La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre dans le malheur et à se reconstruire d'une façon socialement acceptable.
Rédemption, résilience, sujets littéraires en vogue, constat personnel à la lecture des titres et des synopsis sur les tables de lecture des librairies.
Dans ce premier roman d'
Ophélie Cohen, n'en cherchez pas, il n'y en n'a pas une once, quelques instants de rémission, que je n'ose qualifier d'espoir tant il est éphémère et pas de rédemption possible. L'éclosion d'une vie et déjà, la fée culpabilité se penche sur le berceau. Un roman noir, âpre, rugueux, quelques bonheurs suaves aussitôt dilués dans le torrent de la fatalité. Et quand ce n'est pas le destin qui s'en mêle, c'est
Héloïse qui perd les pédales, s'emmêle les pinceaux, et sème la peine et le malheur autour d'elle.
Héloïse ne m'a pas toujours émue, je ne l'ai pas toujours comprise, ses choix m'ont parfois révoltée car elle s'est parfois construite son propre malheur. La culpabilité, encore elle, c'est elle qui veut ça, ce putain de cancer de l'âme qui fait douter de tout moment de douceur volé au destin, comme si s'autoriser l'accès au bonheur se payait au centuple.
Ophélie nous prend en otage, nous sommes prisonniers de son récit, en apnée, quelques bouffées de plénitude, on respire un grand coup, et c'est à nouveau la tasse, la tête maintenue sous l'eau, pas de naufragé, les séquelles sont mortifères.
Un premier roman prometteur. Les dialogues sont maîtrisés ( c'est souvent un point faible chez un novice, une faiblesse qui demeure même chez certains aguerris ). Ils sonnent juste, sont crédibles.
Certes, j'ai trouvé quelques maladresses dans ce roman, un côté un peu redondant dans le discours, je t'enfonce un peu trop le clou parfois, il est vrai que je préfère le Show, don't tell, et dans ce récit, c'est un peu je te serine pour bien te garder la tête sous l'eau, l'écriture participe à mon sens au mal-être qui s'insuffle au-delà des mots. Néanmoins, comme je le disais à un ami auteur tout récemment, je préfère un texte livrant quelques maladresses mais qui vient me titiller les tripes qu une écriture plate, certes bien écrite mais qui va bien vite me saouler. Malheureusement, des novices jusqu'aux plus aguerris, manque de bol, parfois, certains n'ont ni l'un, ni l'autre.
Il y a donc une vraie personnalité qui émerge de ce récit. de longues phrases, mitraillées par des élocutions raccourcies au maximum, un nom, ou un verbe comme des tirs de kalachnikov. Efficace, sans bavure. Même si la formule revient souvent, comme déjà une marque de fabrique. Une empreinte.
On ressent que l'auteure ne s'est pas contrainte mais a lâché prise en laissant tout le champ libre à son héroïne, même si on ressent que parfois le chemin n'a pas été simple pour donner une autre direction, une nouvelle destinée au personnage principal ainsi qu'aux secondaires.
Une nouvelle auteure qui devrait tirer son épingle du grand jeu des auteurs de romans noirs.