Les livres sur la nature me font l'impression de nécrologies, de célébrations posthumes, nous racontant, à nous urbains dans un monde que le réchauffement climatique rend peu à peu inhabitable, ce que nous avons perdus. Ce court et simple petit roman de
Paolo Cognetti, qui décrit une retraite estivale dans les Alpes, fait son travail avec humilité, d'une description l'autre, de découvertes à leurs abandons. Il évoque un monde que nul n'a vraiment connu, un espoir à la Thoreau, une nostalgie d'un monde perdu, quand les gens vivaient vraiment en haut des alpages. Avec sa fougue, Cognetti vit la montagne le temps de longues vacances, le temps d'être à nouveau rendu vivant par la nature et ses hommes. le temps d'être rendu à lui-même, de se perdre et de se retrouver ("Car qui d'autre fuit-on quand on fuit sa maison ?"). Un livre comme une catharsis d'un monde qui s'éteint ("Je la connaissais déjà enfant, cette transformation que la montagne provoquait en moi : cette joie d'avoir un corps, l'harmonie qu'il retrouvait dans son élément ; cette liberté de courir et de sauter et de grimper comme si les mains et les pieds avaient une vie qui leur était propre, et qu'il était tout bonnement impossible de se faire mal.").