De si loin
revenu par magie
amant veilleur
pris dans les bras
mains maladroites
rendre la chair vive
être brasier et fagot
de purs blasphèmes
hallucinés...
que guettes-tu
au bout de l'exil ?
j'emprunte les yeux ses femmes aimées pour éclairer
mon chemin...
la nuit bouillonne
viens aiguiser les mots sur la pierre
mots tranchants de l'agonie
qui crie
qui crie : aimez-moi ?
Sais-tu aimer ?
il te vient une averse de pleurs
dieu... que la fin des braises consume
le désir de vivre...
La vie fuit,
Mon amour,
La vie fuit
Nomade fougueuse
Déracinée, errante, barbare ?
Tu habites mon corps
Et offres rédemption à ma pudeur paysanne
Entière innocence
Désespoir caché
À l'heure retournée de la vie
La vie fuit
Mon amour
La vie fuit...
Vois la lumière
Entrevois le soleil
Étrange, ardent, obscur
un morceau de basalte rouge
tournoie éternel
dans la gorge du temps.
Extraits de "Basalte rouge", de Nicols barrère
Me voilà
je suis là et je dis me voilà
me voilà pleine de peine et de colère
je dis me voilà comme me présentant à des orbites vides
moi ici pleine de peine et de colère
en dix ans devenue quoi devenue ?
et en même temps présente ici me voilà moi ici
pleine de peine et de colère
fermée enfermée sans oreille pour entendre
ici en silence murée emmurée dans le silence
comme en terre
murée dans peine et colère
dans l'injuste de tout sans cesse
moi ici pleine de peine et de colère
fermée enfermée avec plus d'oreille pour rien
parce que pas d'oreille nulle part pour entendre peines et colère
les miennes et les autres murées fermées enfermées
pas d'oreille jamais pour entendre
comme il faudrait
à longs cris de peine et de colère
à très longs cris de peine et de colère
pour entendre comme on ne peut
alors moi ici murée emmurée fermée enfermée
pleine de peine et de colère
moi ici qui ai tant aimé tant célébré ici
je moi ici
moi ici je continue
(poème de Claude Ber)
Y-a-t-il place pour cohortes d'anges, de santons
Et table à part pour l'étable des pauvres
En ce moment où nous courons avec
Nos escarcelles crevant d'épices et d'espèces
Trébuchant sur nos galops présomptueux
En ces heures de paroxysme accumulatif
dans le pêle-mêle incessant, comme un
Chevauchement infini de vagues,
Des objets dérivés orchestrant nos dérives
Et nous sommes hébétés de bonheur
car c'est fête, feu d'artifice,
Pendant que les bannis de la liesse,
Désemparés, discrètement disparaissent
(Extrait de "Noël en Provence", de Jean-François Blavin )