Le poète marche enveloppé d’un brouillard d’inexactitudes, de paroles mal transmises, d’actes qu’il n’a pas commis, de légendes.
Je n'ignore pas combien il est malpropre de parles de soi, et quel blâme on s'en attire.
Picasso dit souvent que la peinture est un métier d’aveugle. Il peint, non pas ce qu’il voit, mais ce qu’il éprouve, ce qu’il se raconte de ce qu’il a vu. Cela communique à ses toiles une puissance imaginative incomparable.
Grande est la chance de ceux qui partent en ligne droite et rencontrent du premier coup un milieu favorable à leur épanouissement. La pire malchance n’est-elle pas de récolter des éloges sur les mauvaises routes et de s’y enfoncer davantage jusqu’à ce qu’un signe mystérieux surgisse et vous oblige à rebrousser chemin?
Mais ce qui caractérise notre époque, c’est la crainte d’avoir l’air bête en décernant une louange, et la certitude d’avoir l’air intelligent en décernant un blâme. Ce qui n’empêche pas la beauté d’y naître, d’y croître en silence sous l’arche des projectiles.
C’est pourquoi, malgré l’opinion courante que l’art est un luxe, il continue son sacerdoce et impose sa nécessité par l’entremise de ceux qui en reçoivent le choc.