Après avoir beaucoup apprécié le premier opus de
Fabien Clauw, voici donc la suite, "Le trésor des Américains". On y retrouve avec gourmandise les mêmes personnages à commencer par le capitaine Belmonte, le médecin Miradon et la belle Camille. L'atmosphère de la navigation à voile est tout aussi réussie, l'ivresse des manoeuvres et des combats navals est au rendez-vous et on jubile à la lecture des exploits des marins de la frégate Égalité. Néanmoins, passée l'agréable découverte de cet écrivain et de son talent à conter la navigation à voile au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, l'auteur gagnerait à donner un peu plus d'épaisseur aux affres de la vie maritime à bord d'un navire de guerre du fait d'un entassement et d'une insalubrité chroniques et de la dure discipline qui y régnait. La découverte et le destin, notamment d'un groupe de saboteurs embarqué à bord de l'Egalité sont traités trop rapidement et leur sort est évacué en quelques lignes alors même que les condamnations relevaient sous la Révolution et l'Empire d'un jury et non pas du seul commandant. Cet aspect aurait peut-être mérité un traitement plus approfondi.
Par ailleurs, la personnalité de Gilles Belmonte est parée de toutes les qualités qui, par voie de conséquence, paraissent par trop factices ; il est présenté très proche et accessible par son équipage voire idolâtré et comme assis sur un piédestal devant lequel son équipage est comme en émerveillement. Pourtant un officier commandant à trois centaines d'hommes de mer ne devait pas toujours afficher un visage aussi débonnaire ! Et bien que la morgue et l'arbitraire des officiers d'Ancien régime ne fût plus la norme, leurs successeurs républicains n'en affichaient pas moins une certaine raideur, bien loin cependant de la férocité affichée par les officiers de la Royal Navy.
Il faut noter également que les pérégrinations de l'Egalité s'accompagnent opportunément de celles des deux femmes, dont la bien-aimée Camille Desmarest, déjà citées dans le premier ouvrage et qui semblent courir les mers aussi souvent que des marins endurcis.
Passés ces quelques légers griefs, il faut souligner des réussites comme l'intervention de personnages politiques de premier plan, à commencer par
Bonaparte, et un contexte historique riche en événements. On espère que
Fabien Clauw exploitera le filon plus avant dans ses prochains ouvrages.
En conclusion, on se laisse vite entraîner par l'intrigue, on passe un agréable moment et ne boudons pas notre plaisir de voir la Royal Navy boire la tasse. Les amateurs d'aventures iodées se régaleront sans aucun doute. Vivement le tome trois !