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Critique de Denis_76


J'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire. La Belle-Epoque, la der de Der, puis Les Années Folles : je m'imagine bien Sidonie-Gabrielle Colette dans cette ambiance mondaine de scandales, tout comme Sarah Bernhardt, Mistinguett ou Joséphine Baker.
C'est en tous cas dans ce monde huppé qu'en 1919, navigue Chéri, 30 ans, beau gosse de riche, dandy marié à Edmée dans une relation malsaine où elle le méprise alors qu'il l'ignore. C'est un peu "Le mépris", d'Alberto Moravia. Les relations entre les amis sont floues, le travail de chacun aussi. On découvre progressivement l'entourage de Fred ( Chéri ).
Sa jeune femme aux cheveux crêpés que j'imagine habillée en Paul Poiret, est indépendante, plus ou moins infirmière, admire ( hum ) le docteur Arnaud ;
sa mère, Charlotte, une mama autoritaire, "dévoratrice, calculatrice", conductrice, sanglée de cuir, cheveux rouges, magouille des millions dans le cuir et le sucre ;
son ex, Léa, 60 ans, peut-être un ancien mannequin, qui a arrêté de lutter contre les ans et le poids, avec "son double menton irrémédiable" ;
la baronne de la Berche, 60 ans, qui, d'après la fine description de l'auteure, me fait tout-à-fait penser à la secrétaire de la baronne Kessler, que Corso ( Johnny Depp dans La neuvième porte ) évite, tellement elle est baraquée, hommasse, avec "une longue veste impersonnelle et des drus cheveux gris" ;
il y a aussi La Copine, 60 ans également, "visage ruiné de reine banale", avec laquelle, enfin, Chéri trouve une certaine complicité.
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Le style de Colette est particulier. L'auteure fait de toute scène une belle peinture, grâce à une fine analyse psychologique. Ce style, riche en adjectifs, est très beau, mais alambiqué : le peu d'actions importantes n'est pas souligné. Par exemple, Chéri jacote avec sa femme, et tout d'un coup, on le retrouve qui appelle un taxi... "Ah, tiens, me dis-je, il est descendu de l'appartement ? ", d'où des retours en arrière qui coupent la lecture.
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Chéri, un "adulescent", m'a particulièrement intéressé, car, de retour de la guerre dont on ne parle pratiquement pas, il est perdu entre toutes ces femmes qui ont pris de l'assurance, ont conduit des camions pendant la guerre, fument le cigare, se sont libérées, mais ont aussi vieilli, sans remède possible : c'est un peu "La métamorphose"... D'ailleurs, a-t-on trouvé, à ce jour, un truc contre la ménopause ?
Colette fait une belle analyse de la lutte perdue d'avance contre les ans, du délabrement de la chair, mais aussi du snobisme superficiel.
Elle fait également un superbe constat de la conduite plus virile de la femme grâce à la guerre, femme qui conduit, est indépendante, fume le cigare, a un travail ou magouille des combines pour gagner du fric, s'assume : elles n'ont pas attendu 1970 !
Dans ce monde en évolution, les femmes progressent ; Fred fait du sur place. Il est paumé, un peu comme les papas-poules actuels.
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Hum ! Tiens :
"Femme des années 80
Mais femme jusqu'au bout des seins
Ayant réussi l'amalgame
De l'autorité et du charme" ( M.S )
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