Le temps des tourments

L’esprit de Cassander est comme une maison vide : ni meubles, ni décoration, ni vie. Derrière ses fenêtres, il n’y a qu’obscurité, zébrée par un éclair quand un neurone égaré flamboie.

L’un des tatoués assis près de la porte leva la tête mais ne bougea pas. Louis, qui ne l’observait pas, continua de ne pas l’observer, mais plus attentivement.

Le passé est plus réel que le présent, et nous portons notre histoire en nous.

C’est une souillure au cœur de l’existence, née en même temps que l’univers. Elle est dans le pourrissement vers lequel tend toute chose. Elle l’est, elle le sera toujours, mais en mourant nous la laissons derrière nous.

Parce qu’il arrive qu’il y ait des disputes. Entre un mari et sa femme, un père et son fils. Nous sommes une communauté fermée, étroitement soudée, et c’est une bonne chose la plupart du temps, mais quand on ne s’entend pas avec quelqu’un de sa famille, on a du mal à trouver un endroit où décompresser.

...jolie sans être séduisante, avec des traits manquant de la vivacité et du caractère requis pour mériter plus qu’un rapide coup d’œil. Seuls ses yeux avaient de l’éclat, mais c’était celui de la cupidité. Elle ressemblait à une poupée avide.

Elle avait l’impression d’avoir dormi, mais comment pourrait-on dormir et s’éveiller dans un rêve ? Le monde était changé, tout comme elle. Elle existait simultanément au passé, au présent et au conditionnel. Elle avait l’apparence d’une enfant, parlait et pensait comme une enfant, mais derrière cette façade rôdait une autre conscience qui vivait le monde d’une manière qu’elle ne pouvait exprimer. Elle était seule mais sans peur.

Il ne lisait pas trop les journaux, hormis à l’occasion un article sur un grand match, ne regardait pas non plus les infos à la télé. Sans être un parfait imbécile, il n’avait aucune curiosité intellectuelle et se considérait comme le centre immuable de son univers. Tout individu passe sa vie à tenter de réfuter Copernic en se plaçant au cœur du monde existant, et le petit noyau des plus égocentriques se débrouille même pour en faire un art

Il découvrit que le silence mettait des tas de gens mal à l’aise et qu’ils disaient souvent n’importe quoi pour le briser, révélant ainsi quelque chose d’eux-mêmes.

La gentillesse peut s’exprimer de nombreuses façons. Ceux qui sont regardants pour l’argent le sont aussi pour tout le reste, j’en ai fait l’expérience. Encore que le contraire ne soit pas toujours vrai, maintenant que j’y pense.