"Bonjour de bon cœur et de tout notre sang !
Bonjour, bonjour, le soleil va se lever sur Paris,
Même si les nuages le cachent il sera là,
Bonjour, bonjour, de tout cœur bonjour !"
"Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu
Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille."
"Il était une feuille avec ses lignes."
S'il y avait aussi une branche, un arbre, ses racines et une terre toute ronde, c'était pour lui.
( "lui" , il s'agit de Robert Desnos)
Un vieux, beau encore, trop jeune pour savoir vieillir, voilà pourtant ce qu'il était devenu.
Mes compagnons de compartiment s'avéraient d'une tristesse affligeante. Des commerciaux en costume de marché, une espèce trop répandue à mon sens, du genre à réciter des chiffres à haute voix en dormant.
Plus nous nous approchions du départ, plus mes certitudes s'effilochaient. Un état de déséquilibre que j'ai toujours ressenti entre l'heure de la décision et l'heure de la réalisation. Reculer ou avancer, renoncer ou partir. Se confronter au binaire est une épreuve, parfois une tragédie.
De telles images sans pourquoi ne sont pas humaines. Peut être m'auront-elles permis de prendre aujourd'hui le temps d'être vivant.
Personne n'entend ceux qui se taisent.
Des édifices d'un blanc criant au soleil, des dômes imposants, les larges avenues parcourues de lourdes voitures américaines côtoyant des mulets et des vélos. Les vendeurs de trottoir, les fruits éparpillés par lots à même le sol, les passants nonchalants en costumes ou en robes à la blancheur immaculée, les joueurs de carte ou de dominos sous les passages couverts, leurs chapeaux vissés sur la tête.
Elle découvrait un monde artistique débraillé, tapageur, fiévreux, bouffon, rebelle, convulsif, toujours à l'assaut de citadelles imprenables, toujours en quête d'une querelle avec la bien-pensance ou l'ordre établi. Un monde de grands enfants dépliant le monde entier sous des poèmes en vrac, des tableaux abscons, des chansons accessoires.