AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Le Problème à trois corps tome 2 sur 3
EAN : 9782330082314
656 pages
Actes Sud (04/10/2017)
  Existe en édition audio
4.42/5   1432 notes
Résumé :
L'humanité sait qu'il lui reste quatre siècles avant que la flotte trisolarienne n'envahisse le système solaire. Les sciences fondamentales se retrouvant verrouillées par les intellectrons, la Terre doit se préparer du mieux qu’elle peut. Le Conseil de Défense Planétaire lance un nouveau projet : le programme « Colmateur », qui consiste à faire appel à quatre individus chargés d'envisager des stratégies secrètes pour contrer l’invasion ennemie. Car s’ils peuvent esp... >Voir plus
Que lire après La forêt sombreVoir plus
Anatèm, tome 1 par Stephenson

Anatèm

Neal Stephenson

4.09★ (879)

2 tomes

La Tétralogie noire par Brunner

La Tétralogie noire

John Brunner

4.83★ (2014)

4 tomes

Les chroniques du Radch, tome 1 : La justice de l'ancillaire par Leckie

Les chroniques du Radch

Ann Leckie

3.81★ (841)

3 tomes

Salvation, tome 1 : Les portes de la délivrance par Hamilton

Salvation

Peter F. Hamilton

3.93★ (523)

3 tomes

Critiques, Analyses et Avis (124) Voir plus Ajouter une critique
4,42

sur 1432 notes
5
64 avis
4
46 avis
3
12 avis
2
0 avis
1
0 avis
Les multiples ramifications de cette fable écologique de SF chinoise m'auront permis pendant des heures et des heures de cheminer. Ce livre est une forêt touffue et luxuriante. Certaines feuilles m'auront caressée, quelques branches m'auront griffée en me sortant de ma zone de confort. Je ne m'y suis jamais perdue malgré sa densité, la complexité de ses méandres. Certaines clairières auront su apporter des moments de respiration bienvenus car parfois le chemin s'est avéré être long.
La panoplie des couleurs rencontrées fut vaste : le timide vert tendre de l'espoir, le kaki foncé du militaire, le vert généreux du message écologique, le brun de la terre convoitée, le rouge flamboyant des soleils couchants, le bleu profond permanent d'un ciel virtuel stratosphérique, le noir mystérieux du ciel la nuit, ouverture sur cet espace si menaçant, le blanc scintillant des étoiles et des vaisseaux…mais aussi le rose pur de l'amour et de la beauté, sans doute la couleur la plus claire du roman par pétales oniriques et idéalistes posés ça et là sur les sentiers. Car oui globalement le roman est plutôt sombre.

Après « le problème des trois corps », je n'ai pu m'empêcher d'enchainer aussitôt avec ce tome 2 de la trilogie du chinois Cixin Liu, « La forêt sombre ». La structure narrative est assez différente du tome 1 et peut déstabiliser au début du livre car l'alternance des voix par chapitre du 1er tome, qui a le don de bien rythmer la lecture, laisse place cette fois à de longs chapitres dans lesquels s'entremêlent les vécus et pensées des différents protagonistes. J'ai compris peu à peu cependant que le déroulé des chapitres constituait un compte à rebours. A chaque chapitre nous avançons un peu plus dans le futur vers le RDV ultime. Une fois ce processus compris, la lecture en devient vraiment passionnante. Et quelle profondeur, quelle intelligence ce scénario !! Les questionnements associés sont épatants et ne manque pas d'imagination, d'originalité et de crédibilité. de poésie parfois aussi tant dans la description des paysages que dans les réflexions humanistes de l'auteur.
De poésie spatiale notamment : « Les deux tiers du Soleil avaient maintenant déjà sombré derrière l'horizon, le tiers restant ne semblait plus être qu'un objet lumineux incrusté sur la Terre. Sous les rayons du crépuscule, les océans ressemblaient à des miroirs lisses, à moitié bleu foncé et à moitié orangés, tandis que les nuages, gorgés de soleil, avaient l'aspect de plumes roses ».

Restons avec l'image apaisante de cette forêt et imaginez à l'intérieur une communauté, mélange d'espèces, certaines plus puissantes que d'autres. Un ennemi extérieur vient à la menacer dans un futur assez lointain. Cet ennemi, très différent de la communauté, possède des pensées complètement transparentes, lui ne connait pas la ruse, la machination ou le mensonge. Cette société ennemie, plus évoluée technologiquement, peut comprendre le langage de l'espèce sylvestre, lire à une vitesse ultra-rapide des textes imprimés et toutes sortes d'informations contenues dans des supports de stockage. Ses yeux sont en effet partout, invisibles mais bien présents entre tous les interstices. Elle n'est en revanche pas capable de déchiffrer les pensées de la communauté, pas en mesure de comprendre la ruse, le détournement, ne connaissant pas la différence entre penser et dire : le contenu de leur communication exprime leur pensée véritable. Chaque être reste ainsi un mystère. Pour tenter d'élaborer un plan de défense, la communauté a alors l'idée de tenter de s'appuyer sur son trait caractéristique dans laquelle elle excelle depuis toujours : les non-dits, les secrets, la ruse, le mensonge. Quatre « Colmateurs » sont ainsi désignés. Ils seront « à l'image de ces ermites orientaux des temps anciens qui méditaient silencieusement devant des murs ». Durant les processus de mise en oeuvre de leurs plans, les pensées et les comportements des Colmateurs devront induire en erreur ce monde extérieur, ils devront soigneusement faire usage de déguisements, de mensonges, de fausses pistes, et ce quoi qu'il en coute et sans justification. Ces stratégies devront non seulement tromper l'ennemi, mais le monde entier avec lui.

Voilà une partie de l'intrigue qui génère, vous le devinez, des situations cocasses, depuis les rivalités entre Colmateurs, l'impossibilité de communication (chaque parole prononcée par un Colmateur est-elle destinée à cacher quelque chose ?) ou encore les dépenses fastueuses et superflues, tout étant bon sous prétexte que cela fasse partie « du plan des Colmateurs ». Ils feront l'objet peu à peu d'un culte de la part de la communauté qui voit en eux des sauveurs…mais c'est sans compter l'arrivée de Fissureurs…

Je ne dévoile que cette brique, parmi tant et tant d'autres, de ce space opera, et vous aurez compris bien entendu que la communauté évoquée est celle de l'espèce humaine. J'ai apprécié cette idée des Colmateurs, elle est surprenante : se baser sur ce défaut si présent, la ruse et les secrets, le mensonge, sources de tant de conflits et d'incompréhensions, pour en faire une force face à un ennemi commun. Quant à la forêt ce n'est pas celle que nous connaissons, vous aurez la chance de découvrir, au deux tiers du livre, une forêt aux allures futuristes (qui n'est pas sans rappeler d'ailleurs de prime abord un blockbuster écologique aux beaux êtres bleus…), voire une forêt cosmique dans "laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil" et une menace pour les autres.

J'ai particulièrement aimé toutes les questions qui émergent d'un tel scénario de menace, questions sociétales et écologiques d'une part : est-il opportun de continuer d'avoir des enfants si nous disparaissons dans quatre siècles, sachant que nous ne savons pas, dans notre société actuelle, ce que nous serons dans quelques centaines d'années…cette menace en est-elle vraiment une à l'aune du réchauffement climatique et de ses conséquences à moyen terme ? Doit-on s'inquiéter pour sa descendance ou devons-nous, comme nous le vivons actuellement, le vivre comme une menace lointaine donc incertaine et se réjouir simplement de pouvoir se prolonger sur une dizaine de générations ? Dans ce contexte de menace, doit-on protéger l'environnement ? Si la Terre devient un jardin, est-ce que ça ne revient pas à la préserver pour les envahisseurs futurs ?

Mais aussi, et surtout, les questions et tensions géopolitiques qui ne manquent pas d'ores et déjà de se poser : Doit-on « s'évader », si oui comment ? Qui en priorité ? Devons-nous mettre en commun les technologies afin que pays riches et pays pauvres soient sur un même pied d'égalité dans ce plan d'évasion? « L'inégalité devant la survie est la plus grande des inégalités. Les individus ou les nations qu'on obligerait à rester ne pourront pas attendre patiemment la mort en voyant leurs congénères emprunter le chemin de la survie. Deux camps s'affronteraient de plus en plus violemment et plongeraient le monde dans le chaos, et personne ne pourrait plus sortir ».

Les réflexions sur la stratégie militaire sont riches et passionnantes : est-ce le niveau de développement technologique qui importe avant tout et qui détermine la victoire, ou alors la foi et l'honneur des soldats sont-ils les ingrédients prépondérants à tout combat à venir, en plus face à un ennemi a priori plus fort ? le plan de bataille doit-il se construire sur la base du seul progrès technologique et des ordres ou mérite-t-il une réflexion plus subtile et poussée fondée sur l'humain, l'esprit et l'initiative individuelle dans un conflit ? Dans quelles conditions spirituelles et mentales sont et seront les forces de l'armée spatiale ?

Un roman somptueux mais exigeant, ardu si on le lit négligemment. Vous risqueriez alors de tomber dans un nid de ronces et de racines vous empêchant d'avancer. Cette fable sociétale et écologique nécessite de s'aventurer vraiment dedans, machette à la main, de prendre le temps. Alors seulement l'épopée au sein de cette forêt vous permettra d'en capter toutes les odeurs et les bruits, de percevoir tous les détails, de la voir dans son ensemble dans toute sa majesté, et d'en mesurer les différentes profondeurs. Notons quelques longueurs, longueurs nécessaires cependant, concernant la science (neuroscience, astronomie, physique), véritable âme du livre, amenée avec beaucoup de pédagogie et de réalisme.

Le futur de l'humanité proposé par Cixin Liu m'a laissée songeuse, rêveuse, glacée par moment. C'est à la fois troublant de réalisme et complètement original. Je ressors de cette aventure hors norme, ébouriffée, l'âme poinçonnée à la beauté et aux prédictions de la SF, réellement épatée par le talent de l'auteur, avec des traces qui à mon avis ne sont pas prêtes de s'effacer, notamment une maxime : « Donner de la vie au temps lorsqu'on ne peut plus donner de temps à la vie, donner de la civilisation aux jours lorsqu'on ne peut plus donner de jours à la civilisation ».
Commenter  J’apprécie          9632
Après un premier tome qui m'avait enchantée malgré de nombreux aspects trop scientifiques et trop complexes, j'étais impatiente de poursuivre cette aventure.
Difficile de faire une critique de ce roman sans divulgacher quant au premier tome, alors je vais essayer de rester très succincte quant à l'intrigue.

*
Cixin Liu a appliqué le paradoxe de Fermi au concept de la forêt sombre, ce qui explique le très beau titre de ce livre.

« Premièrement : la survie est la nécessité première de toute civilisation ; deuxièmement : une civilisation ne cesse de croître et de s'étendre, tandis que la quantité totale de matière dans L Univers reste constante. »

D'après cette théorie, toutes les formes de vie désirent rester vivantes. La seule alternative possible est alors de détruire toutes les autres espèces rencontrées avant que celles-ci n'aient la même idée.
L'auteur compare l'univers à une sombre forêt dans laquelle chaque civilisation est un chasseur qui se déplace silencieusement parmi les branches des arbres et élimine toute présence avant de devenir lui-même une proie.

« L'Univers est une forêt sombre dans laquelle chaque civilisation est un chasseur armé d'un fusil. Il glisse entre les arbres comme un spectre, relève légèrement les branches qui lui barrent la route, il s'efforce de ne pas faire de bruit avec ses pas. Il retient même sa respiration. Il doit être prudent, car la forêt est pleine d'autres chasseurs comme lui. S'il remarque une autre créature vivante – un autre chasseur, un ange ou un démon, un bébé sans défense ou un vieillard boiteux, une magnifique jeune fille ou un splendide jeune homme, il n'a qu'un seul choix : ouvrir le feu et l'éliminer. Dans cette forêt, l'enfer c'est les autres. Une éternelle menace. Chaque créature qui dévoile son existence est très vite anéantie. Voici la cartographie de la société cosmique. C'est la réponse au paradoxe de Fermi. »

*
Dans ce deuxième volume de la trilogie de Cixin Liu, « La forêt sombre » examine les quatre siècles dont dispose l'humanité avant l'invasion de la Terre par la flotte Trisolarienne. L'intrigue est donc principalement centrée sur la préparation de l'invasion extraterrestre.

Mais les Trisolariens ont un avantage majeur, leur technologie est beaucoup plus avancée que la notre. Grâce à des « intellectrons » qui ont infiltré les communications du monde entier, ils sont capables d'intercepter toutes les conversations, et de connaître toutes les décisions stratégiques envisagées par les humains pour les combattre. Seules, les pensées humaines restent un secret.
Face à la transparence de notre monde, les humains décident alors de lancer le programme « Colmateur » en sélectionnant quatre hommes, dotés d'une intelligence fine et retorse, pour élaborer en secret, chacun de leur côté, un plan audacieux, en vue de la prochaine bataille contre les Trisolariens.
Trois d'entre eux sont des hommes d'État ou des scientifiques reconnus, mais le quatrième est un parfait inconnu. Il se nomme Luo Ji, et contre toute attente, cet astronome et sociologue chinois va être propulsé au centre de l'intrigue, alors qu'il est effacé et indolent.

Ainsi, l'arc dramatique passe essentiellement par les quatre Colmateurs. L'intrigue devient une gigantesque partie de poker où tous les coups sont permis, le bluff, la dissimulation et le mensonge étant essentiels pour emporter la partie. Certaines stratégies élaborées font froids dans le dos.

*
« La forêt sombre » est un récit plutôt sombre. Liu Cixin profite de l'invasion future la Terre pour dresser un portrait psychologique, politique et sociologique des hommes, lorsqu'ils sont confrontés à un danger ultime, ici, rien de moins que l'extinction de la race humaine.
L'auteur exploite certaines attitudes humaines avec beaucoup d'ingéniosité, comme le défaitisme, et considère leurs capacités d'agir pour le meilleur comme pour le pire.

« le plus grand obstacle à la survie de l'humanité, c'est l'humanité elle-même. »

*
L'écriture est toujours aussi riche. Certains chapitres sont vraiment magnifiques, comme par exemple, le prologue avec le voyage de la fourmi. Etonnant.
Mais « La forêt sombre » est un récit totalement différent de son prédécesseur, par son approche narrative, par sa dimension plus futuriste.

Tout d'abord, il devient plus accessible : les aspects scientifiques sont moins complexes à comprendre et surtout, beaucoup moins présents. Malgré cela, il fourmille d'excellentes idées, aussi ingénieuses que stupéfiantes.

Il est aussi palpitant car il se déploie sur plusieurs siècles. Grâce au sommeil cryogénique, les protagonistes principaux font des bonds dans le temps, nous permettant de les retrouver pour la bataille finale, quatre siècles plus tard.

« La route du temps couleur de plomb s'ouvrait lentement devant eux sans qu'ils puissent distinguer l'autre bout, rendu flou par le brouillard de l'avenir, dans lequel ils ne parvenaient à voir chatoyer que des flammes et la lueur du sang. Jamais la nature éphémère de la vie humaine ne les avait autant fait souffrir. Leurs coeurs s'envolèrent par-delà la voûte du temps pour rejoindre la dixième génération de leurs descendants et s'abîmer avec eux dans le sang et le feu de l'espace glacial, là où se rassembleraient au jour dernier les âmes de tous les soldats. »

Le monde a alors bien changé au moment du réveil des Colmateurs et nous découvrons une humanité qui s'est adaptée aux stratégies de survie face à l'invasion, au paysage géopolitique en mutation, à la dégradation de l'environnement, aux changements climatiques,... L'auteur en profite alors pour dresser le portrait d'un monde futuriste très différent du notre, développant des aspects sociaux, économiques, gouvernementaux, technologiques.

C'est aussi un grand récit épique qui prend de l'envergure tant au niveau du temps que de l'espace, adoptant des allures de voyage dans l'espace. Les scènes d'action sont assez peu présentes, mais les batailles spatiales et la rencontre entre les terriens et les Trisolariens sont particulièrement incroyables et jubilatoires.

Il est enfin d'une grande intelligence et d'une grande finesse quant aux stratégies élaborées par les Colmateurs. Tout est fait pour tromper l'ennemi, elles sont donc obscures autant pour les Trisolariens que pour le lecteur. Ainsi, chacun des plans de défense de la Terre ne se dévoile qu'au tout dernier moment et crée de véritables surprises lorsque les intentions de certains personnages nous sont révélées.

*
Mais, j'ai aussi quelques regrets.

Le développement des personnages principaux, exclusivement masculins (c'est dommage) est plus important mais reste encore insuffisamment développé d'après moi. Les protagonistes sont là dans un but bien précis, ne servant qu'à mettre en valeur l'intrigue et les stratégies de défense mises en place.
Cependant, cela ne m'a pas vraiment dérangée car l'intrigue est suffisamment complexe et prenante pour que l'on ne s'y attache pas.

Malgré tout, deux personnages sortent du lot.
Luo Ji, le personnage principal de ce livre, capte l'attention. Au premier abord, il n'apparaît pas particulièrement sympathique, de par son comportement plutôt flegmatique et égocentrique. Mais il m'a intriguée par ses décisions surprenantes, parfois insensées.
Au contraire, le personnage de Shi Qiang, déjà rencontré dans le premier tome, est plaisant. Cet officier de défense planétaire met une touche d'humour et de gaieté par son esprit rusé et débrouillard, son attitude ouverte, honnête et efficace.

Mon plus grand regret est certainement l'absence des Trisolariens dans ce volume. Ce que j'avais particulièrement aimé dans « le problème à trois corps », c'était ma rencontre avec ces extraterrestres. J'avais été captivée par la description de leur civilisation décadente et du jeu des trois corps.
Ici, toute la trame de l'histoire est focalisée sur leur arrivée sur Terre, mais ils sont totalement absents du récit.

*
Dans « La forêt sombre », l'auteur chinois de science-fiction plusieurs fois primé, excelle à construire un univers unique et original, une intrigue dense et imprévisible d'où foisonnent des idées vraiment extraordinaires, mais aussi parfois très complexes.

L'histoire peut paraître assez énigmatique au moment de la lecture mais, lorsque l'on referme ce livre et qu'on le regarde à la lumière de toutes les révélations qu'il contient, on ne peut qu'être impressionné par la conclusion.
Après un tel dénouement et malgré le nombre de pages ahurissant, je suis maintenant impatiente de lire le troisième et dernier volume de ce magnifique récit épique.
Commenter  J’apprécie          5926
Si vous avez lu le Problème à Trois Corps, vous brûlez sans doute de savoir comment l'humanité va se débrouiller face aux menaces qui se profilent à l'horizon ! Les quelques siècles de sursis qui restent suffiront-ils pour prévenir la catastrophe ? Une longue partie d'échecs s'annonce, avec pour enjeu le destin de l'humanité…

« le plus grand obstacle à la survie de l'humanité, c'est l'humanité elle-même. »

Ce deuxième tome développe une vertigineuse expérience de pensée. Que ferions-nous face à la menace existentielle d'une invasion de la Terre ? Liu Cixin explore de manière fascinante les dilemmes d'action collective déclenchés par cette perspective. Je n'en dis pas plus sur leur nature ni sur la métaphore de la forêt sombre pour ne pas divulgâcher. Mais sachez que l'auteur jongle magistralement entre sciences physiques, réflexion philosophique et questionnements moraux et sociaux pour imaginer les réponses humaines. Et cela fournit un terreau romanesque sidérant. Ce n'est pas spécialement réjouissant, mais intellectuellement très stimulant et vraiment crédible (l'implacabilité des prophéties autoréalisatrices, l'arrogance et la naïveté des humains, les difficultés de coordonner leur réponse…).

Si les débuts du roman m'ont semblé un peu laborieux – la panique déclenchée par la crise imminente n'aide pas à trouver ses repères parmi la foule de personnages et de lieux – le roman devient véritablement captivant à partir de la mise en place du programme « Colmateurs ». Ce dernier donne une dimension personnelle à cette fresque développée à très grande échelle. On essaie de percer à jour le point de vue et le plan de chacun des Colmateurs, on suit anxieusement leur trajectoire et le déroulement des choses et c'est très, très prenant.

Les descriptions sont toujours grandioses, l'univers toujours aussi original, les personnages fascinants.

Une fable science-fictionnelle dont on ne se défait pas facilement, bientôt adaptée en série par Netflix !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
Commenter  J’apprécie          6115
Ground control to Major Tom... (c'est quand même mieux que "the final countsdown" des Suédois permanentés).
Deuxième tome de la trilogie SF de Liu Cixin, "La forêt sombre" nous fait partager l'angoisse des Terriens amenés à affronter une invasion de Trisolariens... dans 400 ans. Tandis que certains entrent en hibernation, d'autres élaborent des plans pour sauver l'humanité. Mais le plus grand danger ne vient-il pas de la Terre elle-même, et de ses habitants enclins au défaitisme puis confrontés à une catastrophe écologique ? Et puis, pourquoi s'inquiéter de ce qui arrivera dans 400 ans ?

Je poursuis ma découverte de l'univers complexe de Liu Cixin, dont la lecture nécessite une attention soutenue, tant il mêle avec aisance science et philosophie à son histoire d'extra-terrestres et de vaisseaux spatiaux. Dans ce deuxième tome, on retrouve certains personnages déjà croisés dans "Le problème à trois corps", et on a un aperçu de ce que pourrait être notre civilisation dans deux siècles -version chinoise.
Impossible de trop en dire sans spoiler, mais une fois encore, je suis admirative de la façon dont les auteurs de SF parviennent à créer, avec autant de détails, des mondes imaginaires qui paraissent si réels. La faute, certainement, à cette dose d'humanité qu'ils injectent dans leurs personnages et qui nous les rend si proches, quel que soit le contexte dans lequel ils évoluent. Toutefois, je ne me suis pas attachée aux protagonistes de Liu Cixin, un peu trop "bruts" dans leurs raisonnements et attitudes pour l'Européenne que je suis. Mais découvrir la culture chinoise de cette façon reste une expérience très enrichissante.
Certains lecteurs ont perçu de la poésie dans ce roman ; j'ai été plutôt happée par sa noirceur romantique, mais ce n'est qu'une histoire de sensibilité.

Il n'empêche que j'ai hâte de lire le troisième volet et de connaître le fin mot de l'histoire. Et même si je ne suis pas une experte en science-fiction, cette trilogie sort du lot par sa finesse, son inventivité, sa réflexion : on est vraiment dans le haut-de-gamme du genre, et malgré l'effort qu'elle requiert, cette oeuvre mérite vraiment d'être lue par tout amateur de SF -et même de littérature tout-court, tant elle nous interroge sur nous-mêmes.
Can you hear me, Major Tom ?
Commenter  J’apprécie          547
J'étais vraiment impatiente de me lancer dans le deuxième tome de cette trilogie de SF chinoise. Malheureusement, mon enthousiasme est descendu de quelques crans.

La flotte trisolarienne est en route pour la Terre et le peuple terrien a quatre siècles pour s'y préparer.

« Que peut bien valoir le monde dans quatre siècles par comparaison à ma vie d'aujourd'hui? » C'est assez actuel comme réflexion, genre est-ce qu'il y aura encore de la vie sur Terre dans 100 ans ? Beaucoup de gens s'en fichent, vu que de toute façon ils ne seront plus là.

L'évasionnisme est une option envisagée… mais qui partirait ? Qui resterait ? le débat est vraiment intéressant (cfr. p. 70 sur l'inégalité devant la survie).

L'histoire tourne autour de nouveaux visages dont Luo Ji, le « cosmosociologue-colmateur ». Je l'ai trouvé difficile à cerner, comme à peu près tous les autres personnages (sauf peut-être Shi Qiang ?). J'ai préféré Zhang Beihai car il m'a surprise plus que les autres. Je pense que ce problème de personnages est dû au fait que pour garder le secret sur ce qu'il se passe vraiment ils restent fermés au lecteur. du moins, c'est mon impression.

Qui sont les Colmateurs ? Quelle est leur mission ? Pour les contrer l'OTT (l'Organisation Terre-Trisolaris) a envoyé des Fissureurs. À quoi va bien pouvoir servir l'invention de l'hibernation ou du poinçonnage mental ?

L'intrigue est complexe (mais pas dénuée de sens) et alourdie par la longueur du texte. Que c'est long, que certains passages sont ennuyeux ! Oui, il y a la Bataille Sombre (un excellent passage) mais dans l'ensemble cela manque de dynamisme.

Le suspense sera probablement plus palpable dans le troisième tome. Sauf que je connais déjà la fin vu que j'ai eu la brillante idée de lire un article qui m'a tout révélé en une phrase >_<

La traduction est excellente et j'ai beaucoup aimé les idées développées autour de la survie de l'espèce humaine et sur ce que signifie « la forêt sombre ».

La fin de ce deuxième tome est un peu irréelle…

En conclusion, c'est un très bon roman mais trop long. Cela étant dit, je vais plus que probablement lire la suite ^_^ (sortie prévue en octobre).




Challenge pavés 2018
Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (184)
Challenge multi-défis 2018 (53)



Commenter  J’apprécie          521

Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Il n'éprouvait aucun intérêt pour les oeuvres mais l'admirait, elle, au milieu de cet univers artistique, de ces murs couverts de peintures à l'huile figurant des dieux grecs aux silhouettes harmonieuses, des anges et des vierges immaculées qui, comme lui, contemplaient depuis les quatre coins de la pièce la beauté de cette jeune femme. Elle était comme cette pyramide étincelante au centre de la cour qui avait fini par se fondre dans l'atmosphères artistique de son environnement et dont l'absence aurait inévitablement provoqué un manque. Luo Ji s'enivrait de cette vision onirique, laissant le temps s'égrener au ralenti.
Commenter  J’apprécie          00
- Alors la littérature est quelque chose d’obsessionnel ?
- C’était au moins le cas pour Shakespeare, Balzac ou Tolstoï. Les classiques qu’ils ont créés sont nés de leurs utérus mental. Mais les écrivains d’aujourd’hui ont perdu ce pouvoir de création, leurs esprits ne donnent plus naissance qu’à des fragments désagrégés, à des fœtus difformes dont les vies éphémères ne sont que des spasmes obscurs et irrationnels…..
Commenter  J’apprécie          360
Quelle est ta saison préférée ?
- L'automne. - Pourquoi pas le printemps ?
- Le printemps... Trop de sentiments se bousculent. C'est éprouvant.
L'automne c'est très bien.
Commenter  J’apprécie          00
Les derniers rayons du jour illuminèrent aussi les vagues déferlantes d’un océan en furie. Des colonnes de lumière lardèrent les nuages tumultueux de l’ouest et tachèrent d’or la surface de l’eau, telles des pétales de fleurs tombés du royaume des cieux. Par-delà ces pétales, des nuages noirs dessinaient un monde aussi obscur que la nuit, tandis que se levait une tempête, rideau divin suspendu entre ciel et mer. Il ne resta bientôt plus comme source de lumière que de brefs éclairs foudroyant l’écume neigeuse crachée par les vagues. Au creux d’un de ces pétales d’or, un destroyer se retrouva bientôt à la crête d’une déferlante née dans les abysses et, dans un grondement terrible, sa proue se heurta à un mur de vagues qui souleva une écume si monumentale qu’elle absorba avidement les dernières rémanences de clarté vespérale, comme un gigantesque oiseau mythique déployant ses immenses ailes d’un or aveuglant…
Commenter  J’apprécie          2917
La fourmi brune avait déjà oublié que ce lieu avait jadis été son foyer. Pour la Terre et pour les étoiles qui venaient tout juste de poindre dans le ciel vespéral, cette période n’avait été qu’une dérisoire parenthèse mais, pour la fourmi, cela frisait l’éternité. En ces temps reculés, son monde avait été renversé. La terre s’était envolée et, à sa place, avait surgi un gouffre vaste et profond, puis la terre était revenue dans un bruit de tonnerre et le gouffre avait disparu. À ce qui avait été l’une de ses extrémités se dressait maintenant une butte noire et solitaire. Ces événements se produisaient souvent sur cet immense territoire, la terre se volatilisait avant de faire son retour, des gouffres s’ouvraient avant d’être recouverts, puis s’ensuivait la naissance d’une butte solitaire, témoin visible de chaque nouvelle catastrophe. Sur le chemin du soleil couchant, la fourmi brune et ses centaines de sœurs escortaient la reine survivante à la recherche d’un lieu où fonder un nouvel empire.

(Début du Prologue)
Commenter  J’apprécie          172

Videos de Liu Cixin (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Liu Cixin
Gwennaël Gaffric est le traducteur du *Problème à trois corps* de Liu Cixin. Il nous en parle.
00:25 Quelle place occupe Liu Cixin dans le monde de la SF ? 01:09 Qu'est-ce qui fait la singularité du *Problème à trois corps* ? 01:55 Comment expliquer le succès de Liu Cixin ? 02:22 Comment avez-vous appréhendé la traduction du *Problème à trois corps* ? 02:51 Avez-vous rencontré des difficultés particulières ? 03:34 Que diriez-vous à un lecteur qui n'ose pas se lancer dans la lecture du du *Problème à trois corps* ?
#sciencefiction #leproblemeatroiscorps
--- Retrouvez-nous aussi sur les réseaux sociaux ! • Facebook : https://www.facebook.com/actessud/ • Instagram : https://www.instagram.com/ • Twitter : https://twitter.com/ActesSud
Suivez nos actualités en vous abonnant à notre newsletter : https://share-eu1.hsforms.com/1_fVdYaQZT-2oDIeGtNS41wf4a19
+ Lire la suite
autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (3044) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4872 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..