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sur 250 notes
Sauf les Fleurs de Nicolas Clément respire le chef d'oeuvre, tant le style est d'une poignante originalité, où le langage est celui des mains et où les émotions qu'il fait surgir de ses mots sont charnelles aussi précises que dans le Parfum de Patrick Suskind , aussi subtiles que des senteurs fleuries.

Le lecteur est sans cesse renvoyé dans ses cordes," papa est notre langue étrangère, un mot , un poing,puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque", ou
"je cherche les yeux de papa pour un début de lien, un commencement de corde".

Alors pour qui Nicolas Clément écrit-il? , "j'écris pour oublier que nous n'existons plus", les mots sont là présents douloureusement ces mots quand "il désosse le visage de Maman",nous
"petits cochons dans la suie " .

Marthe que l'on suit depuis ses 12 ans, murit l'étrange histoire de son père, le bien le mal, pourquoi?, et peut-on s'en délivrer et comment ? C'est tout simplement l'histoire de l'Homme, de son humanité dans ce qu'elle a de plus banal puis parfois de plus destructeur.

Pourquoi écrire se demande Nicolas Clément,"ce qu j'ai écrit je l'ai vécu ", est ce suffisant ?
L'ambition du livre est bien plus dense, plus forte plus existentielle, comment protéger, sa mère bien sûr comme une urgence " Maman déborde sur moi,je ramasse ses cheveux, ne tremble plus", son frère bien sûr, elle est la seule encore capable de le sauver, de la honte de la terreur coupable, de la culpabilité de n'avoir pas su lui le petit Léonce sauver sa propre mère, alors vers quel chemin se tourner pour trouver une délivrance.

Marthe porte en elle la fougue d'Antigone, et d'autres figures du théâtre antique, elle traduit Eschyle, part en exil à Baltimore avec Florent " ma bouche a couru son sourire", est taraudée par la vengeance, elle a vingt ans, elle écrit pour Léonce "palpez comme tout commence", Mais" je ne suis pas triste Garonne a vêlé ce matin, la petite s'appelle Harmonie".

Collé à ce livre comme un bernicle je l'ai relu trois fois, juste pour les mots.
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Quel étrange roman entre horreur et poésie, violence et musique. La dureté des propos est magnifiquement contrebalancé par la finesse de l'écriture, le rythme qui est donné aux mots, au phrases aux chapitres.
J'aurai aimé relevé certains passages mais c'est impossible de choisir, c'est le livre entier que je vous aurai livré.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Si je n'étais tombée sur une critique élogieuse de ce livre,je ne l'aurais pas acheté. Ne serait ce que par le format, à peine 90 pages,moi qui aime les pavés. Et comme j'aurais eu tort! Quelle langue magnifique ! Comment l'auteur, techniquement, travaille t il? Comment le récit naît il chez lui? Par les images ?par les mots ?
C'est l'histoire de Marthe et Léonce,les enfants qui grandissent dans un contexte de violence extrême et dans une ambiance très fruste où les mots n'ont pas de place. C'est l'histoire de Marthe surtout qui grâce à son institutrice et à Eschyle va,un moment donné,mettre des mots sur sa vie ,se construire et s'équilibrer.
Mais la violence de son enfance la rattrape et elle va venger la mort de sa mère. L'amour et Eschyle ne seront pas suffisants pour qu'elle échappe à son passé . C'est un roman court et sombre mais les images suscitées par les mots décousus sont des feux d'artifice ou peut être...des feux de détresse...
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Un puits d'émotion ce court roman, j'ai été bouleversée, scotchée, émue aux larmes à sa lecture.
Marthe, une adolescente, raconte ce que fut sa jeune vie à la ferme, coincée entre une mère aimante et qu'elle voudrait sauver, un frère aimé passionnément et surtout un père violent qui fait régner terreur et silence.
« Nous étions une famille de deux enfants, plus les parents ».
C'est un roman triste, très triste, mais sans pathos, avec de beaux moments de poésie aussi.
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Marthe, 12 ans, vit avec ses parents et son frère Léonce dans une ferme, certes petite, mais qui lui convient très bien. Malheureusement, le père est violent et frappe leur mère sans retenue. Marthe trouve une échappatoire dans l'amour de sa mère et de son petit frère et dans l'amour des mots qu'elle apprend à l'école. A seize ans, elle rencontre Florent, qui lui fait découvrir que les hommes ne sont pas tous violents. Un drame survient et Marthe doit y faire face, avec toutes ses blessures et ses cassures.

Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brûlantes. Je voulais un père avec une voix pour m'interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat pour ne pas oublier qui j'étais. Je voulais un professeur pour me surprendre. Je voulais des livres pour construire une cabane à la cime des arbres. Je voulais être un homme pour sentir ce que ça fait d'être une histoire. Je n'ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie absente d'avant. Je tombe rond ; mon compte est bon.

Écrit à la première personne, ce court et saisissant roman se dévore tout seul. L'histoire de cette enfant qui tente de grandir et de se construire, malgré la violence du père et l'impuissance de la mère, ne peut qu'émouvoir. La force du roman est magnifiquement portée par l'écriture poétique et musicale, tout en nuances et en images. Si j'ai trouvé parfois certaines tournures justement trop imagées, trop abstraites, je les ai vite oubliées en me laissant porter par la voix de cette enfant, devenue femme, mais à jamais marquée par la violence. On suit l'évolution de Marthe jusqu'à ses vingts ans, et on la voit chercher du courage et l'espoir d'être guérie dans l'étude du Grec, les livres, et son son désir de devenir enseignante.

En quittant le cours de Monsieur Scott, je longe une école de quartier pour voir les enfants apprendre et l'institutrice les surprendre, magicienne en questions. Il me semble alors que le savoir peut guérir. Que lire, écrire, traduire, c'est reformer le sein, étaler l'origine, aérer le fumier d'où sortiront les fleurs derrière chaque tort redressé. Il en va de cette colonne ancienne comme des chevreaux qui naissent : sitôt à terre, déchiffrer, l'échine aveugle, le pacte encore tendre. Il me tarde d'avoir des élèves et de faire leurs preuves.

Nicolas Clément écrit un premier roman bouleversant sur la violence conjugale et les conséquences sur les enfants. Auteur à lire et à suivre !
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Un roman qu'on referme avec, déjà, la nostalgie de cette écriture poétique. Reste une sensation de douceur, le sentiment d'avoir touché du bout des doigts l'humanité du personnage de Marthe.

Et ce, malgré la noirceur du récit.

Car Marthe est lumineuse et belle, nimbée de ces phrases magnifiques qui crient son amour pour son frère, pour sa mère, pour Florent, d'une manière si juste.
Ces mots mélangés de façon inattendue, mais qui résonnent si fort. On s'oublie presque, pour plonger avec délice dans ce méli-mélo si parlant et cette langue merveilleuse.

En quatrième de couverture, on trouve cette expression pour qualifier l'écriture de Nicolas Clément : "une poésie de ronces" et c'est exactement ainsi que je le perçois.

Il y a des jours où la rencontre complètement fortuite avec un livre si puissant nous fait douter de l'existence du hasard.
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Dans une ferme, un père violent, agressif, terrifiant envers son épouse et ses deux enfants.
L'aînée s'évade dans les bras de Florent. Elle s'évade par l'esprit dans l'espoir de s'évader un jour pour de bon.
Le cadet, est protégé par l'aînée.
Un jour leur vie bascule..

Ce roman dramatique est autant emprunt de poésie et de beauté (oui oui) qu'il n'est glacé.
Le livre est peu épais, léger tout comme le nombre de mots mais qui transmettent tout de même de fortes émotions.
Une émotion présente dans chaque phrase ou presque.
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Sauf les fleurs ne peut pas passer inaperçu dans une bonne librairie. Petit message coup de coeur, mise en avant frontal ou petit dessin avec un coeur fleurissent sur la couverture de ce roman. Alors comment ne pas céder à la lecture.

Le titre donne assez peu d'indication sur l'histoire mais le sourire du libraire me disant "Vous allez voir ce livre m'a bouleversé". Alors j'ai cédé à la tentation pour découvrir une histoire bouleversante d'une famille comme il en existe trop. Un père violent qui bat sa femme devant ces enfants dans une ferme : Marthe et Léonce. le réconfort est le juste le sourire d'une mère et la chaleur des animaux. Un jour une opportunité s'offre pour avoir une vie meilleure. La prison pour le père et la mort d'une maman, font offrir une nouvelle vie aux enfants même si les blessures du passé sont profondément encrées. D'ailleurs, même si Marthe, découvre l'amour et le bonheur avec les auteurs grecques la colère sous-jacente envers son père va lui changer la vie. Car lorsqu'elle va revenir en France pour la reconstitution du meurtre de sa mère, elle ne va pas pouvoir regarder son père en face sans venger la douleur qu'il a infligé à sa famille.

Une histoire de violence familiale comme il en existe trop. A travers le regard de Marthe, l'auteur va nous plonger au coeur d'une famille qui essaie de survivre au quotidien malgré la maison et les insultes à l'école. On ne peut pas rester insensible face à cette histoire qui fait vibre la corde sensible. Toutefois, il manque un petit quelque chose dans le récit pour que j'adhère totalement. L'écriture me déroute un peu tout comme la ponctuation assez particulière. On trouve des majuscules sans point mis auparavant. J'avoue ma déroute même si après les 75 pages on s'habitue.

Un roman qui surprend par le sujet et qui peut faire résonance avec des blessures subies de près ou de loin. Toutefois, la distanciation par moment m'a surprise et m'a détachée un peu de cette histoire. Une certitude, sauf les fleurs n'est pas un roman qui nous laisse indemne après la lecture.
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Une originalité littéraire, où l'auteur se joue des mots et des émotions, invente des images étonnantes dans des associations inhabituelles et crée au final un langage poétique qui arrondit les angles de cette tragédie.

Une mère, un père, un petit frère, une soeur aînée, une ferme, des animaux, une famille normale dans un monde normal. Sauf que maman trime sous les coups de papa, grande soeur, douze ans au début du livre, essayant déjà de protéger chacun.

"Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme, hélas. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque."

Si Marthe, soeur et narratrice de cette histoire, au lieu d'aimer les mots et l'écriture qui lui permettent de sauver sa peau, avait eu le goût de la peinture, elle aurait étalé sur sa toile les couleurs au couteau, un couteau dont la lame les transformerait, comme par magie, en aquarelle au contact de la trame. Mais elle a choisi les mots qui lui viennent de son père d'avant la violence "Je ferai des études pour être professeur de grenier et de livres anciens", et y restera fidèle jusqu'au bout malgré...

C'est un joli travail d'équilibriste que nous offre l'auteur, jeune agrégé de philosophie, sous l'égide d'Eschyle qui, nous apprend wkpd, fut treize fois vainqueur du concours tragique, c'est dire si le bonhomme s'y connaissait en dramaturgie. Si j'avais lu Eschyle, je dirais que l'élève a dépassé le maître, mais comme les Grecs anciens ne font pas partie de mon répertoire, je me garderai bien de faire l'érudite. J'applaudis simplement à la polysémie et à la syntaxe, mots empruntés à la préface car, bien que les connaissant, ils ne me viennent pas spontanément à l'esprit quand je concocte un billet (n'est pas prof qui veut !). Bref, c'est innovant et séduisant, à tel point que la tragédie se dilue et passe un peu au second plan, mais c'est juste mon humble ressenti.

"Aujourd'hui, c'est la grève de la douleur."
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Une histoire poignante dont l'aspect dramatique est renforcé par le contraste avec l'écriture très poétique. Ma lecture en a cependant été un peu perturbée : ayant du mal à "visualiser" les images évoquées, j'ai dû revenir sur des passages trop lyriques et trop alambiqués ce qui a complètement brisé le rythme du récit.
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