"J'aurais dû faire preuve de davantage de folie." Mais, comme cela arrivait sans doute à la plupart des gens, elle l'avait découvert trop tard.
La folie, c'est l'incapacité de communiquer ses idées. Comme si tu te trouvais dans un pays étranger : tu vois tout, tu perçois ce qui se passe autour de toi, mais tu es incapable de t'expliquer et d'obtenir de l'aide parce que tu ne comprends pas la langue du pays.
- Nous avons tous ressenti cela un jour.
- Nous sommes tous fous, d'une façon ou d'une autre.
Comment juger, dans un monde où l'on s'efforce de survivre à tout prix, ceux qui décident de mourir ? Personne ne peut juger. Chacun connaît la dimension de sa propre souffrance et sait si sa vie est vide de sens.
Le 21 novembre 1997, Veronika décida qu'était enfin venu le moment de se tuer.
Sois comme la source qui deborde,et non comme l etang qui contient toujours la même eau
Le risque d une aventure vaut mille jours bien être de confort
- Personne ne doit s'habituer à rien, eduard.
regarde: je m'étais mise à aimer de nouveau le soleil, les montagnes, et jusqu'aux problèmes de la vie; j'avais même admis que si mon existence n'avait pas de sens, ce n’était la faute de personne d'autre que moi. Je voulais voir encore la place de ljubljana, sentir la haine et l'amour, le désespoir et l'ennui, toutes ces choses simples, dérisoires qui font partie du quotidien, mais donnent son gout à la vie. Si un jour je pouvais sortir d'ici, je me permettrais d’être folle parce que tout le monde l'est. Les pires sont ceux qui ne savent pas qu'ils le sont, parce qu’ils ne font que répéter ce que les autres leur ordonnent.
Qu'était la méditation soufie ? Qu'était Dieu ? Qu'était le salut, si tant est que le monde devait être sauvé ? Rien. Si tous ici - et au-dehors - vivaient leur vie et laissaient les autres en faire autant, Dieu serait contenu dans chaque instant, dans chaque graine de moutarde, dans chaque bout de nuage qui apparaît et se défait l'instant suivant. Dieu était là, et pourtant les gens croyaient nécessaire de continuer à le chercher, parce qu'il semblait trop simple d'accepter que la vie est un acte de foi.
Chacun avait une théorie personnelle sur tout et était persuadé que sa vérité était la seule qui comptait. Ils passaient des jours, des nuits, des semaines et des années à bavarder, sans jamais accepter la seule réalité que recouvre une idée : bonne ou mauvais, elle n'existe que lorsqu'on essaie de la mettre en pratique.
Elle avait laissé les sentiments négatifs, réprimés durant des années, remonter enfin à la surface. Et maintenant qu'elle les avait éprouvés, ils n'étaient plus nécessaires, ils pouvaient disparaître.