Ce préquel à la saga originelle nous transporte soixante ans en arrière, au coeur d'un Capitole qui se remet péniblement de la guerre contre les districts. Un Capitole miné par la trahison, plongé dans la violence et les excès et dont les dirigeants élaborent insidieusement l'instrument de contrôle des populations qui deviendra au fil du temps cette version récréative, masquant une ignoble manipulation des masses, ultra-médiatisée que sont les Hunger Games. Empli de rancoeur envers les districts dont la rébellion a ruiné sa famille et fait de lui un orphelin, portant sur ses seules épaules la charge de restaurer la grandeur passé des Snow, Corolanius brigue le pouvoir suprême. Pour y parvenir, il est prêt à user de toutes les bassesses, quitte à devoir sacrifier quiconque se mettrait en travers de ses ambitions.
Suzanne Collins explore, par le biais des dilemmes moraux qui se posent au jeune Corolanius, la question des barrières morales que nous serions prêts à briser pour assurer notre pérennité. le récit questionne surtout sur la fascination exercée par les réseaux médiatiques et induit certaines réflexions sur les contradictions entre la bonté supposé et la violence latente de l'âme humaine, entre une liberté illusoire et le contrôle drastique de la société. L'auteure dispense, par petites touches, tout au long du récit, un éclairage sur les interrogations soulevées dans la trilogie initiale sans toutefois y répondre pleinement. L'enchaînement chaotique des événements, comme le dilemme entre l'amour et le pouvoir vont influer sur le destin des protagonistes et conduire vers une conclusion inéluctable. L'histoire est néanmoins trop prévisible, dénuée d'émotions, d'intensité et donc, quelque peu décevante sur le fond. Certains chapitres traînent en longueur et n'ont pas grand sens par rapport à l'histoire, quand, à l'inverse, des points essentiels sont passés sous silence. L'épisode des Jeux ne présente aucun intérêt notable, la tension est inexistante, l'arène réduite à sa plus simple expression et l'ensemble des tributs à peine esquissés, sans une réelle distinction. D'une manière générale d'ailleurs, les personnages manquent de profondeur, d'analyse, de cohésion et seule Lucy Gray est dans une certaine mesure, mise en avant. Pour autant, les similarités avec Katniss Everdeen, alors que la comparaison se veut subtile, restent néanmoins trop manifestes pour être vraisemblables. le propos est parfois ennuyeux, avec des épisodes insipides et sans objet. L'histoire d'amour est illogique et se développe bien trop facilement, sans parler de certaines prises de décisions qui sont carrément incompréhensibles. La corrélation entre l'ambitieux mais peu inspiré jeune Corolanius, et le président Snow, sociopathe pervers en devenir, est peu perceptible et dès lors, le basculement brutal du personnage dans l'abjection la plus totale manque sérieusement d'arguments et de justification.
Les idées sont bien présentes, substantielles et propices à de passionnants développements, les références aux Hunger Games cohérentes mais, l'ensemble n'est pas véritablement exploité par l'auteure qui ne fait que survoler l'histoire tout comme elle ne s'étend pas outre mesure sur les personnages et sur cet univers pourtant riche et conséquent. le récit parait de ce fait trop sommaire et contradictoire pour captiver l'attention et rivaliser logiquement avec les précédents ouvrages .