AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Entretiens (66)

Bien que j’aie de la vie une sombre conception, j’ai toujours eu une grande passion pour l’existence. Une passion si grande qu’elle s’est inversée en une négation de la vie, parce que je n’avais pas les moyens de satisfaire mon appétit de la vie. Ainsi, je ne suis donc pas un homme déçu, mais un homme intérieurement abattu par trop d’efforts.
Commenter  J’apprécie          330
B : Vous avez toujours résisté aux prix littéraires.
C : La vanité est un vice très profond et en partie héréditaire, surtout chez les gens vivant à Paris. Chacun a sa politique. Dans ma vie, je suis passé par des moments de pauvreté, de misère, et quand on me proposait un prix, je disais : « Je ne prends pas d'argent en public. » C'est l'orgueil d'un côté, et puis le refus de la publicité. Je n'ai pas eu faim, pas exactement, parce que j'ai mené une vie d'étudiant jusqu'à il y a quelques années. La consécration est la pire des punitions.

(p. 282-283)
Commenter  J’apprécie          222
Les Roumains ont transcendé le désespoir. Ils sont hantés par la question : « Qu’est-ce qu’on va manger aujourd’hui ? »
Commenter  J’apprécie          204
Pour s’améliorer intérieurement il suffit de bien observer ses amis. Je suis très reconnaissant à tous mes amis que j’apprécie énormément, car j’ai tout fait pour ne pas avoir les mêmes défauts qu’eux. Mais je n’y suis pas parvenu.
Commenter  J’apprécie          191
Par la réflexion et par l’expérience intérieure, j’ai découvert que rien n’a de sens, que la vie n’a aucun sens. Il n’empêche que tant qu’on se démène on projette un sens. Moi-même, j’ai vécu dans des simulacres de sens. On ne peut pas vivre sans projeter un sens. Mais les gens qui agissent croient implicitement que ce qu’ils font a un sens. Autrement ils ne se démèneraient pas. Si on tire la conclusion pratique de ma vision des choses, on resterait ici jusqu’à notre mort, on ne bougerait pas, cela n’aurait aucun sens de quitter le fauteuil où on est. Mon existence en tant qu’être vivant est en contradiction avec mes idées. Puisque je suis vivant, je fais tout ce que les vivants font, mais je ne crois pas à ce que je fais. Les gens croient à ce qu’ils font, car ils ne pourraient pas le faire autrement. Je ne crois pas à ce que je fais, mais j’y crois un peu malgré tout : c’est à peu près ça ma position.
Commenter  J’apprécie          141
Le sentiment que j’ai toujours eu était le sentiment d’inutilité, d’absence de but. On pourra dire que c’est maladif, mais maladif seulement dans ses effets, pas d’un point de vue philosophique. Philosophiquement il est tout à fait normal qu’on trouve tout inutile. Pourquoi devrait-on faire quelque chose, pourquoi ? Je crois que toute action est fondamentalement inutile. Et que l’homme a manqué son destin qui aurait dû être de ne rien faire.
Commenter  J’apprécie          140
N'est-ce pas insupportable ce grouillement d'hommes qui prennent la place de toutes les autres espèces ? L'homme salit et dégrade tout ce qui l'entoure.

1970
Commenter  J’apprécie          132
Je peux dire que ma vie a été dominée par l’expérience de l’ennui. J’ai connu ce sentiment dès mon enfance. Il ne s’agit pas de l’ennui que l’on peut combattre par des distractions, la conversation sou les plaisirs, mais d’un ennui, pourrait-on dire, fondamental ; et qui consiste en ceci : plus ou moins brusquement, chez soi ou chez les autres, ou devant un très beau paysage, tout se vide de contenu et de sens. Le vide en soi et hors de soi. Tout l’univers demeure frappé de nullité. Et rien ne nous intéresse, rien ne mérite notre attention. L’ennui est un vertige, mais un vertige tranquille, monotone ; c’est la révélation de l’insignifiance universelle, c’est la certitude, portée jusqu’à la stupeur ou jusqu’à la clairvoyance suprême, que l’on ne peut, que l’on ne doit rien faire en ce monde ni dans l’autre, que rien n’existe au monde qui puisse nous convenir ou nous satisfaire. A cause de cette expérience –qui n’est pas constante mais récurrente, car l’ennui vient par accès, mais qui dure beaucoup plus longtemps qu’une fièvre-, je n’ai rien pu faire de sérieux dans ma vie. […] Une précision s’impose : l’expérience que je viens de décrire n’est pas nécessairement déprimante, car elle est parfois suivie d’une exaltation qui transforme le vide en incendie, en un enfer désirable…»
Commenter  J’apprécie          130
Je me souviens qu’à l’âge de quinze, seize ans, quand je me tenais près de mon père lorsqu’il disait sa petite prière d’avant le repas, j’avais honte de ne pas prier avec lui. Je suis incapable d’avoir la foi, mais je ne suis pas indifférent aux problèmes que la religion nous pose. La foi va plus au fond des choses que la réflexion. […] Je lis et je relis le Livre de la Genèse et j’ai le sentiment qu’en quelques pages tout y est dit. C’est bouleversant. Ces nomades du désert possédaient une vision complète de l’homme et du monde.
Commenter  J’apprécie          120
[…] il y a deux choses que j’ai découvertes en France. Ce que signifie manger. Et ce que signifie écrire. Avant de venir en France, je mangeais comme un animal. Parce que ma mère, jamais elle ne nous a expliqué : à midi, on va manger ça et ça. Jamais je n’ai entendu un commentaire disant : ça c’est bon, et ça c’est mauvais. On mangeait, c’est tout. (Rires.) Ma famille n’était absolument pas pauvre, loin de là, mais on considérait que l’acte de manger ne participait pas de la civilisation. Encore que je ne vienne pas d’un peuple civilisé, mais enfin, le problème n’est pas là. On n’en est pas là. Mais voilà ce qui se passait : quand je suis arrivé à Paris, j’ai débarqué dans un petit hôtel du quartier Latin. Et je descendais tous les matins pour téléphoner en bas, et je me rappelle, tout au début, j’entends la patronne, son mari et leur fil discuter : « Maman, qu’est-ce qu’on va manger à midi ? » C’est vrai, pendant une demi-heure ils élaborent tout un truc. Moi, je pensais qu’ils avaient des invités. Ça s’est répété deux ou trois fois, et finalement indéfiniment, puis je me suis dit : « Eh bien, manger, c’est donc un acte intellectuel. Ça fait partie vraiment de la civilisation. » Et je commençais quand je mangeais, à faire des commentaires : « C’est bon. » Je commençais à manger de façon consciente…
Commenter  J’apprécie          120






    Lecteurs (80) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    440 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}