Connaissance des Arts, n°766

D’origine hispanique, la corrida est un thème qui, comme pour Picasso, exilé lui aussi, rattache Botero à ses origines. Né à Medellín en Colombie, il est initié très jeune à la tauromachie par son oncle qui l’inscrit, dès l’âge de 12 ans, à l’école du banderillero Aranguito de Medellín. L’objectif? Devenir, ni plus ni moins, torero professionnel… L’expérience, forte s’il en est, au point d’être traumatique, va inévitablement ressurgir dans l’œuvre de l’artiste qui, des dizaines d’années plus tard, avouera: « J’ai osé peindre la corrida parce que je la connaissais bien [...] ce thème était dans mon sang, il sortait de ma vie elle-même ». Aficionados tous deux, Picasso et Botero ne se rencontreront jamais. Mais tous deux aiment assister à des corridas, notamment dans le sud de la France.

César aurait pu se contenter de ces grands « gestes » radicaux, qui le faisaient entrer au panthéon de la modernité. Mais, praticien dans l’âme, il continue à travailler à ses Fers et décline, à l’infini… Ainsi fera-t-il des compressions de toutes sortes de choses, mobylettes, lits, tubes, bidons, cartons, cageots, plexiglas…. Jusqu’à cette apothéose que constitue l’œuvre exposée à la Biennale de Venise de 1995 : 520 tonnes, une montagne de compressions d’automobiles entassées sur plus de sept mètres de haut.

César aura l’idée d’exploiter les propriétés du polyuréthane expansé. En effet, c’est en voyant la mousse gonfler et déborder qu’il a l’intuition du potentiel artistique qu’elle recèle…..Au final, ces coulées de mousse polyester revêtent la splendeur de la grande sculpture, moderne ou classique. Elles ont la féminité opulente des Vénus préhistoriques, et l’éclat arrogant des voitures de luxe.

Il est bien difficile de rester indifférent à l’œuvre du sculpteur Marc Petit, tant la charge émotionnelle y est présente. Accablement, mélancolie, stupeur, il y a tout le poids de la condition humaine dans ce qu’elle a de grave, de pesant, et avec une forme d’élégance dans l’acceptation. Né en 1961 à Limoges, Marc Petit a abordé la sculpture dès ses 14 ans pour ne plus la quitter.