Citations sur Back Up (63)
« La période la plus mouvementée de ma vie a commencé ce soir-là pour se terminer quelques semaines plus tard avec l'entrée de Mary dans ma vie.
Ce furent des semaines de folie. Nous passions notre temps à courir comme des dératés, à dépenser en une heure l'argent que nous gagnions en une semaine, à suivre des concerts et à nous précipiter dans la cave pour rejouer ce que nous avions entendus.
Nous passions notre temps à faire du rock, à parler de rock, à boire, à fumer et à avaler des centaines de pilules.
C'était futile et destructeur. Avec le recul je garde pourtant de cette période la sensation que j'étais devenu moi-même.
Birkin et moi formions une paire déjantée, dépareillée et indestructible. Il a été l'un des rares cadeaux que le ciel m'a offerts. Il m'a appris la beauté et la richesse de l'amitié. […] Quand je pense à lui, mon regard se trouble et mon cœur s'emballe. »
J'ai mis le disque sur le plateau, j'ai posé l'aiguille et les anges sont descendus du ciel.
« Mon état de délabrement empirait de jour en jour. Mon âme avait suivi la déchéance de mon corps, mon corps avait suivi la ruine de mon âme. Mon pessimisme obscurcissait mes jours, mes érections se faisaient rares et laborieuses. Mes matins triomphants avaient fait place à des midis désenchantés. » (p. 232)
À 18h57, l'homme fut transféré au service des soins intensifs. L'équipe de garde le réexamina complètement. Deux aides-soignantes le lavèrent des pieds à la tête, mais l'odeur nauséabonde qu'il dégageait s'estompa à peine.
Le neurochirurgien lui rendit visite en milieu de soirée, consigna ses observations et se rendit chez le responsable du service.
- Arrêtez les médocs, on va voir s'il se réveille.
Aux environs de minuit, un policier vint aux nouvelles. Aucun papier n'avait été trouvé. Seule l'une des aides-soignantes avait relevé un indice, quelques données griffonnées au marqueur sur sa main gauche : A20P7.
Le policer haussa les épaules.
- Avec ça, on ira pas loin. On va attendre quelques jours pour voir s'il y a un avis de disparition qui correspond, à part ça, il n'y a pas grand chose à faire.
Le lendemain, à l'ouverture du secrétariat, l'employé administrative remplit la fiche d'enregistrement et mentionna que le sujet avait été admis à l'hôpital le jeudi 11 février 2012, à 18h45.
À l'emplacement du patronyme, il inscrivit X Midi.
Elle chantait pour exorciser ce qu'elle taisait. Les paroles de ses chansons traduisaient sa détresse, ses colères et ses espoirs déçus. Ses couplets dénonçaient l’abandon, la violence, la servilité et l'enfance qu'elle n'avait pas eue.
J'en faisais de même lorsque je jouais de la batterie, avec mes mots à moi. Je frappais pour oublier la peur que m'inspirait la folie dans laquelle je m'enfonçais.
Il nous arrivait de passer de longues heures, allongés sur le lit, l'un à côté de l'autre, à retourner mille pensées sans échanger un mot. Nous écoutions nos souffles, les Stones ou les bruits qui circulaient dans la maison. Quand le silence devenait trop lourd, nous faisions l'amour.
Le LSD, c'était l'entrée vers le paradis et la sortie en enfer.
Etait-il possible de glisser dans un disque des messages ou des sons que notre oreille n'entendait pas, mais que notre cerveau pouvait décoder ? Ces messages pouvaient-ils traverser notre conscient, atteindre notre subconscient et influencer nos comportements ?
Dès les premiers accords, un fourmillement a parcouru mon corps. J'ai ressenti une irrésistible envie de me lever, de bouger, de gesticuler, de remuer mon cul et tout ce qu'il y avait moyen de remuer. Je ne comprenais pas pourquoi ces quelques notes provoquaient un tel effet.
C'était ça le rock'n'roll.
Nous avons déposé le disque et enclenché le mécanisme.
Dès les premiers accords, un fourmillement a parcouru mon corps. J'ai ressenti une irrésistible envie de me lever, de bouger, de gesticuler, de remuer mon cul et tout ce qu'il y avait moyen de remuer. Je ne comprenais pas pourquoi ces quelques notes provoquaient un tel effet.
C'était cela, le rock'n'roll.
J'ai monté le volume. La guitare de Chuck m'emportait.
Ma mère s'est mise, elle aussi, à remuer le derrière. Mon frère est arrivé, l'air ébahi, en se demandant ce qui se passait. Il s'en est mêlé.
Nous nous sommes retrouvés tous les trois au milieu du salon, à danser comme des sauvages. Nous avons poussé le volume au maximum. Nous riions, nous criions, nous en avions mal au ventre.
Ce jour-là, le rock est entré dans ma vie pour ne plus en sortir.
De cet après-midi, je garde l'un des plus beaux souvenirs de ma vie, Maman dans sa robe jaune qui dansait le rock'n'roll en riant aux éclats.