Dans tous les cas, Marin, on ne porte jamais quelqu'un sur ses épaules, parce qu'on finit par tomber avec elle, mais on reste là, à côté. Et si on voit que ce n'est pas suffisant, parce qu'on sent une urgence, on demande de l'aide à quelqu'un de compétent, dont c'est le métier.
Être sous l'emprise de quelqu'un, Marin, c'est perdre la liberté de penser et d'agir par soi-même. L'autre colonise ton esprit au point où tu ne te crois plus capable de rien sans lui. C'est faux, mais tu n'en sais rien parce que ton corps et ton esprit sont trop affaiblis. Tu es englué.
Mon frère et moi, on a toujours évolué comme deux lignes droites qui ne trouvent pas de point d'intersection. Chacun sa vie. Chacun ses choix. Deux inconnus avec pour unique point commun leur nom de famille.
Sur l'appui de fenêtre, un moineau sifflote. J'envie sa gaieté. Moi, je me sens comme un oisillon tombé du nid.
Dans mon carnet de croquis, je dessine pendant des heures, partout et n'importe quoi. Des inconnus qui lisent leur journal, ma mère au téléphone et mon père fourré dans ses guides de voyage, un baiser d'Adri et Mathis, une casserole en feu, une canette abandonnée dans la cour du lycée ou le prof qui explique des théorèmes sans intérêt. Je croque mon quotidien à longueur de journée, mon crayon bien taillé entre les doigts. C'est plus sain qu'une cigarette, plus addictif aussi, je crois.
Sa douleur silencieuse me touche, s'imprime à l'intérieur de moi dans un grand vacarme.
Mon oxygène, ma bouée, mon idéal, celle qui comblera mes nuits de solitudes, qui me fera oublier la noirceur de ma vie passée. Toutes les filles que j'ai croisé ne lui arrivent pas à la cheville. Elle est la perfection, le rêve incarné. Mon rêve incarné.
On ne porte jamais quelqu'un sur ses épaules, parce qu'on finit par tomber avec elle, mais on reste là, à côté
''À cet instant, j'ai discerné une profonde tristesse dans son regard, du genre de celles qui comment au coeur comme de la merde à des godasses. ''
Esther
Je veux m'engager à long terme. La Planète, c'est comme une amie, une maman bis, celle qui nous porte, nous accueille. La Pachamama des Indiens, la féconde nourricière. Ma Terre, je l'aime, je ne supporte pas qu'elle soit abîmée comme ça.