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Citations sur La Grande patience, tome 1 : La Maison des autres (12)

Le second intervint.
- Vous êtes trop bon, mon pauvre chef. Votre autorité part en brioche ! (Il imita la voix du chef.) Je vais vous le dire, moi, il n'y a qu'un secret dans le métier : le pied au cul. Le pied au cul, tout est là. Quand on a compris ça, le reste vient tout seul.
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- Mais nom de Dieu, quand est-ce que les ouvriers comprendront qu'il faut tordre le cou au paternalisme! Quand est-ce qu'ils comprendront que le plus dangereux pour eux c'est le patron bon enfant, le patron qui paye l'apéro de temps en temps et qui blague avec vous. Et ils s'y laissent prendre, et ils marchent comme des benêts. Ils ne comprendront donc jamais qu'ils est impossible d'être copain avec un patron sans finir par être sa victime!
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Mme Petiot devait avoir un flair particulier pour déceler ce qui n’allait pas. Alors, toujours, avec son sourire qui faisait monter ses pommettes jusqu’à ses tempes, elle joignait les mains, esquissait une courbette qui entrouvrait son corsage sur la naissance de ses seins blancs et disait par exemple :
- Vous avez l’air tout endormi, mon petit Julien, il faut vous réveiller. Autrement M. Petiot va crier. Tenez, prenez le vélo et allez vite porter ça chez Mme Untel, je suis persuadée que l’air frais vous fera du bien.
Et c’était ainsi chaque fois que, moulu de fatigue, Julien sentait ses yeux se fermer et pensait pouvoir se reposer un moment avant le repas du soir.
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— Voilà notre chef, dit M.Petiot.
— Bonjour, Monsieur, fit Julien en relevant sa toque.
Le patron et le chef se mirent à rire.
— On dit: chef, et on n'enlève pas sa toque. Une toque, c'est comme un calot de troufion, ça ne se quitte pas pour saluer. Y a que chez les clients qu'il faut l'enlever.
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Si mon compte est exact, voilà des garçons qui font une moyenne de soixante-dix heures de travail par semaine. Si on ajoute à cela le four à allumer tous les soirs, les esquimaux à porter aux cinémas, le magasin à fermer et tout le tremblement. Si on tient compte du fait que ce sont encore eux qui servent à table, qu’ils n’ont pas le droit de s’absenter ni le dimanche après-midi ni le soir à cause des courses qu’on peut leur demander de faire, je ne sais plus très bien où on va. Tout compté, on doit arriver à quelque chose comme quatre-vingts heures de travail. Quant à la présence effective, n’en parlons pas, ça irait chercher dans les seize à dix-huit heures par jour. C’est proprement ahurissant ! Et comme ils passent le reste du temps dans leur chambre, on peut dire qu’ ils sont à la disposition du patron vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
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- Ces gens-là ont bonne réputation dans la ville, dit la tante. Ça m’étonnerait beaucoup qu’ils ne soient pas convenables avec leur personnel.
- Enfin quoi, il y a des lois, elles ne sont pas faites pour les chiens. Ou bien Julien nous raconte des histoires, ou bien ces gens-là vont un peu fort.
- Je t’assure que c’est ça, dit Julien. Mais ça doit être normal puisque les autres ne disent rien.
- Voilà. Voilà par où le ver pénètre dans le fruit. Les gamins ne connaissent pas leurs droits. Ils entrent dans une boîte où ils prennent des habitudes, ils donneront ces habitudes à d’autres qui viendront après eux et ainsi de suite. Et pendant ce temps, il y a des types qui se crèvent à faire admettre la semaine de quarante heures, qui risquent leur place et parfois même leur peau pour que ça change. Bon Dieu de bon Dieu, le petit patronat est encore plus dangereux que la grosse entreprise. Quand il y a trois ou quatre ouvriers dans une boîte, le patron les tient avec des conneries, des bricoles, des avantages de rien, une espèce de fausse camaraderie qui lui rapporte gros. En fin de compte, jamais personne ne se plaint.
- Évidemment, c’est toujours la même chose parce qu’il y a toujours des gens comme toi pour considérer qu’il n’y a rien à faire ; que tout est bien ainsi, et que si les choses doivent changer un jour, ce sera par la volonté de je ne sais quel bon Bon Dieu.
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Dans une société sage, chaque humain devrait faire un temps de service parmi les pauvres. Ainsi saurait-il demeurer leur frère dans la fortune.
Thyde Monnier
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Depuis deux mois qu'il était ici, Julien s'était installé dans la routine de la maison. Les coups de gueule du patron et du chef, les minauderies de la patronne, les sorties nocturnes par les toits et le travail, tout se tenait, s'enchaînait de telle sort qu'il n'avait guère le temps de penser.
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Un jour qu'on bavardait, comme ça, il me fait voir le Christ et il me dit: >
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les côtes devenaient plus dures à monter, les étages plus hauts, la corbeille pesait chaque fois davantage. Julien avait le sommet du crâne endolori. Il avait aussi l'estomac vide..

Il faisait grand-nuit lorsque Julien s'éveilla. Il n'y avait aucun bruit. Il essaya d'ouvrir les yeux mais sentit un poids sur ses paupières. Il se gratta la poitrine, puis le dos, puis le ventre et acheva de se réveiller.

- Les punaises !

Pendant que les croissants achevaient de cuire, Julien sortit les poubelles sur le trottoir et enleva les volets de bois du magasin. Il faisait encore nuit, la rue était presque déserte.
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