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Citations sur Lord Jim (88)

- Ah, les jeunes, les jeunes !, dit-il avec indulgence. Mais, après tout, on n'en meurt pas.
- De quoi ? demandai-je vivement.
- D'avoir eu peur.
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Il avait sauvé des vies en mer, il était allé au secours de navires en détresse, il avait un chronomètre en or donné par les assureurs maritimes, et une paire de jumelles, avec une inscription adéquate, offerte par quelque gouvernement étranger en remerciement de ses services. Il avait un sens aigu de ses mérites, et des récompenses obtenues.
(...)
Les blessures de la vie ne laissaient pas plus de cicatrices dans son âme sereine qu'une piqûre d'épingle sur la paroi lisse d'un rocher. Et je trouvais cela enviable. Tandis que je le regardais, assis aux côtés du pâle et modeste magistrat qui présidait l'enquête, son auto-satisfaction offrait au monde et à moi-même l'apparence inébranlable du granit.
Il se suicida quelques jours plus tard.
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je laisserai échapper des nuances innombrables, trop fines, trop insaisissables pour être exprimées en mots incolores.
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Jim parlait lentement ; les détails lui revenaient à l’esprit avec une vivacité et une netteté parfaites ; il aurait pu, comme un écho, répéter les gémissements du mécanicien, pour la pleine édification de ces hommes qui demandaient des faits. Après un premier moment de révolte, il avait fini par comprendre que seule, une déposition précise et minutieuse pourrait rendre sensible à ces gens la véritable horreur de la situation sous l’apparence abominable. Les faits que ces hommes étaient si curieux de connaître avaient été visibles, tangibles, soumis aux sens ; ils avaient tenu leur place dans l’espace et le temps, et exigé pour leur accomplissement un vapeur de quatorze cents tonneaux et vingt-sept minutes d’horloge ; ils faisaient un tout, avec des traits, des nuances d’expressions, un aspect compliqué dont l’œil pouvait garder le souvenir, mais avec quelque chose de plus aussi, quelque chose d’invisible, un esprit agissant de perdition, une volonté cachée, une âme malivole dans un corps détestable. C’est cela que Jim s’efforçait d’expliquer. Il ne s’agissait point d’une affaire banale ; le moindre fait y prenait une importance primordiale, et heureusement il se souvenait de tout. Il continuait à parler, par égard pour la vérité, mais peut-être pour lui-même aussi ; sa parole était assurée, mais son esprit s’acharnait autour du cercle compact de faits qui avaient surgi de toute part autour de lui pour le séparer du reste des hommes ;
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Il n'est pas impossible que dans le bref instant de son dernier regard fier et sans défaillance, il ait contemplé le visage de cette chance qui, telle une épouse orientale, était venue, voilée, à son côté.
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Il mesurait six pieds, à un pouce près, peut-être deux, était bâti en force, et venait droit sur vous, les épaules légèrement voûtées, la tête en avant, avec un regard fixe jeté par en dessous qui vous faisait penser à un taureau prêt à charger.
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Leurs doux murmures me parvenaient, pénétrants et tendres, ajoutant une note de paix et de mélancolie au calme de la nuit ; c'était comme la communion intime d'un seul être soliloquant sur deux tons différents.
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je suis convaincu que nul homme ne comprend jamais tout à fait ses propres esquives et ruses pour échapper à l'ombre sinistre de la connaissance de soi.
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Nous sommes des milliers qui errons sur la surface de la terre, ceux qui sont illustres et ceux qui sont obscurs, acquérant au-delà des mers notre gloire, notre fortune ou simplement notre croûton de pain ; mais il me semble que, pour chacun de nous, revenir chez soi c’est sûrement un peu venir rendre des comptes. Nous rentrons chez nous pour nous retrouver en face de nos supérieurs, de notre parenté, de nos amis – de ces gens auxquels nous obéissons, de ces gens que nous aimons ; mais même ceux qui n’ont rien de cela, les plus libres, les plus seuls, les plus dégagés de responsabilités et privés de lien – même ceux pour qui le mot foyer n’évoque aucun visage cher, aucune voix familière -, même ceux-là ont quelque chose à retrouver : l’esprit qui habite en ce pays, sous son ciel, dans son air, dans ses vallées, et sur ses collines, dans ses champs, dans ses eaux et dans ses arbres – tout ce pays qui est un ami muet, un juge, et une source d’inspiration. Quoi qu’on puisse dire, pour goûter à sa joie, respirer sa paix, voir en face sa vérité, il faut retourner au pays avec la conscience libre. Tout ceci peut vous paraître pur sentimentalisme ; en vérité très peu d’entre nous avons la volonté ou la capacité de regarder lucidement sous la surface de nos émotions familières. Il y a les jeunes filles que nous aimons, les hommes que nous respectons, il y a la tendresse, les amitiés, les chances offertes, les plaisirs ! Mais le fait reste entier : on ne peut toucher sa récompense que si on a les mains nettes, ou bien on risque de la voir se changer entre ses doigts en feuilles mortes, en épines. Je crois que ce sont les solitaires, sans foyer ou affection qu’il puisse dire leur, ceux qui reviennent non pas vers une demeure, mais vers le sol natal lui-même, pour retrouver son esprit désincarné, éternel et immuable – ce sont ceux-là qui comprennent le mieux la sévérité du pays, sa puissance salvatrice, la grâce de son droit séculaire à notre fidélité, à notre obéissance. Oui ! peu d’entre nous le comprenons, mais tous nous le sentons cependant, et je dis tous sans exception, parce que ceux qui ne le sentent pas ne comptent pas. Tout brin d’herbe a son coin de terre dont il tire vie et force ; de même l’homme est enraciné dans le sol natal dont il tire sa foi aussi bien que sa vie.
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Il connut la monotonie envoutante de l’existence entre ciel et mer, il eut à supporter les critiques des hommes, les servitudes de la mer, et l’austérité prosaïque de la tâche quotidienne qui donne le pain mais dont l’unique récompense est dans l’amour du parfait travail.
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