Veronika décide de mourir n'est pas un ouvrage sombre et triste comme on pourrait le supposer. Pour moi, c'est, au contraire, une ode à la vie, une invitation à se réaliser pleinement et à assumer son moi profond.
" le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre", écrivait
Victor Hugo dans
Les Châtiments. C'est de ce fardeau, devenu insupportable, dont souhaite se débarrasser l'héroïne, jeune femme slovène de 24 ans. Trouvant sa vie terne et vide de sens, bien qu'elle possède apparemment tout pour être heureuse, elle choisit effectivement d'y mettre un terme en avalant des barbituriques.
À sa grande surprise, elle se réveille cependant à Villette, un hôpital psychiatrique. La Grande Faucheuse l'a épargnée. Enfin... Épargnée momentanément seulement car, selon le corps médical, son coeur, fragilisé par les comprimés absorbés, cessera de battre dans quelques jours.
Dans cet institut, durant son sursis, la suicidaire côtoie des patients aux troubles psychologiques et mentaux plus ou moins sévères et découvre que certains résidents y séjournent par choix pour se protéger de la réalité ou se libérer des diktats de la société.
Elle se lie notamment avec Zedka, dépressive qui, lors d'injections d'insuline, s'évade dans d'autres mondes, avec Maria, internée suite à un syndrome de panique et surtout avec Eduard, schizophrène aux traits autistiques.
À la lueur de leurs parcours et menacée par la mort, Veronika s'interroge sur son propre mal-être et les raisons qui l'ont conduite à vouloir mourir. Comprenant qu'elle a depuis toujours étouffé sa véritable personnalité et qu'elle a renoncé à ses rêves, elle se libère du mal qui l'a empoisonnée et que le Docteur Igor nomme Vitriol et une furieuse envie de vivre s'empare d'elle. La jeune femme laisse alors libre cours à ses ressentis même s'ils ne sont pas conformes à la bienséance, s'adonne avec passion au piano, vocation contrariée par sa mère, et entreprend une relation amoureuse avec Eduard.
S"appuyant sur son expérience personnelle ; l'auteur brésilien a été interné à trois reprises durant ses jeunes années parce que ses parents ne comprenaient pas qu'il souhaite se consacrer à l'écriture ;
Paulo Coelho nous incite à réfléchir sur les notions de normalité et de folie, notions, somme toute, extrêmement subjectives et variables en fonction de la société et de l'époque auxquelles les individus appartiennent.
Laisser s'exprimer un tant soit peu la part de folie ancrée en chacun de nous ne s'avère-t-il pas nécessaire à notre épanouissement ? Ne s'agit-il pas de trouver un équilibre entre les normes qui s'imposent à tous et la spécificité de chaque individu ?
Parvenir à un compromis satisfaisant, en cela, à mon sens, semble résider toute la difficulté...