L’anglais leva les yeux vers lui.
- Je ne sais pas comment je m’appelle, fit-il d’une voix lasse.
Plus rien de théâtral à présent.
- Je ne me souviens pas. Je ne sais pas comment je m’appelle ni ce que je fais ici.
- Comment êtes-vous venu ? A la Harengerie ? Aux Shetland ?
- Je ne sais pas.
Sa voix se teinta d’une pointe de panique.
- Je ne me souviens de rien avant le tableau. Ce portrait de la femme en rouge, là-bas. C’est comme si j’étais né en le regardant. Comme si je ne connaissais rien d’autre.
< Je devrais être plus solide .plus résistant. Plus viril . Je me préoccupe trop de ce que les femmes pensent de moi.>
Perez se souvint de son impression que Roddy avait quelque chose à confier, et sut que ce n'était pas un accident. Il repensa à la promenade qu'ils avaient faite ensemble le matin de la découverte du corps de Booth. Roddy avait grandi là-bas. Il n'était pas du genre à tomber. Il le revit en train de jouer à la Harengerie, pris dans les rais de lumières du soir, dansant avec son violon. Le jeune homme était aussi souple et agile que les chats sauvages des falaises. Jimmy avait de l'affection pour lui et fut envahi d'un sentiment d'affreux gâchis.