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3,92

sur 248 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En ce jour des amoureux, j'ouvre ce tout petit livre et vient jusqu'à moi un bouquet de fleurs aussi douces qu'épineuses.
Nicolas Clément est philosophe et cela se ressent dans sa plume. Il noue les mots avec le ruban de l'amour car il y a beaucoup d'amour dans ce livre.

Marthe vit avec son petit frère Leonce dans une ferme éloignée de tout. Deux enfants victimes de la violence du père dont les coups s'abattent sur leur mère sans défense. On pourrait penser que l'univers ici est glauque mais il n'en est rien, Marthe se réfugie auprès des animaux, de la nature, des livres aussi et son monde ressemble à un jardin fleuri où l'amour pour son frère et l'amour pour Florent semble l'enserrer de toute part.

J'ai parfois trébuché dans le jardin de Nicolas Clément, l'écriture n'est pas toujours très claire et accessible. Tout le dilemme de faire cohabiter la beauté et l'horreur, de faire des maux des lambeaux de mots, de faire germer des fleurs dans un champs de mine, le tout avec grande finesse et poésie.

«  Chaque sourire me soutient que la vie est bonne, qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés. Quand la tristesse vient miauler dans mes jambes, je la prends sur mes genoux, j'appose mes mains de guérisseuse et je t'offre mon dos rond. Aussi, quand tu pourras, sois fier de ce que nous n'avons pas reçu et qui nous sert d'épines. »

Magnifique...
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La neige en hiver recouvre tous les champs alentour, empêchant parfois d'aller à l'école. Une ferme isolée qui abrite une famille. Deux enfants, Marthe et Léonce. Martyrisés par les coups, les cris et les mots blessants ou absents de leur père. La terreur et la violence règnent en maître. La petite fille apprend à coudre les vêtements qui permettront de cacher les cicatrices de sa maman, lit des histoires à son petit frère et se réfugie dans les livres, même les plus difficiles. La rencontre avec Florent et la découverte des caresses et de l'amour peuvent-elles suffire à l'âme de s'évader?

"Je m'en vais tout effacer sauf les fleurs" de Beckett... Cette phrase à elle seule exprime le ressenti de Marthe. Réduite au silence, il lui reste peu de mots. Dans ce récit qu'elle adresse à son frère, elle couche sur papier son enfance, les drames qui se sont joués et l'envolée. Vaine. Malgré la violence prégnante, ce roman est empli d'une poésie palpable. Les mots sonnent juste et résonnent, les expressions imagées sont lumineuses et l'écriture musicale réellement touchante. Nicolas Clément nous livre un roman étincelant et profond.

Sauf les fleurs qui fleurissent encore...
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Ayant eu le privilège d'être tirée au sort lors du concours Libretto organisé en fin d'année, ce fut ma chance de pouvoir découvrir à la fois un auteur et un titre. et je commence donc tout naturellement cette critique par remercier Babelio ainsi que les édition Libretto.

"Saul les fleurs" est écrit dans une langue qui ne se raconte pas. Je m'explique et je vous rassure, c'est du français mais avec des phrases déconstruites et des verbes qui n'ont pas la même signification pour la narratrice et protagoniste de cet ouvrage que pour le lecteur. Cependant, ne vous affolez pas, ce dernier comprend tout de suite là où Marthe, car c'est le nom de notre narratrice, veut le mener. Pourquoi des phrases déconstruites ? Tout simplement pour s'harmoniser avec la teneur de ce récit extrêmement poignant et bouleversant d'une famille qui se déchire, se décompose petit à petit. La faute à qui ? Non pas au destin ni même au fait que Marthe et son petit frère Léonce grandissent mais la faute au père. Ce dernier, en tant qu'homme extrêmement violent, bat régulièrement sa femme...jusqu'au jour où, il faut quitter la ferme. Marthe, ayant trouvé le grand amour avec Florent s'exile pour Baltimore. Plus de conversations avec Myriam, la voisine et seule véritable amie de Marthe dans ce monde reculé où se trouve la ferme et dans lequel à part Léonce et les bêtes, il n'y a personne à qui parler. Comment décrire l'horreur, celle de voir sa mère dépérir chaque jour un peu plus,, les coups se faire de plus en plus violents ? Les mots n'existent pas et c'est pour cela que ce livre, à l'expression si particulière et qui le rend unique, existe !

Quand on ne peut pas décrire, parler, raconter (ce qui m'arrive en ce moment avec cet ouvrage devant lequel je me trouve démunie de mots), on peut lire ! Une lecture que je vous recommande !
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Et si on parlait poésie. Chacun son style, chacun ses rimes. Mon rimmel coule sur les pages épaisses de ce roman, je replonge dans ma période Glam-Rock....

Je t'inviterai bien à parler violence conjugale mais qui serait assez fou pour enchaîner poésie avec un père qui désosse le visage de sa femme devant ses gosses.

Avant donc d'entamer ma lecture de sauf les fleurs, j'hume profondément le parfum de ma bière, fleurs de houblons. Point de roman sans binouze, le vieil adage d'un bison avec sa caisse de douze. Je vois des champs de coquelicots où les oiseaux me chantonnent gaiement viens dans ma ferme j'ai un truc à te raconter. Il ne me faut qu'une gorgée de lignes pour être pris par un "bouquet d'émotions", la gorge prise par cette "enfance fauchée". Parce que ce truc, c'est du genre indicible, alors je me tais.

Bon OK, si je me tais, je peux tout de même écrire un mot ou deux, sur ces coups qui colorent le visage d'une femme, sur les bleus une poussière ocre se dépose finement, pouvoir magique du maquillage à distraire les maux d'une putain de vie. Et sur les mots de l'auteur, Nicolas Clément, d'une poésie incroyable dans un drame quotidien. C'est beau, c'est magnifique même, (quoi, qu'est-ce que je suis en train d'écrire... que la violence conjugale est magnifique...), ce "florilège de sentiments" qui parfume une vie comme seules les fleurs de jasmin savent m'émouvoir, me bousculer. Oui ça bouscule, les fleurs et les pétales de l'enfance qui s'envolent d'entre les lignes pour venir me saisir. Oui, malgré toute l'horreur abject d'un tel sujet, c'est bien le genre de court roman qui mériterait des secondes lectures pour s'imprégner encore un peu plus de la poésie des fleurs.

"Un seul mot : UPPERCUT !", pensai-je en me regardant dans la glace, me rimmelisant la face.
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Une enfance faite de violence et d'amour. La violence d'un père, quotidienne, insupportable. Il rentre et tabasse sa femme sous les yeux des enfants. La mère ne dit rien et subit en silence, les enfants Marthe et Léonce se réfugient auprès des animaux de la ferme familiale. Ils se serrent l'un contre l'autre dans la chaleur des bêtes.
Marthe la narratrice, nous raconte l'indicible, la peur, la brutalité d'un père, à laquelle elle semble répondre par l'immense amour qu'elle porte à son petit frère Léonce. Car le pire fait aussi parfois ressortir le meilleur.
Une prose poétique dans laquelle les phrases courtes, saccadées et parfois exemptes de ponctuation, laissent deviner avec sensibilité et pudeur la violence et les espoirs sous les non-dits et le drame constamment sous-jacent.
Le livre est magistral, lumineux, bouleversant, inoubliable. Un immense premier roman.
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Difficile de faire une critique quand tout a certainement déjà été dit sur ces pages. Encore plus compliqué après la préface de Valentine Goby qui a les mots justes pour exprimer ce qu'est ce livre.

Touché par la couleur de ce bouquet. Pourtant au départ, les parfums qui s'en dégagent ne m'attiraient pas du tout. Assez de misère au quotidien dans le monde pour ne pas chercher à en rajouter dans mes lectures mais là…
Nicolas Clément aborde la violence conjugale poussée à l'extrême en évitant le piège du pathos.
Pas besoin d'en rajouter pour qu'émotion et révolte envahissent le lecteur, les faits se suffisent à eux même.
Et puis il y a ce style, cette langue qui demande qu'on s'y arrête un instant pour en saisir toute l'essence. Oui, il y a de la poésie taille XL dans les mots adoptés par une enfant témoin et victime de cette violence. Là est toute la force du livre.
L'histoire est sans surprises (malheureusement pour les protagonistes) , on s'attend à ce que va être la prochaine page mais malgré tout, c'est une très belle rencontre.

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Je ne saurais trop dire si j'ai aimé ou non mais pas de doute, l'auteur a une plume forte et touchante.
L'écriture de la souffrance, de l'horreur du père qui bat sa famille, la martyrise, la violente, est toute en poésie.
Le roman est court, mais percutant. Tout est dit de l'amour des deux enfants envers leur mère et des blessures infligées.
Puis Marthe, qui part avec son amant, s'éveille à l'amour, la tendresse, la confiance sereine - et non l'amour empli de détresse et d'insécurité de la mère victime-. Renaissance d'une jeune fille emplie d'espoir, courageuse, qui soigne ses blessures...
Par la poésie, on plonge droit dans le coeur, les entrailles de cette jeune fille débordant d'amour et de peine. On réchappe avec elle des noyades, on touche l'émotion comme si elle était palpable et molle comme un nuage humide...

Le roman est court, juste ce qu'il faut, presque. Quelques pages de plus, ça aurait été parfait.

Je remercie Libretto pour cet envoi.
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Marthe. Elle s'appelle Marthe. Une enfance passée à la ferme avec ses parents et son petit frère Léonce. Une enfance cauchemardesque à cause de ce père qui les battait comme plâtre. C'est surtout sa mère qui prenait les coups. Une violence insoutenable, incompréhensible : « Depuis des lustres, Papa ne prononce plus nos prénoms, se jette sur le verbe, phrases courtes sans adjectif, sans complément, seulement des ordres et des martinets. Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque. » Très tôt la haine pour ce tyran domestique. La peur aussi. Chevillée au corps. Et puis il y a eu ce jour funeste. le geste de trop. Maman qui ne s'en relèvera pas. Heureusement pour Marthe, Florent était là. Un phare dans la tempête d'émotions et de tristesse qui l'a submergé. A maintenant dix-huit ans, elle entrevoit un avenir possible. Et pourtant…

Difficile de parler de ce texte tant il remue, tant il vous attrape à bras le corps. Il aurait été facile de dramatiser à l'extrême, de donner dans le tire-larme dégoulinant. On en reste pourtant très loin. La narration elliptique y est pour beaucoup. Des phrases courtes, saccadées. Une succession de petits paragraphes où une certaine forme de poésie vient vous cueillir sans crier gare. Marthe murmure son récit dans un souffle. Elle dit la douleur mais aussi son éveil au désir dans les bras de Florent. La violence du père face à la sensualité, face à la tendresse de l'amour. On croit à une possible résilience, on se dit que cette petite fille devenue femme va parvenir à se reconstruire. Mais le traumatisme est toujours présent, la haine viscérale.

Une histoire simple. Une histoire belle et dramatique. Bouleversante. Une plume tout en délicatesse. Sauf les fleurs est un premier roman. C'est surtout un texte magnifique qui vous poursuivra longtemps. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Quelle belle découverte que ce jeune auteur, dont c'est le premier roman ! le style d'écriture original et renouant en même temps avec le classissisme fait honneur à la langue française. c'est bien construit, on sent vite que l'atmosphère de drame ne nous lâchera pas, qu'un noir destin poursuivra l'héroine jusqu'au bout.
Le scénario est en soi assez simple, et peut-être un peu prévisible, de cette jeune femme qui souffre, s'émancipe, se libère, jusqu'au final aller jusqu'à tuer le père... On peut y voir aussi une dénonciation des violences conjugales. Les personnages sont pudiques et touchants.
A découvrir avec plaisir.
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C'est le premier roman de Nicolas Clément.

Par la voix de Marthe, nous découvrons l'histoire tragique d'une famille déchirée, broyée par la violence du père qui ne parle qu'avec ses poings.

Marthe vit dans une ferme avec ses parents et son jeune frère Léonce, elle ne trouve de la joie qu'à "coudre pour maman et lire des histoires à mon frère" et passe sa vie à les protéger tous deux. La peur monte et la haine pour cet homme grandit.

L'écriture est surprenante, imagée et pleine de métaphores avec des associations de mots et des raccourcis étonnants.

C'est en fait un long poème très intense dont la lecture peut paraitre difficile aux personnes qui, comme moi, ne sont pas des adeptes de la poésie mais en se laissant porter par le rythme de l'écriture sans forcément creuser chaque phrase, on découvre un texte poignant, très fort où l'auteur trouve les mots pour décrire aussi bien les coups de son père que les caresses de Florent auprès de qui elle va découvrir l'amour et, on l'espère tant, un apaisement et une forme de résilience.

Le final de cette histoire déjà bien tragique est époustouflant avec une montée dans l'horreur pratiquement insupportable.

C'est un texte dont il est difficile de parler mais qui bouleverse.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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