Connaissance des arts/5
1 notes
Résumé :
Icône du féminisme, Alice Neel, peintre américaine disparue en 1984, fait l'objet d'une exposition monographique au Centre Pompidou. Ce hors-série revient sur la carrière de cette artiste engagée qui s'est toujours intéressée aux laissés-pour-compte de la lutte des classes et de la lutte des sexes.
Critiques, Analyses et Avis (1)
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Emprunté à la Bibliothèque Buffon - debut juillet 2023
N'ayant pu voir l'exposition consacrée à cette artiste au Centre Pompidou, fin 2022, j'ai emprunté ce hors- série lié à l'exposition pour en savoir plus sur cette peintre au style si singulier.
J'ai appris moult choses dont les engagements profonds de cette artiste pour laquelle son art n'etait pas seulement dans une recherche esthétique mais incluait un " acte profondément politique"....
Exécrant la société américaine capitaliste et terriblement inégalitaire , Alice Neel se rapprochera durablement du Parti communiste, ce qui était particulièrement courageux, sachant que pour l' État américain , les premiers ennemis du pays, mis sur des listes noires, étaient les " Communistes "...
Cette publication divisée en grands chapitres à la fois thématiques et chronologiques, très éclairants :
1.- Les Combats d'Alice Neel
2.- Une saga américaine
3.- Les Laissés-pour-compte
4 - L'Art comme acte politique
5.- Picture of people
6.- Viva la mujer !
Revue abondamment illustrée nous montrent les différentes facettes de cette artiste, qui, à travers ses oeuvres et ses tableaux " engagés " propose par son regard très personnel, une histoire de l'Amérique sur plusieurs décennies...comme un des titres le qualifie fort justement, c'est une véritable " saga américaine "
Artiste talentueuse et humainement, fort attachante et inspirante !
L'extrait suivant choisi montre très exactement la complexité de cette oeuvre assumée, entre l'exigence artistique et l'action politique !
"Les Laissés-pour-compte
Dans un pays en crise
Dans les années 1930, ses expérimentations se heurtent à la dure réalité d'une société bouleversée par la Grande Dépression.Neel intègre le parti communiste. Quoi de plus naturel ? le pays est en crise, détruit par un capitalisme qui n'a que faire de son prolétariat. Sa vie de bohème, miséreuse, peuplée de drames parmi lesquels la mort de sa première fille, des séparations et des tentatives de suicide, la place sur un pied d'égalité avec les laissés-pour-compte du rêve américain. Mais elle demeure militante et artiste.Cruel dilemme qu'elle cherche à synthétiser. "
N'ayant pu voir l'exposition consacrée à cette artiste au Centre Pompidou, fin 2022, j'ai emprunté ce hors- série lié à l'exposition pour en savoir plus sur cette peintre au style si singulier.
J'ai appris moult choses dont les engagements profonds de cette artiste pour laquelle son art n'etait pas seulement dans une recherche esthétique mais incluait un " acte profondément politique"....
Exécrant la société américaine capitaliste et terriblement inégalitaire , Alice Neel se rapprochera durablement du Parti communiste, ce qui était particulièrement courageux, sachant que pour l' État américain , les premiers ennemis du pays, mis sur des listes noires, étaient les " Communistes "...
Cette publication divisée en grands chapitres à la fois thématiques et chronologiques, très éclairants :
1.- Les Combats d'Alice Neel
2.- Une saga américaine
3.- Les Laissés-pour-compte
4 - L'Art comme acte politique
5.- Picture of people
6.- Viva la mujer !
Revue abondamment illustrée nous montrent les différentes facettes de cette artiste, qui, à travers ses oeuvres et ses tableaux " engagés " propose par son regard très personnel, une histoire de l'Amérique sur plusieurs décennies...comme un des titres le qualifie fort justement, c'est une véritable " saga américaine "
Artiste talentueuse et humainement, fort attachante et inspirante !
L'extrait suivant choisi montre très exactement la complexité de cette oeuvre assumée, entre l'exigence artistique et l'action politique !
"Les Laissés-pour-compte
Dans un pays en crise
Dans les années 1930, ses expérimentations se heurtent à la dure réalité d'une société bouleversée par la Grande Dépression.Neel intègre le parti communiste. Quoi de plus naturel ? le pays est en crise, détruit par un capitalisme qui n'a que faire de son prolétariat. Sa vie de bohème, miséreuse, peuplée de drames parmi lesquels la mort de sa première fille, des séparations et des tentatives de suicide, la place sur un pied d'égalité avec les laissés-pour-compte du rêve américain. Mais elle demeure militante et artiste.Cruel dilemme qu'elle cherche à synthétiser. "
Citations et extraits (8)
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Les Laissés-pour-compte
La Vérité sobre
Il faut attendre 1940 pour voir s'amorcer un grand tournant dans sa pratique, tournant inauguré par sa rencontre avec le réalisateur et photographe Sam Brody.À son contact, Alice Neel prend toute la mesure de l'esthétique des photographes ayant travaillé à partir de 1937 sous l'égide de la Farm Security Administration
( FSA) afin d'enregistrer les mutations sociales des États-Unis .Berenice Abbott, Helen Levitt, Dorothea Lange et surtout Walker Evans, tous captent un monde similaire à celui que connaît la peintre, mais ancré dans le Grand Ouest, en prenant pour sujet les fermiers ruinés.
( p.29)
La Vérité sobre
Il faut attendre 1940 pour voir s'amorcer un grand tournant dans sa pratique, tournant inauguré par sa rencontre avec le réalisateur et photographe Sam Brody.À son contact, Alice Neel prend toute la mesure de l'esthétique des photographes ayant travaillé à partir de 1937 sous l'égide de la Farm Security Administration
( FSA) afin d'enregistrer les mutations sociales des États-Unis .Berenice Abbott, Helen Levitt, Dorothea Lange et surtout Walker Evans, tous captent un monde similaire à celui que connaît la peintre, mais ancré dans le Grand Ouest, en prenant pour sujet les fermiers ruinés.
( p.29)
L'Art comme acte politique
(...)
L'âge et le succès venant, Alice Neel reste attachée à ses convictions communistes. Ainsi en 1981, à l initiative de Bonosky, elle bénéficie d'une exposition monographique à Moscou, une première pour une artiste américaine. L'occasion pour elle de réaffirmer ses positions :
" Reagan a dit que le gouvernement ne devait rien à personne. En Union soviétique, vous recevez des soins médicaux gratuitement- tout est gratuit.Là-bas, le gouvernement vous doit tout. "
La réalité était sans doute un peu plus nuancée, mais le marxisme a constitué un puissant révélateur des inégalités ravageant la société américaine, auxquelles la peinture de Neel n' a cessé de se confronter.
( p.43)
(...)
L'âge et le succès venant, Alice Neel reste attachée à ses convictions communistes. Ainsi en 1981, à l initiative de Bonosky, elle bénéficie d'une exposition monographique à Moscou, une première pour une artiste américaine. L'occasion pour elle de réaffirmer ses positions :
" Reagan a dit que le gouvernement ne devait rien à personne. En Union soviétique, vous recevez des soins médicaux gratuitement- tout est gratuit.Là-bas, le gouvernement vous doit tout. "
La réalité était sans doute un peu plus nuancée, mais le marxisme a constitué un puissant révélateur des inégalités ravageant la société américaine, auxquelles la peinture de Neel n' a cessé de se confronter.
( p.43)
L'Art comme acte politique
Au XXIe siècle, Alice Neel pourrait être décrite comme une indignée. Indignée par la misère, les inégalités, les discriminations ou encore la violence d'État. Et à mesure qu'elle en découvre l'ampleur, ce sentiment se fortifie et l'entraîne dans l'orbite du parti communiste.On ne comprendrait rien à la vie et à l'art de Neel en occultant ou en minorant ses opinions politiques, à tous égards déterminantes.
Sa prise de conscience remonte certainement à son séjour à la Havane, où elle part en 1924." Il y avait des gens qui étaient extrêmement riches et les plus pauvres étaient beaucoup plus pauvres que tous ceux que j'avais vus auparavant ", se souvenait l'artiste.
( p.33)
Au XXIe siècle, Alice Neel pourrait être décrite comme une indignée. Indignée par la misère, les inégalités, les discriminations ou encore la violence d'État. Et à mesure qu'elle en découvre l'ampleur, ce sentiment se fortifie et l'entraîne dans l'orbite du parti communiste.On ne comprendrait rien à la vie et à l'art de Neel en occultant ou en minorant ses opinions politiques, à tous égards déterminantes.
Sa prise de conscience remonte certainement à son séjour à la Havane, où elle part en 1924." Il y avait des gens qui étaient extrêmement riches et les plus pauvres étaient beaucoup plus pauvres que tous ceux que j'avais vus auparavant ", se souvenait l'artiste.
( p.33)
Viva la Mujer !
Le féminisme d'Alice Neel est comme un air qu'elle a toujours respiré et qu'elle a investi.(...)
Pourtant, elle apparait ambivalente face aux mouvements militants. " Je crois à la libération des femmes mais certaines femmes à mon avis sont trop agressives : je ne pense pas que l'on réglera quoi que soit en haïssant les hommes." Sa vision est plus politique. Quand on lui demande, en 1979, si cela l'agace d'être qualifiée d'artiste femme,elle répond : " Mais je suis une artiste femme- comment pourrait-il en être autrement ? Seulement j'ai eu l'intelligence de m'en moquer complètement. Mais j'en ai souffert parce que ça a été plus dur d'exposer et d'être prise au sérieux. Ça reste un monde d'hommes."
C'est l'injustice qui la révolte. " Toute discrimination est stupide.Noir, Blanc,homme, femme, riche, pauvre.(...) Il faudrait abandonner les " a priori " pour décider de la valeur de quelqu'un et nous devrions tous griffer, mordre et déchirer d'égal à égal (...)L'histoire doit être réécrite. Viva la mujer "n note-t-elle en 1970, comme un manifeste.
(p.58)
Le féminisme d'Alice Neel est comme un air qu'elle a toujours respiré et qu'elle a investi.(...)
Pourtant, elle apparait ambivalente face aux mouvements militants. " Je crois à la libération des femmes mais certaines femmes à mon avis sont trop agressives : je ne pense pas que l'on réglera quoi que soit en haïssant les hommes." Sa vision est plus politique. Quand on lui demande, en 1979, si cela l'agace d'être qualifiée d'artiste femme,elle répond : " Mais je suis une artiste femme- comment pourrait-il en être autrement ? Seulement j'ai eu l'intelligence de m'en moquer complètement. Mais j'en ai souffert parce que ça a été plus dur d'exposer et d'être prise au sérieux. Ça reste un monde d'hommes."
C'est l'injustice qui la révolte. " Toute discrimination est stupide.Noir, Blanc,homme, femme, riche, pauvre.(...) Il faudrait abandonner les " a priori " pour décider de la valeur de quelqu'un et nous devrions tous griffer, mordre et déchirer d'égal à égal (...)L'histoire doit être réécrite. Viva la mujer "n note-t-elle en 1970, comme un manifeste.
(p.58)
Les Laissés-pour-compte
Dans un pays en crise
Dans les années 1930, ses expérimentations se heurtent à la dure réalité d'une société bouleversée par la Grande Dépression.Neel intègre le parti communiste. Quoi de plus naturel ? Le pays est en crise, détruit par un capitalisme qui n'a que faire de son prolétariat. Sa vie de bohème, miséreuse, peuplée de drames parmi lesquels la mort de sa première fille, des séparations et des tentatives de suicide, la place sur un pied d'égalité avec les laissés-pour-compte du rêve américain. Mais elle demeure militante et artiste.Cruel dilemme qu'elle cherche à synthétiser.
( p.27)
Dans un pays en crise
Dans les années 1930, ses expérimentations se heurtent à la dure réalité d'une société bouleversée par la Grande Dépression.Neel intègre le parti communiste. Quoi de plus naturel ? Le pays est en crise, détruit par un capitalisme qui n'a que faire de son prolétariat. Sa vie de bohème, miséreuse, peuplée de drames parmi lesquels la mort de sa première fille, des séparations et des tentatives de suicide, la place sur un pied d'égalité avec les laissés-pour-compte du rêve américain. Mais elle demeure militante et artiste.Cruel dilemme qu'elle cherche à synthétiser.
( p.27)
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