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Citations sur Michelangelo et le banquet des damnés (23)

Le Baptiste, agenouillé à ses pieds, les mains liées dans le dos, avait posé sa joue droite sur le billot et regardait son tortionnaire en souriant. Il attendait sans peur, exprimant même une sereine passivité
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Le bourreau, avec une longue inspiration, éleva sa lourde hache très haut, tous les muscles tendus. Son geste se figea un instant. Le temps sembla s’arrêter.
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Ses petits seins s’étaient rapidement mouillés de sueur, ses cheveux noirs s’étaient délacés et lui brouillaient le visage à chaque pas, à chaque envolée. Car elle décollait du sol tel un oiseau gracile, mais indécis. Elle prenait son essor à gauche, puis à droite… Bras tournoyant dans l’espace parfumé des épices du repas et de la cire des bougies. Mains tendues vers les figures cocasses dessinées sur le plafond. Doigts aux ongles vernis de rouge cherchant à attraper ces chimères. Lèvres moulées en un long baiser. Et sautant toujours, allongeant son corps, se cambrant, ondulant, s’effondrant, se redressant en une flamme renaissante que le son aigu des fifres ensorcelait à nouveau…
Les mailloches frappaient maintenant les timbales en un rythme syncopé et hypnotique. Enfin, de sourds tambours accusaient la cadence par leurs pesantes pulsations.
Un cœur énorme battait dans la salle. Les convives enivrés se mirent alors à scander le nom de Salomé en un caverneux orphéon.
Quelques vomissements, le malaise d’une femme, les piaillements d’un adolescent qui ne put contenir sa jouissance dans la main aguicheuse de sa voisine…
Salomé dansait.
L’écume rose et bleue l’habillait et la dénudait. Sa peau ruisselait et luisait ; la jeune fille était un marbre en mouvement.
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Prologue

L’Infâme Visage

Dans la chapelle de Sixte…
Un jour, un avocaillon vaniteux et sot, maître Dino Falso, qui n’appréciait ni la peinture ni la sculpture de Michelangelo Buonarroti, s’improvisa critique pour lui dire :
– Décidément, pour offrir tant de chair nue à la vue de tous, tant de corps s’étreignant, tant de sexes impudiques, il ne peut se dissimuler qu’un être nauséabond derrière votre infâme visage !
Michelangelo toisa cet insipide personnage qui se croyait grand parce qu’il aboyait, et lui répliqua en souriant :
– Pédant ! Vous serez pourriture rongée par les vers quand moi, dans des siècles, je serai encore bien vivant, car mon art, au contraire de vos paroles qui s’envolent en puant comme des pets rancis, apportera toujours le bonheur à ceux qui sont émus par le beau, l’intelligence et l’harmonie.
Puis Michelangelo botta avec joie l’arrière-train du plaideur et éclata d’un rire jubilatoire en lui lançant :
– Eh bien, maintenant, faites-moi un procès ; je clamerai dans le prétoire et par les rues tout le mal que je pense de vous ! Je tirerai grand avantage à vous railler.
Maître Dino Falso, qui n’avait de maître que le titre, s’en retourna étouffer sa hargne dans la médiocrité de sa vaine existence pour trépasser dans l’anonymat qu’il méritait.
Et Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni devint immortel.
L’Art triomphe toujours de l’injustice et de la stupidité.

(Un chroniqueur anonyme)
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Deux hommes intelligents ne peuvent se fâcher... Ils s'évitent avant que ne se surgisse un désaccord.
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Nous n'avons plus un magistrat comme supérieur mais un chien truffier!
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chaque fois que Michelangelo me hait, il se surpasse! il prend à cœur de me prouver sa valeur, son génie, sa puissance. Son irritation à mon égard sublime sa création.
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pédant! vous serez pourriture rongée par les vers quand moi, dans des siècles, je serais encore bien vivant, car mon art, au contraire de vos paroles qui s'envolent en puant comme des pets rancis, apportera toujours le bonheur à ceux qui sont émus par le beau, l'intelligence et l'harmonie.
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Eliezer fit deux pas dans la cellule et s’accroupit au-dessus de la tête du Baptiste. Il dit :

– Habituellement, les décapités offrent une tout autre physionomie, gamin ! Ils présentent un masque crispé, chiffonné par la peur et la douleur, les yeux leur sortant des orbites pour les uns, froncés et rentrés dans leurs cavités pour les autres. Mais leur bouche… Tous ont la même. Ouverte en grand ! Une béance noire emplie d’épouvante, de terreur et d’ignominie ! Un soupirail donnant sur l’enfer ! Tous portent ce masque hideux et livide quand leur tête a cessé de rebondir autour du billot. Tu peux me croire ; j’ai assisté à bon nombre d’exécutions !

Le bourreau examina sa lame ; il y vit le reflet de son visage osseux et fut satisfait. Son arme était propre. Il la remballa dans son fourreau de cuir qu’il laça soigneusement pour la charger sur son épaule.
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– Je ne le nie pas, concéda Eliezer. Je suis venu lui parler derrière ses barreaux à trois reprises, lors de mes gardes. Sa voix était douce et chaude ; on aurait cru celle d’une femme. Il évoquait Dieu et me parlait d’un monde de beauté et de félicité où les âmes justes et bonnes sont accueillies dans une lumière éternelle…

– Ce n’était rien d’autre que l’un de ces prophètes fous errant sur les chemins en lançant des anathèmes et en quémandant leur pitance à la populace ! Un vulgaire mendiant se faisant passer pour un devin ! Et voilà où cela a conduit ce nabi ; dans ce cachot puant l’urine, la gueule séparée du corps…

– Oui, mais observe attentivement son visage.

– Eh bien ?

– Il n’a pas souffert ! Vois comme ses lèvres sont à peine ouvertes. Remarque ses yeux qui nous regardent encore !

– N’est-ce pas toujours ainsi ? s’étonna Rotèm. Le coup est frappé si promptement que la victime n’a pas le temps de s’en rendre compte.

Le bourreau cessa de torchonner le fer de sa hache et jeta un coup d’œil en direction d’Eliezer.

– Explique-lui, lança-t-il.
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