En relisant cette BD, je me suis rendu compte que je l'avais mal notée. Car
Silence possède trop de qualités pour un simple 4/5. Non, elle est franchement culte. J'en suis sûr.
Comes parvient à réunir à merveille son dessin en noir et blanc aux gueules si campées avec un récit mêlant les vieilles croyances, les petits villages, les sorcières et les idiots, les animaux et la nature.
Le récit est rempli de douceur et de poésie, bien que la bêtise, la méchanceté et la noirceur des êtres humains transparaissent. Une haine envers les étrangers traverse les albums : aussi bien envers ces gitans qu'envers ce pauvre
Silence simple, ou encore envers ce petit nain difforme qui se retrouve à l'asile on ne sait trop pourquoi.
Et face à cette haine, les armes des simples d'esprit : le
silence obstiné d'un homme peu malin. L'émerveillement devant la mer, devant des choses simples, des petites envies de gâteau ou simplement des mots tracés maladroitement sur une ardoise.
Silence, c'est une BD simple et efficace, on n'est pas dans une énigme policière, pas dans un grand roman, pas dans une fresque. C'est simple, à l'image de ce petit village en apparence calme. Mais derrière beaucoup de choses couvent. Et au final,
Silence ouvrira les yeux sur ce monde. Il cèdera un temps à la violence, avant de retrouver son monde simple. Mais il est déjà trop tard. La haine a gangréné tout. Nul gagnant au final. Mais est-ce vraiment la fin ?
J'ai maintenant
Silence depuis un long moment, et je constate qu'il reste un plaisir à le lire et relire, dans un soir tranquille, quand on est installé confortablement dans un fauteuil, une bonne tasse de thé à portée de main. Et voila qu'on rouvre à nouveau le livre, et l'atmosphère déjà présente rejaillit brutalement, vous enveloppe et vous refait plonger le temps d'un récit dans une campagne française.
Un récit qui à force de relecture atteint pour moi le statut de culte. Je le mets dans ma réserve personnelle, toujours à portée de ma main et prêt pour une nouvelle relecture.