AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fandol


Quelle belle idée de conter la vie de Simone Veil en bande dessinée avec Annick Cojean et Xavier Bétaucourt au scénario, Étienne Oburie assurant un dessin tout en douceur et en finesse ! Grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions Steinkis/Plon que je remercie, je viens de passer un excellent moment de lecture.

Annick Cojean, la célèbre journaliste du Monde dont j'appréciais beaucoup la série de biographies intitulée Duels, sur France 5, était évidemment la plus qualifiée pour raconter. Grâce à ses rencontres, ses articles, un livre déjà, elle était très bien placée pour nous rappeler qui était cette femme au courage et à la volonté extraordinaires. Si elle est au Panthéon aujourd'hui, avec son mari, Antoine Veil, ce n'est que justice.
Dans la foulée ou plutôt dans la roue du scooter d'Annick Cojean, j'ai été emporté dans les phases essentielles de la vie de Simone Veil. de sa première rencontre à la sortie d'un Conseil des Ministres, en 1979, alors qu'elle est stagiaire à Europe 1, jusqu'à cette longue conversation de juin 2004 pour un livre que l'éditeur Jean-Marc Roberts veut publier avec l'intégralité du discours de Simone Veil défendant sa loi pour l'interruption volontaire de grossesse, les deux femmes qui ont en commun un amour profond pour leur mère, se confieront l'une à l'autre.
Simone Veil parle de son enfance heureuse à Nice, de la guerre, de l'occupation et de la déportation à Auschwitz avec sa mère et Milou, sa soeur aînée, de Birkenau où, à 16 ans, elle sympathise avec Marceline Loridan qui a un an de moins, puis Bergen-Belsen et la marche de la mort. Ses épreuves terribles, inimaginables sont contées avec pudeur et précision. Son féminisme, son combat pour les femmes prend racine.
Son père et son frère ont disparu en Lituanie. Sa mère a succombé au typhus un mois avant leur libération et Simone Jacob a dû réapprendre à vivre. Elle épouse Antoine Veil et ne cesse de se battre pour l'indépendance des femmes, pour qu'elles aient d'abord un métier.
Elle a eu trois fils et confie avec humour qu'avec son mari, cela fait quatre machos… Elle les aime mais ne cède rien. Entrée dans la magistrature, elle lutte pour améliorer les conditions de vie des personnes détenues. Avec Gisèle Halimi, elle obtient le transfert depuis l'Algérie, de Djamila Boupacha, militante FLN, torturée et violée.
Je ne peux citer que quelques éléments mais il faut lire cette BD dessinée avec tendresse, les couleurs sépia variant avec la période contée. Vous rencontrerez aussi quelques personnages importants de la Ve République et un florilège consternant de quelques interventions de députés de droite, le camp de Simone Veil, pour contrer son projet de loi en faveur des femmes.
Simone Veil ou la force d'une femme est un bel album qui se termine avec la publication du magnifique article signé Annick Cojean, publié dans le Monde daté des 2 et 3 juillet 2017 alors que cette grande dame qui fut Membre du Conseil Constitutionnel, Ministre de la Santé, Ministre d'État, Présidente du Parlement européen et membre de l'Académie française, venait de mourir. Ce texte débute ainsi : « C'est de ses yeux d'un vert transparent et liquide qu'on se souvient d'abord. de ses yeux si clairs, si vifs, qu'elle plantait dans les vôtres et qui semblaient exclure qu'on puisse se dérober, esquiver, mentir ou faire semblant. »

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1116



Ont apprécié cette critique (105)voir plus




{* *}