AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782702488713
185 pages
Le Livre de Poche (01/09/2004)
3.67/5   679 notes
Résumé :
Léa de Lonval, une courtisane de près de cinquante ans, est la maîtresse de Fred Peloux, surnommé Chéri.

A mesure qu'elle éprouve le manque de conviction croissant de son jeune amant, Léa ressent, avec un émerveillement désenchanté et la lucidité de l'amertume, les moindres effets d'une passion qui sera la dernière.

Pourtant il suffira à Chéri d'épouser la jeune Edmée pour comprendre que la rupture avec Léa ne va pas sans regrets. >Voir plus
Que lire après ChériVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (92) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 679 notes
Brocarts, dentelles et traversins garnis de plumes ; mangeailles fines, vins délicats et parfums suaves ; soie, cristal, porcelaine et lumière tamisée ; nuis câlines, longs matins calmes, petits déjeuners enchanteurs, frivoles mondanités, milieux frelatés de la belle époque, serviteurs dévoués… Malgré toute cette douceur, ce confort bourgeois, malgré cet argent facile qui semble couler des doigts et ce luxe un peu suranné, le roman est âpre, féroce et cruel.
Car c'est le clap de fin pour Léa, une courtisane vieillissante qui vécut comme une princesse, qui rayonnait grâce à son charme, son entregent, ses brillants traits d'esprit, son beau corps long et souple. Certes ! s'il y a toujours dans le regard contenu des hommes polis un « Madame est belle », Léa a de plus en plus de mal à « déguiser le monstre », c'est-à-dire la vieille femme.
Avec un sentiment mêlé d'indignation, de tendresse, d'amour et d'amertume, elle regarde son « Chéri beau comme un dieu », ce jeune homme fantasque, égocentrique, versatile − insupportable en un mot – se retirer de sa vie sur la pointe des pieds. Parce qu'il doit bien construire sa jeune existence. Parce que dans un moment d'égarement, Léa lui a laissé entrevoir le « monstre déguisé ».
Une retraite honteuse, une fin dans l'ombre, la défaite, voilà ce qui attend désormais Léa.
Et cette question qui se pose, toujours d'actualité : la femme d'âge mur peut-elle, à l'image des hommes, avoir des amants beaucoup plus jeunes qu'elle ?
L'écriture de Colette, tour à tour exaltée, acerbe ou désabusée, est éblouissante. On ressent la détresse de Léa et son combat perdu d'avance comme s'ils étaient les nôtres.




Commenter  J’apprécie          14213
Chéri de Colette, écrit en 1920 - lu en septembre 2018.
Encore une découverte de la boîte à livres de ma commune.
Chéri, surnom donné à Fred Peloux par Léa sa maîtresse et amie de sa mère . Chéri connait très tôt son pouvoir de séduction, il est "beau comme un ange", le sait et en use avec Léa, femme d'un âge mûr qu'il surnomme Nounoune.
Chéri est un garçon frivole, ne manquant pas d'argent, mais incapable d'aimer, il joue avec les sentiments de Léa, avec ceux plus tard de son épouse Edmée. Sa liaison avec Léa durera 6 années où il jouera au chat et à la souris avec elle..
Et un jour, la différence d'âge lui saute aux yeux, Léa a 24 ans de plus que lui, il se rend compte qu'elle commence à se flétrir, double menton, taille épaissie... Elle a 56 ans.
Dans ce milieu de courtisans et courtisanes, les intrigues se nouent et se dénouent, on ne se fait pas de cadeaux, des petits jeux cruels entre amants, la jalousie, et bien entendu pas sans souffrance pour Léa qui, lucide, sait bien qu'elle n'est plus au top de la jeunesse.
Colette écrit naturellement, comme elle le sent, les tenants et aboutissants de cette liaison particulière,
du comportement humain dans cette relation amoureuse, de la précarité des choses, surtout avec une telle différence d'âge.
Il y a une suite à ce livre, Colette publiera en 1926 "La fin de Chéri" dont on devine bien qu'elle ne sera pas une happy end.


Commenter  J’apprécie          12114
« Raconte, va, raconte. »

Un roman tendre et touchant. Une femme qui vieillit, un homme qui grandit. Quelles étaient belles ces années d'insouciance. La rondeur d'une perle, un creux d'épaule où il fait bon se blottir ...comme un enfant.

« Chéri, tu dors ? Oh ! Non, Nounoune, je suis trop bien pour dormir. »

Mais les esprits s'affirment, les yeux s'ouvrent, les devoirs, les sacrifices et certaines évidences pour ces amoureux jaillissent comme une crue que rien ne peut empêcher. Ça déborde d'amour, souvent méconnu, parfois tu. J'ai adoré la plume de Colette. Cela virevolte d'intelligence, de vie et d'humeurs. Les personnages sont complexes, ils ont tous un petit quelque chose qui m'émeut ou m'amuse.

« Les gens ne savent pas ce que c'est que Chéri. »
Commenter  J’apprécie          514
Elle est "Nounoune", il est "Chéri".
Léonie Vallon appelée Léa de Lonval fut une reine dans l'aristocratie des courtisanes. A l'approche de la cinquantaine, fière de son parcours et toujours aussi désirable, elle s'accorde une passade avec le fils d'une de ses amies, Fred Peloux, alors âgé de dix-neuf ans. L'enfant qu'elle a vu grandir est devenu un bel ange.
Six ans d'une relation devenue passionnelle, la dépendance de l'un pour l'autre est toujours aussi forte. Cependant le jeune homme doit se marier et les amants décident d'interrompre leur liaison.
Chéri se plie sans rechigner à son devoir, prenant ce destin comme une nouvelle aventure, et Léa, lucide, laisse son jeune amant la quitter. N'est-ce pas le seul épilogue possible ?
Après cette renonciation, tous deux prennent alors conscience du sacrifice ; le manque est une torture, leur affection était un réel amour.

J'ai voulu relire ce petit roman après avoir vu l'adaptation filmée de Stephen Frears (un film qui respecte le livre). Il y a fort longtemps, j'ai lu cette histoire après mes passionnantes lectures des "Claudine" et "Le blé en herbe" ; j'étais une adolescente qui avait eu un coup de coeur pour Colette. En regardant le générique de fin défiler, je me posais la question… Qu'elle serait ma lecture aujourd'hui, alors que mon âge approche plus celui de Léa de Lonval que celui de Fred Peloux ?
C'est donc l'esprit moins ardent et plus mûr que j'ai entrepris cette relecture…

Colette dresse un portrait de Chéri peu sympathique. Il est pathétique, capricieux, fantasque, versatile et égocentrique (un beau panel !). Puéril, il joue de sa jeunesse en se laissant materner par Léa. Certaines scènes paraissent pernicieuses, entre réprimandes et câlins ; Chéri se comporte comme un enfant et Léa aime son ascendance sur lui. Femme intelligente qui a su gérer sa carrière de courtisane et faire fortune, sa beauté n'est pas son seul atout, elle est une fine tacticienne. Lorsque Fred, à peine sorti de l'adolescence, lui fait des avances, elle est flattée et n'hésite pas à entreprendre une liaison. Cela ne surprend même pas Madame Peloux mère qui en est spectatrice… Il faut que jeunesse se fasse ! Ce qui ferait sursauter aujourd'hui, n'avait rien de scandaleux à l'époque.
Petit aparté, Colette a écrit ce roman en 1912 et c'est en 1920 qu'elle l'a fait publier. Il faut préciser qu'il était annonciateur de ce qui allait arriver… A quarante ans, elle a "initié" un jeune homme de dix-sept ans, Bertrand de Jouvenel, le fils de son époux, et leur histoire a duré cinq ans.
Il faut une rupture pour que les amants se rendent compte de leur attachement. Léa en perd le souffle. Elle se trouve vieillie, cache les plis de son cou sous un rang de perles, se sent abandonnée, bien seule, et dans le vide de son lit, appelle Chéri. Fred est atteint de spleen, tout l'ennuie. Il délaisse Edmée, sa jeune et belle épouse, devient même grossier et méchant avec elle. Nounoune a toujours était dans le paysage familial de Chéri, elle lui manque énormément. le drame amorce sa spirale et enlève toute frivolité aux personnages.
Malgré un sursaut illusoire qui amène une dernière ardeur, le couple de Léa et Fred s'éteint malgré les braises encore rougeoyantes. Comme l'amour est cruel !

Jeune, je n'avais lu que la passion, je n'avais pas aimé Fred, ses jérémiades, et j'avais eu de la peine pour Léa. Aujourd'hui, je vois en plus une incroyable modernité et l'affranchissement de Colette. Elle peint une satire de son époque et ironise sur l'empreinte du temps ; la maturité malmenée par la jeunesse. La plume est alerte, vive, taquine, sans complaisance, mais aussi chagrine. Colette conte une triste histoire, le deuil de l'amour.
J'ai aimé le relire avec les images du film, les mots étaient plus colorés, plus parlants.

Un roman à conseiller…
Commenter  J’apprécie          352
« Chéri » est le premier roman de Colette que je lis. Cette lacune s'explique par le fait que, sans savoir pourquoi, cette auteure ne m'attirait pas du tout. Mais mon mari ayant lu ce roman récemment, il m'a conseillé de dépasser mon a priori négatif et de le lire aussi. J'ai bien fait de suivre son conseil, « Chéri » est un très beau roman.

Je m'attendais à une romance anodine. Il n'en est rien. « Chéri » est un roman à la fois subtil, cruel et émouvant. La peinture psychologique des personnages est remarquable de justesse. Chacun des protagonistes est finement ciselé. Ainsi, le récit est très vivant et très prenant. A ma grande surprise, je me suis véritablement passionnée pour l'histoire d'amour entre Léa, courtisane mûre, et Fred, jeune apollon un brin superficiel. Leur histoire, si elle est vouée à l'échec, n'en est pas moins terriblement belle. Triste et belle cette histoire d'amour, le premier pour lui, peut-être le dernier pour elle dont la beauté est de moins en moins éclatante. Les sentiments et émotions de Léa sont particulièrement bien dépeints et très émouvants. J'ai même trouvé certains passages douloureux à lire. le regard cruel que porte Léa sur elle-même a quelque chose de bouleversant. Il y a une dureté à voir cette femme, autrefois très séduisante et fraîche, aujourd'hui encore assez belle mais qui a tout de même perdu de sa superbe, scruter les moindres traces de son vieillissement, l'apparition d'un double-menton, le cou qui s'épaissit, les mains qui flétrissent…
Pour autant « Chéri » n'est pas un roman triste. Il y a des notes d'humour plaisantes et l'écriture de Colette est très agréable de légèreté et d'élégance.

La lecture de « Chéri » a balayé tous les a priori que je pouvais avoir sur Colette. Je compte bien lire d'autres oeuvres de cette auteure.

Commenter  J’apprécie          374

Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Il tâchait d'évoquer les jeux du matin, chez Léa, certains après-midi de plaisir long et parfaitement silencieux, chez Léa, - le sommeil délicieux de l'hiver dans le lit chaud et la chambre fraîche, chez Léa... Mais il ne voyait toujours aux bras de Léa, dans le jour couleur de cerise qui flambait derrière les rideaux de Léa, l'après-midi, qu'un seul amant : Chéri. Il se leva comme ressuscité dans un mouvement de foi spontanée :
"C'est bien simple ! Si je n'arrive pas à en voir un autre que moi auprès d'elle, c'est qu'il n'y en a pas d'autre !"

Page 126.
Commenter  J’apprécie          120
- (...) Je ne sais pas si trois déménagements valent un incendie, mais je suis sûre que six mois d'absence valent une inondation.

Page 132.
Commenter  J’apprécie          70
Léa, balancée dans un rocking, jetait de temps à autre les yeux sur Chéri, Chéri vautré sur le rotin frais, son gilet ouvert, une cigarette à demi-éteinte à la lèvre, une mèche sur le sourcil, - et elle le traitait flatteusement, tout bas, de belle crapule.
Ils demeuraient côte à côte, sans effort pour plaire ni parler, paisibles et en quelque sorte heureux. Une longue habitude l'un de l'autre les rendait au silence, ramenait Chéri à la veulerie et Léa à la sérénité.

Page 25.
Commenter  J’apprécie          172
Chéri répondait rarement à une plaisanterie et l'accueillait presque toujours froidement. L'importance de cette terne riposte éclaira Desmond sur l'état insolite de son ami.

Page 124.
Commenter  J’apprécie          40
Mais il ne fuma point, regarda la boîte de cocaïne avec une répugnance de chat qu'on veut purger, et se tint presque toute la nuit assis sur la natte, le dos au capiton bas du mur (...).

Page 116.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Sidonie-Gabrielle Colette (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sidonie-Gabrielle Colette
« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2230) Voir plus



Quiz Voir plus

Sidonie gabrielle Colette

Le père de Colette est

Facteur
Ecrivain
Capitaine
Journaliste

13 questions
193 lecteurs ont répondu
Thème : Sidonie-Gabrielle ColetteCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..