Ayant vécu sous la houlette d'un père militaire dont la seule forme d'éducation acceptable était l'humiliation et la violence,
Pat Conroy choisit tout naturellement – afin que le climat ne lui soit pas soudain étranger, risquant de lui porter un coup trop brutal – de s'inscrire à l'université de Charleston (Caroline du Sud) portant le doux nom de Citadel, académie militaire renommée ayant compté dans ses bizuths quelques hauts gradés, écrivains et sportifs prestigieux.
Bon non, j'exagère, si
Pat Conroy a atterri – bien malgré lui – à Citadel, c'est parce que, après avoir fait le tour des universités de la Southern Conference, c'était finalement la dernière école pouvant lui offrir de s'adonner à sa passion du basket tout en suivant un cycle universitaire.
Et le basket, fallait qu'il l'aime pour accepter le régime de violence et de terreur qu'il est coutume de faire subir aux premières années de cette joyeuse académie.
Sans compter que sur les parquets, il n'y fout pas souvent son petit orteil, se contentant de suivre les matches sur le banc de touche, équipier de réserve. Mais, soudain estampillé capitaine de l'équipe pour des raisons obscures que
Mel Thompson terrifiant entraîneur de basket à Citadel devait seul connaître, il aura l'occasion de jouer, parfois très bien, parfois lamentablement, mais qu'importe, son équipe fût et restera toujours une équipe médiocre, et ce n'est pas un petit guard d'à peine un mètre quatre-vingts qui aurait pu y changer quoi que ce soit.
D'accord, les Bulldogs de Citadel n'ont jamais été spécialement fameux, ils n'ont jamais impressionné personne et n'ont pas laissé la moindre trace dans l'histoire du basket universitaire mais ce fut sans importance pour
Pat Conroy qui, grâce à l'amour de son sport, a vécu ce qu'il n'aura pas de mal à reconnaître comme les plus chouettes années de sa jeune vie. Enfin loin de son père maltraitant (même s'il ne s'en débarrasse jamais vraiment, l'occasion étant trop belle pour le paternel d'aller voir jouer son rejeton de temps à autre pour pouvoir mieux le descendre et l'humilier par la suite), le jeune garçon timide et renfermé commence à s'ouvrir au monde et aux autres, des bouts de la carapace qu'il a mis si longtemps à se tricoter tombent un peu et l'écrivain génial qu'il deviendra par la suite pointe enfin le bout de son nez.
Alors, qu'il ne fut pas un grand joueur et que son équipe n'était pas la dream team, qu'importe, le basket a fait naître
Pat Conroy (quelques professeurs de littérature anglaise y ont aussi mis leur petit grain de sel), il l'a rendu heureux et combatif. Qu'est-ce qu'on peut demander de plus à un sport ? Peut-être qu'il eut permis à ce merveilleux écrivain de vivre plus longtemps ? Ça oui, ça aurait été bien. Mais quoiqu'il en soit, si je pouvais, moi, le basket, je l'épouserais, juste parce qu'il nous a donné
Pat Conroy.
C'était le dernier livre de ce grand Monsieur qui me restait à lire, voilà, c'est fait, alors à moins que des inédits sortent comme par magie d'un tiroir éditorialiste, il n'y aura plus jamais de nouveau titre. *tristesse tristesse tristesse*