L'incroyable histoire du Canard enchaîné

L'histoire d'un volatile...

Un volatile qui n'a pas froid aux yeux, ni aux pattes. Un volatile qui n'a peur de rien ni personne. Sans publicité, pacifiste invétéré, anticlérical de nature, dont la seule mission est d' « informer, amuser, dénoncer » (p. 16). Nécessaire aujourd'hui , et pour longtemps encore...

Lu en décembre 2017.

Né en 1915, alors que la guerre fait rage, le Canard Enchaîné est avant tout destiné aux Poilus qui se font dégommer dans les tranchées pour les mauvaises raisons et à qui l'on ment. Après une première parution qui ne dépasse pas le numéro cinq, l'hebdomadaire reprend son rôle d'informateur bridé par Anastasie (la censure) qui sévit, coupe et blanchit le journal. Mais Maurice Maréchal, le fondateur, ses journalistes et leurs successeurs sont plus malins, et en dépit des périodes difficiles et des crises, le Canard remplit depuis un siècle sa mission d'information et de dénonciation des scandales politiques et autres magouilles avec humour et panache.

Dans cet album, tour à tour, émouvant, étonnant, désopilant, on découvre ou redécouvre les nombreuses affaires qui ont vu le jour grâce au journal. Des coups de bec, puissants et quelquefois dévastateurs, que donne, depuis la Grande Guerre jusqu'aux attentats de 2015, un petit canard insolent dans « le ventre replet des industriels et banquiers, des pousse-au-crime, des va-t'en guerre et autres ganaches de tout poil ». Une lecture, à mon avis, indispensable.

Nom d'un Canard, quel somptueux album vermillon cartonné !

Pour le prix fort raisonnable [22,90 €] d'un Beigbeder "nouveau" (oxymore) ou d'un Houellebecq quelconque (pléonasme) - et pan sur les becs ! - , vous vous verrez ici dotés (et même enrichis à jamais) de 240 pages grand format relatant 105 années d'histoire proche amoureusement dessinées par Pascal MAGNAT, superbement colorées par Marie GALOPIN, Patrice LARCENET & Christian LEROLLE : une manière d'Odyssée au quotidien de notre Hebdo favori, habilement scénarisé par Didier CONVARD - qui fut conseillé par les recherches archivesques pointues d'Anaïs PARIS...

Tout commence par la "foi" sans failles du couple Maurice & Jeanne MARECHAL, les fondateurs... qui sans un traître sou, voulurent faire entendre une voix critique en 1915, parmi le délire d'imbécillités "patriotardes" et militaristes. C'est qu'il fallait "tenir" psychologiquement dans cette atmosphère d'intimidation totale, provenant d'embusqués de la Haute Politique qui envoyaient alors - sans états d'âme particuliers - les jeunes générations au Casse-Pipe des tranchées...

Maurice venait d'être réformé pour problème cardiaque et décida de s'entretenir - dans un café, autour d'un ballon de Juliénas - avec Henri-Paul GASSIER, dessinateur du quotidien L'Humanité" (fondé par le socialiste Jean Jaurès) et autre réformé pour myopie avancée...

Tous deux auraient pu se fiche comme d'une guigne du sort d'autrui : mais voilà, ils étaient "de gauche", oui, de cette bonne vieille gauche "Droits-de-l'Hommiste" (comme dit la Doxa des fachos d'hier et de toujours - zemmourienne de "CNews" ou d'ailleurs... ).

Devoir toujours débusquer et dénoncer l'immense attrait du pognon, de la bêtise, de la violence, de la religiosité de façade... de tous ces sinistres conditionnements humains fabriqués pour plaire !

Et croire toujours en l'humain généreux : eh oui, pourquoi pas ? Vive la Liberté de jugeotte... qui parfois nous manque tant et tant ! C'est que "Le Volatile" (malicieusement dessiné, diversement habillé et fil conducteur de l'ouvrage) n'a, lui, jamais eu froid aux plumes ! Même "MonGénéral" dont nous suivrons le Règne, La Cour, la Royale mort puis la Régence aux gros sourcils, ne lui résistera pas...

Alors mille fois Merci à vous, Maurice et Jeanne MARECHAL : ce livre fait revivre dans ses cinquante premières pages votre magnifique - toujours si émouvant et noble - combat !

Comme on aime ce livre au plus haut point : précis, dense et magnifiquement réalisé, et dont la toute "nouvelle édition augmentée" (des années 2015 à 2010) s'avère une mine d'or d'événements hautement signifiants...

Oui, c'est tout à fait cela, le "Canard" : "PLUS D'UN SIECLE D'HUMOUR ET DE LIBERTE", comme le dit la pastille de la superbe illustration de couverture.

Presse d'opinion et investigation absolument irremplaçable, vendue chaque mercredi 1,20 €... Mais quel boulot, quel altruisme, quel sacerdoce là-derrière... Chapeau, le Canard !!!

Lien : http://www.dourvach.canalblo..

Si la première version du journal le canard enchainé est parue le 10 septembre 1915, son fondateur Maurice Maréchal l'avait sabordé au bout de cinq numéros, en raison de la censure et de faibles moyens. et c'est bien en 1916 que le Canard reprenait son envol avec une nouvelle formule, la seule, l'unique

Donc on peut dire que c'est l'année 2016 qui voit les 100 ans du plus célèbre des volatiles de la presse écrite a cent ans.

Les auteurs Didier Convard et Philippe Magnat retracent ses aventures en BD dans L'incroyable histoire du Canard enchaîné.,Dans la formidable collection BD des arenes qui révisent petite et grande histoire - on se souvient de leur épatante et récente histoire de la sexualité- Les Arènes BD publie un passionnant ouvrage à destination des lecteurs du journal satirique: L'incroyable histoire du Canard enchaîné, idéal pour comprendre 100 ans de vie politique française en BD.

Anticlérical, antimilitariste, le Canard enchainé a vu se succéder quelques journalistes au style féroce et quelques dessinateurs qui ont marqué leur époque et on traverse ainsi toute l'histoire du 20ème siècle, de la première guerre mondiale à l'affaire Stavisky en passant par l'arrivée de De Gaulle au pouvoir ou mai 68..

Un ouvrage dense et passionnant, remplie d'anecdotes réjouissantes et de saillies verbales qui le sont tout autant qui n'ont cessé d'étriller le bien pensant de l'opinion publique, lutte contre les corruptions et les promesses non tenues des politiciens de tous bords.

Une histoire du volatile racontée par un canard, inspirée de celui qu'on voit sur la première page du journal à la fois sérieux et léger et une ode à la liberté d'expression qui fait du bien en ces temps où celle-ci semble prendre du plomb....dans l'aile!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

"Le canard enchaîné", ce n'est pas trop ma tasse de thé, la BD non plus, mais j'ai quand même profité de ce confinement pour me lancer dans cette "incroyable histoire du Canard enchaîné". Et ça tombe drôlement bien, parce que j'ai appris plein de choses !
À commencer par la création du journal pendant la grande guerre, avec cette équipe de passionnés qui osait traquer les scandales. Et c'est qu'il y en a, des scandales, dans les 100 ans du Canard ! Certains qu'on avait oubliés, d'autres inoubliables, mais qui relatent tous une certaine idée du pouvoir, et qui font malgré les années souffler un sentiment de révolte et d'injustice. Alors longue vie au Canard, et tremblez nantis de toute sorte !

Une rétrospective du célèbre journal, ses débuts, ses difficultés, ses gros coups et belles affaires. le tout raconté par l'emblème du journal, le petit canard blanc sous forme de bande dessinée. Je n'ai pas trop aimé le style du dessin avec comme fil conducteur, le volatile omniprésent, j'ai préféré les fiches finales regroupant les beaux scoop, cela m'a remémoré quelques "affaires", j'avais ainsi oublié par exemple que STRAUSS KHAN avait déjà du démissionner d'un poste de ministre dans l'affaire de la MNEF....

L'épisode n'est pas relaté dans cette formidable rétrospective: la dernière fois que les Français ont manifesté contre la corruption en politique, c'était en 1971. Depuis, ils manifestent... une étrange et inquiétante indifférence. Pire encore, dans cette monarchie élective qui depuis 1958 foule aux pieds les principes d'équilibre et de séparation des pouvoirs énoncés par Montesquieu, ils élisent et réélisent des individus mis tant de fois en examen qu'on peine à suivre. Non seulement ils les élisent, mais ils leur dressent des statues, ils donnent leur nom à des musées, des rues, des places... Comment ne pas avoir envie de brocarder ces dérives, cette complaisance? Le Canard Enchaîné s'en donne à coeur joie avec toute la vigueur d'une satire qui fait mouche à chaque fois. Les cent ans du Canard -cent un si on veut être rigoureux - sont ainsi le reflet d'un siècle d'histoire politique peu glorieuse de notre pays.
C'est drôle, c'est percutant, c'est vif, j'en redemande! Je souhaite encore de très nombreuses années de vie au Canard alors que le reste du monde médiatique tombe toujours un peu plus dans le cirage de pompes et le bourrage de crâne (pour ne pas dire lavage de cerveau), propriété de quelques milliardaires à l'agenda politique peu enclin à la tolérance pour la satire et la dénonciation des bassesses de tout genre. Par exemple, pour conclure: essayez de trouver sur internet la liste des mises en examen du dénommé Jacques Chirac. Vous ne trouverez rien, même l'intelligence artificielle fait chou blanc.