Ce n'est qu'une fiction. J'ai voulu l'imposer comme une histoire vraie, parce que, par essence, chaque roman est vrai. p 8
Comme pour «
Perdido» le roman de
Velibor Colic que j'ai lu récemment et beaucoup aimé, c'est sur une réalité indirecte et éclatée que se base l'auteur pour donner vie à la ville de Sarajevo. A partir du point central que représente l'événement tragique de l'assassinat, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand par Gavrilo Princip va s'étoiler toute l'histoire de Sarajevo ville cosmopolite et bariolée où se côtoient quatre communautés : Slave orthodoxe, musulmane, juive séfarade et catholique. Elle a été surnommée la petite Istanbul ou la Jérusalem des Balkans.
Tous les personnages de ce «roman» ont une relation, plus ou moins proche, avec l'évènement qui va faire basculer toute l'Europe dans la tragédie de la première guerre mondiale dont les conséquences s'étendront jusqu'à la seconde et même jusqu'au siège de Sarajevo débuté il y a vingt ans, le 5 avril 1992.
Velibor Colic tisse un tapis dont les fils de trame de couleurs différentes s'associent et s'harmonisent progressivement pour nous donner au final une vue d'ensemble poétique et colorée.
J'ai aimé suivre, entre autres, «le parcours mouvementé de la Haggadah de Sarajevo, prestigieux manuscrit enluminé du XIVème siècle qui a accompagné l'exil de juifs séfarades d'Espagne en 1492, de Tolède à Sarajevo où elle a failli finir sous les flammes phosphorescentes d'un obus particulièrement bien ciblé durant le bombardement de la ville, cinq siècles plus tard, en 1992».
Velibor Colic nous conte l'histoire de trois hommes qui en ont été les gardiens : Arad Ben Reouen, marchand de soie de Tolède, Rabbi Baroukh Abramovicz, dit le poète, et le troisième, Daoud Cohen.
Elle fut sauvée durant la seconde guerre mondiale par un ami de Daoud Cohen, l'imam Mehmet Korkut ...
«En regardant son ami, Daoud Cohen a toujours l'impression de voir le célèbre
Nasr Eddin Hodja en personne. Tout en lui fait penser à cet ouléma mythique : sa barbe grise et sauvage, son haut front ridé, son dos voûté, ses longs doigts enserrant un magnifique chapelet soufi.»
J'ai retenu cette anecdote mais le livre de
Velibor Colic foisonnent d'histoires tragiques, vivantes et belles qui s'imbriquent entre elles pour n'en former qu'une, celle de Sarajevo.