Encore une claque signée
Philippe Claudel !
Voici une fable bien sombre sur la nature humaine.
Un hiver glacial dans un pays à l'est à une époque délibérément floue. Ce roman repose d'abord sur une enquête suite à l'assassinat du Curé Pernieg. Nous suivons Nourio, le policier en charge de cette affaire et son adjoint Baraj.
Philippe Claudel installe précisément l'ambiance en décrivant les moeurs souvent rustres de la population de cette petite bourgade loin de tout, loin des lieux de pouvoirs, une population majoritairement chrétienne avec en son sein quelques dizaines de familles musulmanes.
"On avait tué le curé". le Policier, Nourio, se délecte presque de cette idée. Enfin, il se passe quelque chose, enfin il va pouvoir agir et faire décoller sa carrière, et devenir quelqu'un. Et à partir de là, des mécanismes terrifiants vont se mettre en place, des engrenages implacables s'enclencher.
Philippe Claudel s'amuse alors à décrire par le détail toutes les réflexions, les stratégies, les tentations qui hantent le Policier mais aussi les notables de la ville ainsi que les personnes de pouvoir de la grande ville dont ils dépendent.
On comprend alors que la montée des violences est inéluctable et ce que pend engendrer la fabrication d'un ennemi commun. C'est la description de cette mécanique abominable qui m'a particulièrement soulevé le coeur.
C'est toutefois la première fois pour un roman de
Philippe Claudel où j'ai trouvé quelques longueurs dans la première partie du roman. Et des lourdeurs dans les pulsions sexuelles du policier. Mais le roman est tout à fait relancé quand vient la partie de chasse, décrite comme une grande farce dont je me suis délectée. Et à partir de ce moment, impossible de lâcher le roman !