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3,87

sur 205 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est au travers d'un échange épistolaire puis d'un journal que nous sommes conviés à recevoir les confidences d'un médecin de campagne exerçant en Normandie au milieu du 19è siècle. La tentation est grande de mettre en parallèle l'exercice de cette profession à cette époque et de nos jours.

Bien entendu ce qui frappe d'emblée et le manque de connaissance et de moyens pour venir en aide aux patients, lorsque l'on a à sa disposition essentiellement de l'opium, et des plantes. D'autre part, il n'y avait pas de limites aux interventions : appendicite, césarienne : le bloc opératoire de fortune était la pièce principale de la demeure. La distance parcourue par journée, quand on a pour véhicule un cheval, limite le nombre des malades secourus. C'est aussi pourquoi il était nécessaire d'avoir d'autres sources de revenus que la médecine, d'autant que le serment d'Hippocrate stipule que le malade qui n'a pas les moyens ne doit pas payer (pas de sécu en ces temps passés). C'est pourquoi notre praticien possédait 3 fermages lui permettant de subsister.

Malgré cela, bien des points communs peuvent être mis en évidence : le rôle de la parole ou du geste (serrer une main, palper un pouls) dans la démarche thérapeutique, la nécessité de croire à ce que l'on prescrit «il est évident que le praticien qui n'a pas confiance dans la vertu de son adresse ne saurait apporter à l'étude et à l'exercice de son art, le zèle, l'attention, le dévouement et la persévérance nécessaire». de même la confrontation avec la mort ne fait l'objet d'aucune accoutumance «j'ai vu trépasser nombre d'humains, mais jamais je ne suis parvenu à m'habituer à ce vide qui entre dans le regard».

Déjà des précautions étaient nécessaires pour pratiquer un examen intime chez une femme, et notre bon docteur exigeait d'avoir un témoin.
Deux obstacles se dressent devant la bonne volonté du docteur : l'hygiène et les croyances, auxquelles, pour rejoindre les opinions très anticléricales de notre narrateur, on peut rattacher la religion.
Car en ce qui concerne l'hygiène, «un homme un vrai, se doit de rester sale, ne raconte-t-on pas que l'odeur du bouc attire les femelles? La crasse, l'huile comme ils disent, favorise la pousse des cheveux, soutient l'intégrité du corps et des organes, les puces assainissent le sang». A la même époque, Semmelweiss en Autriche perdra la raison pour n'avoir pu instaurer le lavage des mains entre la pratique d'une autopsie et celle d'un accouchement...(cf la thèse de Louis Ferdinand Destouches, dit Céline...).
Le veuvage et la confrontation régulière avec la mort, échauffent les sangs de Dr le Coeur, et il confie volontiers à son journal les péripéties de sa vie amoureuse On pourrait considérer que c'est son hobby, seule activité pratiquée en dehors de son travail!
Bien d'autres aspects sont abordés dans ces écrits, la rédaction d'un mémoire sur la rage et ses origines, les balbutiements de la vaccination, ou encore les relations avec les aristocrates de la médecine siégeant da s la capitale ou les villes
L'ensemble est porté par une écriture élégante, avec un style délicieusement suranné. L'on ne serait pas surpris si l'officier de santé Bovary demandait une consultation pour sa femme! Si l'on ajoute à cela un travail important de recherches historiques, l'ensemble est totalement crédible et pourrait passer pour un récit inspiré de faits réels.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Un vrai bonheur ! Un petit pavé qui se dévore en moins de deux. L'histoire du docteur le Coeur, médecin de campagne qui passe son temps à parcourir la campagne normande. de consultation en consultation, il consigne chacune de ses rencontres dans un journal intime où se mêlent et se rencontrent différentes intrigues et autres personnages. Des histoires de coeur et de corps, qui révèlent une médecine encore dans un stade de balbutiement, une médecine contrainte souvent de composer avec les superstitions. La langue est superbement classique. On en oublie que le texte a été écrit récemment, très récemment.
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Un livre du genre roman régionaliste qui raconte la vie d'un médecin rural dans le nord-ouest de la France du XIXe siècle. Un thème sur la vie et sur la force morale dans une société campagnarde. le protagoniste est un médecin d'environ cinquante ans qui est près de sa retraite. Il vit seule, bien qu'une bonne habite chez lui qui prend soin du ménage. Il fait son boulot, il reçoit des patients chez lui et il rend visite à des malades tout en analysant ses observations et ses sentiments. Ses patients sont surtout des paysans très pauvres. Il raconte ses « aventures galantes et professionnelles » dans un journal.
Bien que les affaires amoureuses soient pertinentes du thème de l'histoire de « Trois saisons de la rage », je ne les trouve pas très piquantes. En effet, c'est la même chose pour les pensées du médecin sur la rage, sur les motivations et les envies des hommes. Quoique tous ces sujets soient très importants pour le livre, j'aime plus la description des événements quotidiens. Ce sont les descriptions de la vie rurale, les portraits des paysans pauvres, les exposés sur les conditions misérables des gens et des femmes particulièrement, que j'estime beaucoup plus captivants.
Le livre offre une histoire simple mais captivante avec une fin fortement surprenante. C'est seulement un peu plus tard que j'ai compris cette fin. Je dois avouer que, d'abord, je n'ai pas compris pourquoi le livre a dû finir comme ça, bien qu'on trouve après coup des indications et des suggestions que l'histoire pourrait avoir une fin inattendue. Donc, c'est pour moi vraiment un très bon livre qui a gagné le Prix des libraires en 2011.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Ce roman est un véritable bijou!
Tant par la forme que par le fond, l'auteur met son incroyable talent au service d'une profonde et riche peinture de l'humain, dans la vie et face à la mort. On rit, on pleure, on frémit de plaisir à la lecture de ces pages! Parallèlement à la fatalité de la mort, inéluctable, ce roman célèbre la vie et ses bonheurs.
Une fois commencé, il vous emporte dans un vent d'émotions et de réflexion, et on voudrait que cela n'en finisse pas...
Mais on n'en finit pas, de cette rage de vivre et d'aimer!
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Un petit trésor de littérature qui nous parle de la vie ; celle des gens du peuple, des gens de biens, des gens de droit dans la campagne normande au milieu du XIXème siècle.
Les mots chantent la vie, hurlent la haine, pleurent la douleur, peignent l'amour dans ce roman plein de tendresse et de profondeur. L'auteur utilise un vocabulaire riche pour nous transmettre une petite part de notre histoire à tous et ce, à travers le journal d'un médecin de campagne. Histoire de nos ancêtres qui des villes ou des champs vivaient entre sciences nouvelles et anciennes croyances, entre vie de châteaux et vie de masures et où la bonté un peu naïve des uns côtoyait la cupidité et l'âpreté des autres.
Un premier roman vrai, riche, captivant et tellement « humain ».
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J'ai été complètement séduite par ce livre étonnant et je sais que je ne serai pas toute seule à l'apprécier. Je l'ai absolument dévoré sans jamais me lasser.
Le roman est particulièrement bien construit, et permet de revisiter la société du 3° empire. Il est vrai que, comme nous sommes dans la société rurale normande, on pense souvent, ainsi que le dit la 4° de couverture, à Maupassant.
Dans la première partie nous suivons les troupes impériales en Italie avec toutes les horreurs de la guerre et l'injustice de la conscription.
Se mettre dans la peau d'un médecin, cela permet un tour d'horizon assez complet sur la société du temps : la médecine militaire plonge le lecteur dans la réalité historique, puis on voit le début du modernisme avec la science médicale qui commence à s'installer, on rentre dans toutes les maisons et on voit de près la misère et la mesquinerie des uns et des autres.
Comme ce qui se passe dans la vie, les histoires sont touchantes, révoltantes, émouvantes.
Il y a une foule de personnages, mais le roman est bien fait et on s'y retrouve assez vite. Ce qui m'a le plus intéressé ce sont les réflexions sur le sens de la vie. Une profonde humanité se dégage de ce livre qui correspond certainement plus à nos valeurs d'aujourd'hui qu'à celle d'un médecin de 1859 mais peu importe ou au contraire c'est la raison pour laquelle ce llivre m'a tant plu..
Les conversations entre le guérisseur sorcier, les deux prêtres, et le médecin athées permettent de faire revivre l'ensemble des opinions du temps.
Victor Cohen Hadria raconte bien l'amour : les sentiments et la réalité physique. le docteur le Coeur veuf qui a aimé sa femme a encore besoin de présence féminine à ses côté, il y a de beaux passages à ce propos, jamais choquants mais très humains : du Maupassant !!

Lien : http://luocine.over-blog.com/
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Un excellent moment de lecture : on plonge dans le quotidien, parfois très prosaïque (et très détaillé) d'un médecin de campagne au siècle passé (en 1859, il y a quasi 2 siècles en fait). On découvre des paysans tiraillés entre le curé, le rebouteux et en dernier recours, le médecin. La médecine sociale : si notre bon docteur peut se permettre de soigner gratuitement ses patients indigents (et c'est sa 1re vocation), c'est parce qu'il a du bien. Les progrès de la médecine, de la vaccination… La société française et ses nouvelles élites d'après la Révolution. En arrière-fond la guerre menée par Napoléon 3 en Italie… Tout ça dans une langue qui donne l'impression d'être authentiquement d'époque. Roman épistolaire dans la 1re partie, journal intime dans la seconde, le livre est à la fois très bien documenté et passionnant. Je n'ai deviné la fin qu'en tournant la dernière page, je n'en dirai pas plus…
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J'ai adoré ce livre, pleins de vérités. Des citations proches de nos sentiments.
Un médecin de campagne en plein 19ème siècle connait presque tout des corps de ses clients et s'il leur annonce la vérité, il ne les juge pas de leur choix, ne les pousse pas dans une voie. La seule incitation de sa part c'est de prendre un abonnement, pour ainsi être sûr de prévenir la maladie. Il aimerait tant que l'hygiène soit de mise. Il étudie, écrit un essai de façon acharné sur la rage. Il veut oublier sa femme qu'il a aimée et est décédée. Il reste un homme plein de tendresse, de sagesse et s'évertue à garder une analyse critique devant la main mise de la religion sur les paroissiens qui sont aussi ses clients.
Nous suivons son périple de notable qui se retrouve l'écrivain d'une famille de paysan. Leur fils est parti à la guerre à la place du fils d'un riche propriétaire contre de l'argent. On assiste d'abord à un échange épistolaire entre le médecin des champs de bataille qui écrit pour le jeune soldat, et le médecin de campagne. Puis tout prend forme et on se passionne pour ce médecin qui reste humble, gentil, toujours présent et serviable quelque soit l'heure.
Un roman passionnant de la condition des hommes et surtout des relations hommes-femmes de l'époque dans les campagnes.
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Nous sommes dans le quotidien de la société normande vers 1860, en particulier celui des paysans.
On se croirait dans un roman De Maupassant.
Le narrateur, médecin de campagne, connaît tout de ses patients, et trace des portraits de femmes malmenées par la vie.
Les grossesses non désirées, les accouchements souvent tragiques, les incestes, viols, prostitutions sont le triste lot de la condition féminine à cette époque.
Lecoeur (le bien nommé !) soigne les corps avec dévouement et humanité, mais surtout les esprits.
On vient pas voir le médecin parce qu'on est malade mais parce qu'on a mal… Il doit trouver des solutions même si elles ne sont pas médicales.
Un superbe roman dramatique mais une ode à la vie et à l'amour.
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Ceux qui n'aiment pas le cynisme, ceux qui pensent qu'"avant c'était mieux", ne devraient pas lire ce roman.
Pour ma part, j'ai découvert cet auteur avec un grand plaisir. J'ai été attentive au récit jusqu'à la dernière ligne. Je ne suis pas certaine d'avoir bien interprété la fin mais peu importe. Cette histoire aux voix multiples, aux intentions tortueuses, aux surprises quelquefois désolantes m'a enchantée.
Et je suis très heureuse de vivre à mon époque en mes lieux et place. Car à bien y regarder, ce récit frôle le cauchemar.
Médecins, militaires, aubergistes, demi mondaines, domestiques, paysans, rebouteux. Tous vilains !
D'une certaine façon, ce livre me rappelle la laideur des personnages du "Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau. On peut toujours s'attacher aux uns ou aux autres mais attention aux désillusions !
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