Citations sur Boule de foudre (30)
Après la mort d’une concubine qu’il aimait d’un amour fou, un roi décida de lui édifier un mausolée tel qu’il n’y en avait jamais eu en ce monde. Il consacra les efforts de toute une vie à la construction de ce mausolée. Lorsque celui-ci fut achevé, il contempla le cercueil de la concubine royale, placé au centre de l’édifice, et dit : “Ça ne va pas avec le reste. Enlevez-moi ça d’ici.”
C’est pendant ce genre de nuit de tempête que l’on réalise à quel point la famille et le foyer sont choses précieuses ; il suffit d’imaginer le monde effrayant et dangereux qui s’étend à l’extérieur pour se sentir enivré par la douce chaleur du foyer. Dans de tels moments, on éprouve une profonde compassion pour les âmes errantes qui grelottent à l’extérieur, sous la pluie et sous l’orage ; on a presque envie de leur ouvrir la fenêtre pour qu’elles se précipitent à tire-d’aile à l’intérieur. Mais le monde extérieur est si terrible, si effrayant, que l’on n’ose laisser le moindre souffle d’air pénétrer dans la douce chaleur du foyer.
Avant de partir, Zhang Bin m'a encore dit :
- Je sais qu'il me reste peu de temps à vivre. Mon dernier souhait, c'est d'être incinéré par la foudre en boule après ma mort.
Tu ressembles à un navire qui fonce vers la lumière d’un phare à travers la nuit. Le monde entier se réduit à la lueur clignotante du phare, et rien d’autre n’a la moindre importance pour toi.
Si l’on pouvait vraiment prouver qu’un super-observateur est en train d’observer notre monde, l’espèce humaine ferait peut-être plus attention à son propre comportement…
Avant même de pénétrer dans la salle des contrôles, je savais que je serais incapable de supporter ce que nous allions y trouver. Mais je suis tout de même entré avec Lin Yun. J’étais dans un tel état nerveux que j’avais les jambes en coton, je tenais à peine debout. Plus de dix ans après avoir vu les cendres de mon père et de ma mère, je contemplais maintenant les cendres d’enfants, même si ce n’était pas mes propres enfants. A part quelques restes partiellement calcinés, la plupart des morts avaient été totalement incinérés. Leurs vêtements et leurs affaires étaient par contre parfaitement intacts.
Créer un monde imaginaire aussi vivant que nature jusque dans ses moindres détails est une entreprise ardue. Il faut des idées profondes, il faut être inventif au niveau macroscopique aussi bien que microscopique, il faut manier l’imagination avec adresse et compétence, il faut l’audace et la vision d’un Créateur faisant jaillir sa Création du néant ; et ces deux derniers points sont précisément ce qui fait le plus défaut à notre culture. Mais si nous ne sommes pas encore capables, pour le moment, de créer un univers entier, ne pouvons-nous pas ajuster nos ambitions, et inventer au moins un nouvel objet à l’intérieur de notre univers ? C’est le but dans lequel j’ai écrit ce roman. (p. 439.)
Si jamais ces créations de l’esprit venaient par le plus grand des hasards à se réaliser un jour, elles perdraient beaucoup de leur charme.
— Ô Sibérie, misère et romantisme, idéalisme et sacrifice… a murmuré Lin Yun, la tête appuyée contre le hublot, contemplant ces vastes terres étrangères avec émoi.
— Ça, c’est la Sibérie du passé, la Sibérie des romans, a dit Gemov. Maintenant, il ne reste plus que l’échec et l’avidité. Sur les terres qui s’étendent au-dessous de nous, tout n’est que déforestation sauvage et braconnage, pétrole noir et gisements de brut…
Quand j’arriverai au bout de cette vie solitaire, quand j’ouvrirai pour la dernière fois les yeux, aux portes de la mort, toutes mes idées et tous mes souvenirs s’évanouiront dans l’abîme du passé, et je reviendrai aux émotions et aux rêveries innocentes de l’enfance ; et c’est à ce moment que la rose quantique me sourira.