière, bien au contraire. En revanche, je suis particulièrement sensible et attentive aux mécaniques d'écriture, aux procédés de présentation des personnages.
Bon an, mal an, le contrat tacite sur lequel repose un roman policier de ce type consiste à faire du coupable l'un des premiers personnages présentés (on peut difficilement sortir d'un chapeau un inconnu à la toute fin d'ouvrage) et, si possible, faire de ce coupable le dernier qu'on pourrait soupçonner. En ce sens, ce n'est presque plus du roman, dans l'acception que je donne à ce mot, mais un jeu.
L'auteure ne va pas nous livrer une quelconque vision du monde, un quelconque arsenal stylistique autre que celui générant du mystère et de l'intrigue dans le but d'envoyer le lecteur sur de fausses pistes. On sait que les personnages ne vont pas évoluer et si épaisseur ils auront, elle viendra seulement d'un dévoilement progressif de leur passé, savamment caché au préalable pour créer ce fameux mystère.
Bref, cela s'apparente pour moi aux règles d'un jeu de plateau, plus tellement à ce que je considère comme et ce que j'attends de la littérature. Ce n'est pas le côté policier qui est en cause, car j'adore, par exemple des romans noirs comme Moisson Rouge de Dashiell Hammett ou encore et surtout un L. A. Confidential à la sauce James Ellroy.
Là, j'assiste à une sorte de bras de fer entre l'auteure et moi, qui consiste à essayer de me tromper en glissant de manière anodine des informations pertinentes, ou à me téléguider sur les rails de l'erreur en permanence. L'ennui, c'est que sachant cela, le lecteur ou la lectrice peut prendre les devants et surtout, surtout, sortie de l'intrigue, il ne reste, à mes yeux, plus beaucoup d'intérêt.
Je peux vous dire par exemple ce qui se passe à la fin des Raisins de la Colère, à la fin des Liaisons Dangereuses, à la fin d'Anna Karénine, ces romans auront toujours autant d'intérêt à être lus, par contre, si je vous dis maintenant qui est le coupable des Dix petits nègres, la lecture ne présente d'après moi plus aucun intérêt. Et en soi, si je lis, ce n'est pas pour jouer à la plus fine avec une auteure mais pour partager sa vision du monde, son expérience de la vie. Si j'ai envie de faire un jeu, eh bien, je prends un jeu et j'invite des amis, je ne prends pas un roman…
Car ici, sur le terrain purement romanesque, je reste sur ma faim. J'ai trouvé les personnages hautement caricaturaux et peu crédibles. Je me limiterai à un seul exemple, sous peine de dévoiler ce qui ne le doit absolument pas concernant cette œuvre. Prenons le cas du domestique : le brave gars vient de se faire butter sa femme et il reste parfaitement stoïque et continue à effectuer son service comme si de rien n'était.
J'avais plus l'impression d'avoir affaire à Nestor, le domestique de Moulinsart dans Tintin qu'à un authentique employé. (Sans parler, bien entendu de l'odeur des macchabées en décomposition dans les piaules qui ne semble déranger personne… Et vas-y que je te reprends un petit déjeuner avec tout le monde : « Beurre ou confiture sur vos toasts ? »)
En somme, globalement, ce livre est une déception pour moi. J'ai eu l'impression de lire un livre jeunesse alors que j'espérais autre chose. Ma déception provient peut-être plus des attentes que j'avais échafaudées que du livre lui-même, je ne sais pas. J'en lirai sans doute un autre pour me forger une opinion moins monolithique, mais si le désappointement se confirme, à l'âge auquel j'arrive, j'en resterai là avec Agatha Christie. Bien entendu, cet avis n'est que le reflet de mon expérience personnelle à un instant t, et, sorti de là, il ne signifie pas grand-chose.
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Dix petits Nègres s'en allèrent dîner.
L'un d'eux s'étrangla et il n'en resta plus que
Neuf.
Neuf petits Nègres veillèrent très tard.
L'un d'eux oublia de se réveiller et il n'en resta plus que
Huit.
Huit petits Nègres voyagèrent dans le Devon.
L'un d'eux voulut y demeurer et il n'en resta plus que
Sept.
Sept petits Nègres cassèrent du bois avec une hachette.
Un se coupa en deux et il n'en resta plus que
Six
Six petits Nègres jouèrent avec une ruche.
Un bourdon piqua l'un d'eux et il n'en resta plus que
Cinq.
Cinq petits Nègres étudièrent le droit.
L'un d'eux devint avocat et il n'en resta plus que
Quatre.
Quatre petits Nègres s'en allèrent en mer.
Un hareng saur avala l'un d'eux et il n'en resta plus que
Trois.
Trois petits Nègres se promenèrent au zoo.
Un gros ours en étouffa un et il n'en resta plus que
Deux.
Deux petits Nègres s'assirent au soleil.
L'un d'eux fut grillé et il n'en resta plus que
Un.
Un petit Nègre se trouva tout seul.
Il alla se pendre et il n'en resta plus
Aucun.
Dix petits Nègres s'en allèrent dîner.
L'un d'eux s'étrangla et il n'en resta plus que
Neuf.
Neuf petits Nègres veillèrent très tard.
L'un d'eux oublia de se réveiller et il n'en resta plus que
Huit.
Huit petits Nègres voyagèrent dans le Devon.
L'un d'eux voulut y demeurer et il n'en resta plus que
Sept.
Sept petits Nègres cassèrent du bois avec une hachette.
Un se coupa en deux et il n'en resta plus que
Six
Six petits Nègres jouèrent avec une ruche.
Un bourdon piqua l'un d'eux et il n'en resta plus que
Cinq.
Cinq petits Nègres étudièrent le droit.
L'un d'eux devint avocat et il n'en resta plus que
Quatre.
Quatre petits Nègres s'en allèrent en mer.
Un hareng saur avala l'un d'eux et il n'en resta plus que
Trois.
Trois petits Nègres se promenèrent au zoo.
Un gros ours en étouffa un et il n'en resta plus que
Deux.
Deux petits Nègres s'assirent au soleil.
L'un d'eux fut grillé et il n'en resta plus que
Un.
Un petit Nègre se trouva tout seul.
Il alla se pendre et il n'en resta plus
Aucun.
Si la maison avait été une vieille demeure aux parquets qui craquent, aux ombres menaçantes et aux épais murs lambrissés, elle aurait pu avoir quelque chose d’inquiétant. Mais cette maison-là était l’essence même de la modernité. Pas de recoins sombres… pas d’éventuelles portes dérobées… La lumière électrique inondait tout- tout était neuf, net et brillant. Rien à caché, rien de secret. Un lieu dépourvu de mystère.
Et, paradoxalement, c’était ça le plus effrayant…
Sur le palier, ils se souhaitèrent une bonne nuit.
Chacun entra dans sa chambre – et chacun, presque sans en avoir conscience, ferma sa porte à double tour…
"Une île, ça avait quelque chose de magique ; le mot seul frappait l'imagination. On perdait contact avec son univers quotidien - une île, c'était un monde en soi. Un monde dont on risquait parfois - qui sait ? - de ne jamais revenir."
Ten little nigger boys went out to dine
One choked his little self, and then there were nine.
Nine little nigger boys sat up very late
One overslept himself, and then there were eight.
Eight little nigger boys travelling in Devon
One said he'd stay there, and then there were seven.
Seven little nigger boys chopping up sticks
One chopped himself in half, and then there were six.
Six little nigger boys playing with a hive
A bumble-bee stung one, and then there were five.
Five little nigger boys going in for law
One got in chancery, and then there were four.
Four little nigger boys going out to sea
A red herring swallowed one, and then there were three.
Three little nigger boys walking in the zoo
A big bear hugged one, and then there were two.
Two little nigger boys sitting in the sun
One got frizzled up, and then there was one.
One little nigger boys living all alone
He went and hanged himself and then there were none.
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Quel polar, devenu un classique, raconte le confinement de dix personnes, qui ne se connaissent pas, et sont toutes accusées de crime ?
« Ils étaient dix » d'Agatha Christie, c'est à lire au Livre de poche.