La Dame en blanc

Nos mots sont des géants quand ils nous blessent, des nains quand ils doivent nous servir.

Mon Dieu, monsieur Hartright, dois-je vous l'avouer, je désire fortement une réforme dans la constitution des enfants. La seule pensée de la nature semble avoir été d'en faire des machines à produire du bruit.

Ainsi va le monde, l’homme, l’amour. Que sommes-nous d’autre que des marionnettes dans un théâtre en carton ? Ô toute-puissante destinée, tire nos ficelles avec clémence ! Manipule-nous avec douceur !

Ainsi le fantôme habillé en blanc qui a hanté ces pages comme il a hanté ma vie est-il retourné aux ténèbres. Comme une ombre il m’était apparu dans la solitude de la nuit, comme une ombre il s’est évanoui dans la solitude de la mort.

Dans notre monde inintelligible, la banalité côtoie partout le tragique. La mort, si horrible soit-elle, ne peut tenir la vie en respect.

J’avais rompu avec la part la plus amère de mon passé, mais pas avec le souvenir que mon coeur conservait de la tristesse et de la douceur des jours anciens.

Regardez, très chère, regardez cette lumière qui vient mourir sur les arbres. Pénètre-t-elle jusque dans votre coeur ?

Mes larmes ressemblent à celles des hommes, des sanglots qui semblent me déchirer en pièces et qui effraient les gens.

Laissons plutôt la musique nous parler de ce soir ; son langage est plus joyeux que le nôtre.

Quoique je souffrisse intensément de la fin misérable de mon amour présomptueux, une angoisse encore plus forte m’envahissait en songeant à ce malheur invisible que je sentais planer sur nos têtes.