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Citations sur Au coeur des ténèbres (170)

Le jour finissait dans la sérénité exquise d'un éclat immobile. L'eau brillait doucement. Le ciel, qui n'avait pas une tache, était une immensité bénigne de lumière immaculée. Il n'était pas jusqu'à la brume sur les marais d'Essex qui ne fût comme une gaze radieuse accrochée aux coteaux boisés de l'intérieur et drapant les côtes basses de plis diaphanes. Seule la pénombre à l'ouest, appesantie sur l'amont du fleuve, s'obscurcissait de minute en minute, comme irritée par l'approche du soleil.
Enfin dans la courbe de son imperceptible déclin, l'astre, très bas, passa d'un blanc lumineux à un rouge terne sans rayons et sans chaleur, comme s'il allait s'éteindre d'un coup, frappé à mort par le contact de cette pénombre qui pesait sur une multitude d'hommes.
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C'est une chose cocasse que la vie -- cette mystérieuse disposition d'une logique implacable dans un dessein futile.
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Jamais auparavant je n'avais vu quelque chose de comparable au changement qui envahit ses traits, et j'espère bien ne jamais rien revoir de pareil. Oh, je n'étais pas touché. J'étais fasciné. C'était comme si un voile s'était déchiré. Je vis sur ce visage d'ivoire se peindre l'orgueil sombre, le pouvoir implacable, la terreur abjecte - le désespoir intense et absolu. Revivait-il sa vie dans tous ses détails de désir, de tentation et d'abandon pendant cet instant suprême de connaissance totale ? Il s'écria dans un murmure devant quelque image, quelque vision - il s'écria deux fois, en une exclamation qui n'était qu'un souffle : "L'horreur ! L'horreur !"
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… aucun récit de rêve ne peut rendre la sensation du rêve : ce mélange d'absurdité, de surprise et de désarroi tandis que frémit l'envie de se débattre et de se révolter, ce sentiment d'être captif de l'incroyable, qui est l'essence même des rêves…
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On voyait particulièrement sur la carte un fleuve, un grand fleuve puissant, qui ressemblait à un immense serpent déroulé, la tête dans la mer, le corps au repos, infléchi sur de vastes distances, la queue perdue au fond du pays.
(...)
Remonter ce fleuve, c'était comme voyager en arrière vers les premiers commencements du monde, quand la végétation couvrait follement la terre et que les grand arbres étaient rois.
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La Tamise s'ouvrait devant nous vers la mer comme au commencement d'un chemin d'eau sans fin. Au loin la mer et le ciel se joignaient invisiblement, et dans l'espace lumineux les voiles tannées des barges dérivant avec la marée vers l'amont semblaient former des bouquets rouges de voilures aux pointes aiguës, avec des éclats de livardes vernies. Une brume dormait sur les côtes basses dont les aplats allaient s'effaçant vers la mer. L'air était sombre au-dessus de Gravesend et plus en deçà encore semblait condensé en triste pénombre et pesait immobile sur la plus vaste et la plus grande ville du monde.
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Aucune peur ne tient devant la faim ; aucune patience qui l’apaise et pour la faim le dégoût n’existe pas [...].
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Elles auraient été encore plus impressionnantes, ces têtes ainsi fichées, si les visages n'avaient pas été tournés vers la maison. Une seule, la première que j'avais distinguée, regardait de mon côté. Je ne fus pas aussi choqué que vous pouvez le penser. Mon sursaut en arrière n'avait été, réellement, qu'un mouvement de surprise. Je m'étais attendu à voir une boule de bois, comprenez-vous. Je retournai délibérément à la première repérée - et elle était bien là, noire, desséchée, ratatinée, les paupières closes - une tête qui semblait dormir en haut de ce piquet, et avec les lèvres sèches et rentrées qui montraient les dents en une étroite ligne blanche, souriait, aussi, souriait continûment de quelque rêve interminable et jovial dans son sommeil éternel.
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J'avais dans les narines l'odeur de la vase, d'une vase primitive, par Dieu, et sous les yeux le grand calme de la forêt primitive. Il y avait des taches brillantes sur la crique noire. La lune avait tout recouvert d'une fine couche d'argent : l'herbe drue, la vase, le mur de végétation entremêlée qui se dressait plus haut que le mur d'un temple, le grand fleuve que j'apercevais par une brèche sombre et qui scintillait, qui scintillait tout en coulant majestueux sans un murmure.
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Mon chagrin était d'une étonnante surabondance d'émotion, tout à fait semblable à celle que j'avais remarquée dans le chagrin hurlant de ces sauvages de la brousse. Je n'aurais pu éprouver plus solitaire accablement, si l'on m'avait dépossédé d'une conviction ou si j'avais manqué ma destinée...
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