Echo Park

- Vous avez nourri le mauvais chien, dit-il.
- Ca voudrait dire quoi ?
- Que tout le monde a le choix, et que vous avez fait le mauvais.

pourrait bien te plonger dans un océan de douleurs.
Il sourit légèrement.
— Tu sais ce qu’on dit de la douleur, n’est-ce pas ?
— Non, quoi ?
— On dit que c’est la faiblesse qui quitte le corps.

ce verre est bien pelliculé, non ? On ne peut pas nous voir regarder dehors, c’est ça ?
— Non, pas de problème. Vous pourriez vous mettre à poil et personne ne vous verrait. Mais n’essayez pas ça la nuit parce que là, c’est pas pareil. La lumière à l’intérieur change tout et là on verrait dedans.

De retour à l'unité des Affaires non résolues, ils passèrent au bureau de leur patron pour le mettre au courant des derniers développements de l'affaire. Abel Pratt était à trois semaines de la retraite après vingt-cinq ans de service. Il les écouta avec attention, mais sans plus. Posée sur un côté de son bureau se trouvait une pile de guides Fodor sur les Caraïbes. Pratt avait l'intention de rendre son tablier, de quitter la ville et de se trouver une île où aller vivre avec sa famille. C'était là un rêve habituel dans les forces de l'ordre: on s'extrait enfin des ténèbres dans lesquelles on a été plongé pendant si longtemps en faisant son boulot. En réalité, au bout d'à peu près six mois les îles devenaient assommantes.
Un inspecteur classe trois des Vols et Homicides, du nom de David Lambkin, devait prendre la tête de la brigade après le départ de Pratt. Expert en crimes sexuels connu dans tout le pays, il avait été choisi pour le poste dans la mesure où bon nombre des affaires non élucidées sur lesquelles travaillaient les membres de l'unité avaient des mobiles sexuels. Bosch attendait avec impatience le moment de travailler avec lui et aurait préféré le briefer plutôt que Pratt, mais ça ne correspondait pas au calendrier. On faisait avec qui on avait et un des avantages à travailler avec Pratt était bien qu'il allait leur laisser la bride sur le cou jusqu'à son départ. Tout ce qu'il voulait, c'était éviter les vagues ou que des trucs lui pètent au nez. Il voulait vivre un dernier mois de calme et sans événements majeurs. Comme les trois quarts des flics avec vingt-cinq ans de service, Pratt était une antiquité. Très vieille école. Il préférait la machine à écrire à l'ordinateur.

- Harry, c'est pas la peine de venir. Je viens juste de l'apprendre.
Bosch s'y attendait à moitié.
- De la bouche de qui ?
- Ça vient du sixième étage. L'OIS n'a pas tout réglé et vu que c'est plutôt chaud avec les médias, ils veulent que vous restiez quelques jours sur la touche, jusqu'à ce qu'ils puissent voir de quel côté ça va pencher.
Bosch garda le silence. C'était au sixième étage que se trouvait l'administration. Le "ils" dont parlait Pratt était un groupe de stratèges de la direction qui se figeaient dès qu'une affaire faisait du bruit à la télé ou agitait le monde de la politique et là c'étaient les deux qui avaient été touchés.

Vous avez suivi votre chemin et moi le mien et...j'ai du nourrir le mauvais clebs. [...] A McLaren ils arrêtaient pas de répéter le dicton du mec qu'a deux chiens en lui.
Un bon et un méchant. [...]
-Et celui qui gagne est toujours celui qu'on a choisi de nourrir. J'ai du choisir le méchant. Et vous le bon.

un large sourire, celui d’un homme qui n’a pas un atome de regret ou de culpabilité dans son ADN.

Il leva la tête vers le ciel et vit que le coucher du soleil allait se réduire à un étalage de roses sales

Rien ne durait éternellement, pas même la prison à vie.

if you can’t stand the ghosts, get out of the haunted house.